Deuxième rendez-vous avec Rika Deryckere, l’artiste flamande poursuit son exploration de l’être humain, de l’énergie et des flux qui le traversent. Cette fois, elle délaisse la peinture et la couleur pour le dessin et la gravure et réussit à transmettre à ses personnages toujours autant de force et de dynamisme.
Qu’est-ce qui vous a déterminé à centrer votre travail sur la représentation du corps en mouvement de sportifs ou des danseurs ?
Entre les années 1970 et 1991, j’ai fréquenté des ateliers et des écoles des Beaux Arts en Belgique, en Espagne (Madrid), aux Pays-Bas et à Chypre. Mais pas uniquement les arts plastiques comme la sculpture, non, la danse aussi et le théâtre. Etre ainsi pluridisciplinaire, c’est ce qui, je crois, donne aujourd’hui leur spécificité à mes œuvres. Des œuvres où j’expérimente une forte expressivité corporelle et dans lesquelles les émotions sont une force dont je me sers.
Votre leitmotiv, c’est la figure humaine, l’homme conscient de sa propre existence…
L’homme confronté à lui-même et à ce qui l’entoure aujourd’hui. Je me suis toujours intéressée à l’expression des corps. Je trouve le motif sur le vif, dans la nature, le travail des danseurs contemporains, mais aussi à partir de modèles et de la photographie. Je me penche sur un sujet parfois singulier comme les hommes des tourbières de l’âge de fer, en gravure, étrangement attirée par leur histoire.
À l’origine des impressions
Une exposition de Rika Deryckere
Prix spécial du Maire
de la Biennale de l’Estampe 2011
Musée de Saint-Maur-des-Fossés-Villa Médicis
Musique : « Cello Concerto in E Minor, Op. 85: IV. Allegro » de Lynn Harrell, Cleveland Orchestra & Lorin Maazel »
Vous avez bourlingué dans de nombreux pays du monde, vous êtes installée depuis 20 ans maintenant dans nos paisibles Cévennes, comment vivez-vous ce changement ?
J’aime le terme « bourlingué » et son côté ludique. Je suis venue vivre ici dans les Cévennes grâce à mon frère Johan Deryckere qui s’était installé dans une petite ferme à la fin des années 70. Les Cévennes attirent depuis longtemps un grand nombre de rêveurs. Et moi, je ne suis qu’une rêveuse parmi tant d’autres.
Mais les Cévennes ne sont pas si « paisibles » que vous le pensez ! Ni dans le temps présent, encore moins par le passé. C’est sûrement leur inépuisable histoire qui continue de me passionner. Quoi de mieux pour nourrir l’esprit d’une artiste.
Photos © Peter Poplaski, artiste, auteur illustrateur, USA
L’expo « techniques confondues en dessins et gravures de Rika Deryckere » se tient jusqu’au 28 février à l’Espace Jean Jaurès.