Dans la Pologne des années 60, Anna, jeune novice est sur le point de prononcer ses vœux. C’est une orpheline qui a été recueillie et élevée par les religieuses et n’est jamais sortie de ce couvent glacé au fin fond de la campagne Polonaise. La mère supérieure lui conseille vivement de partir à la recherche d’une tante qu’elle ne connait pas. Elle va prendre contact avec elle et ce monde extérieur qui lui est totalement étranger. La jeune novice apprendra qu’elle n’est pas chrétienne, mais juive, qu’en réalité elle s’appelle Ida et de plus, elle découvrira l’existence d’un très lourd secret qui constitue le fond de son histoire.
Filmé en noir et blanc, dans une atmosphère cotonneuse à souhait, il n’en fallait pas plus pour nous restituer la pesante ambiance Stalinienne de ces années là. De nombreux plans de nuit, la neige, l’attitude peu loquace de la novice et la rencontre embarrassée avec la tante achèvent la lourdeur de ce tableau.
Ida découvre dans la pénombre une femme portée sur la cigarette et l’alcool, dépenaillée après une nuit agitée avec un homme en train de se rhabiller. Wanda, puisque tel est son nom, est la tante qui a toujours refusé de rencontrer cette nièce qui lui rappelle ce que, de toute façon, elle n’oublie pas et qu’elle doit lui révéler. La froide détermination de la novice avide de savoir, et la tante désabusée, entraîneront les deux femmes sur les traces de la sinistre vérité. La scène après la découverte vaut son pesant d’or. Les divers contacts pour aboutir, seront facilités par l’énergie de Wanda car derrière cette alcoolique, se cache celle qui était surnommée « Wanda la rouge ». Elle est en réalité de ces gentils procureurs qui vous envoyaient « les ennemis du peuple » à la potence aussi vite qu’elle descendait son verre de vodka. Ce n’est pas la rencontre avec le beau saxophoniste qui donnera la réponse aux questions d’Ida, pas plus qu’elle n’entamera sa détermination.
C’est à coup sûr le film du mois à ne pas manquer.
Edmond Lanfranchi