Parmi les manades les plus anciennes et les plus prestigieuses de Camargue, la manade Raynaud occupe une place de choix.
Depuis 1904, date du rachat de l’élevage Papinaud par l’arrière-arrière-grand-père de Frédéric, Mathieu Raynaud, la manade a connu des heures de gloire, des moments difficiles, des joies et des épreuves. Elle a surmonté les aléas climatiques, fait face à bien des obstacles. Mais ses « pelots » ont toujours tenu le cap, sachant qu’à l’image du Rhône, la vie de ce côté-ci du delta n’est pas un long fleuve tranquille.
Aux côtés de son père, Marcel, et de son oncle, Jean, hommes de métier et de passion, Frédéric Raynaud préside aujourd’hui aux destinées de la manade.
Invité du dernier café-débat de Radio-Système, en direct du bar des Halles, il a apporté son témoignage au micro de Dominique Peyre sur le travail rude, exigeant, d’éleveur de taureaux de Camargue.
Un petit incident technique n’a pas permis la retransmission de l’émission en podcast. Dommage, car les échanges avec Annelyse Chevalier et Emile Grande, qui ont retracé la saga des Raynaud et abordé la remontée du niveau marin avec les conséquences sur les pâturages du Grand Radeau, furent fort intéressants.
Enfin, on ne pouvait évoquer la manade Raynaud sans parler de son cocardier vedette, Ratis. Le Bioù d’Or 2013 occupa une place centrale dans le débat. Frédéric annonça que le taureau, pas encore rétabli de sa blessure au museau, ne pourrait pas à son grand regret courir à Vauvert le jeudi de l’Ascension. Hadrien Poujol, qui fut un des premiers à le raseter, livra quelques anecdotes et compléta le propos élogieux sur Ratis.
« C’est un taureau qui présente une belle morphologie, qui transmet de l’émotion. Un taureau aimé du public. La première fois que je l’ai raseté au Trophée des As, à Lunel en 2012, il s’est créé une sorte d’alchimie entre nous, quelque chose de magique. Ratis a réalisé une course extraordinaire. C’est un taureau qui vient mieux à gauche qu’à droite. L’année suivante, en cinq ou six courses, nous avons réussi à former un duo spectaculaire. Je me régalais de le raseter. De le sentir pousser derrière chaque fois, je me prenais au jeu et le public appréciait. En 2013, cette forme de complicité, d’osmose, lui a fait gagner le Bioù d’Or et m’a sauvé ma saison ».
Pour la petite histoire, Frédéric Raynaud rappela qu’Hadrien avait raseté Ratis la première fois en 2010, de façon fortuite à Aimargues lors de la fête votive.
« Ce jour-là, il pleuvait. Presque toutes les courses avaient été annulées. Nous l’avions mis en taureau jeune à la 7ème place. Ratis n’avait que 5 ans. Après l’entracte, un raseteur blessé, deux raseteurs blessés, le public aimarguois s’interroge : Il n’y a plus de raseteurs, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Hadrien qui assistait à la course en simple spectateur, sollicité par ses amis, enfile la tenue blanche à l’avant-dernier taureau. Il lui fait deux rasets. Puis, il attaque Ratis. Ils nous ont fait vivre, tous les deux, un quart d’heure d’anthologie ».
Le prochain café-débat aura lieu mercredi 27 mai à 19h00. Le thème : Coutumes et traditions Camarguaises. Les invités : Guy Chaptal, capitaine de la Nacioun Gardiano, Majoral du Felibrige, et Pierre Aubanel, manadier, petit fils du Marquis de Baroncelli.