L’appartement lumineux et coloré qui s’ouvre sur le paysage apaisant des marais contraste avec les lieux minuscules et sans âme dans lesquels s’isolent ses personnages imaginaires.
C’est pourtant depuis la résidence d’auteurs de La Laune, au cœur de la Petite Camargue, qu’Agathe Parmentier a commencé l’écriture de sa deuxième fiction qui narre la vie d’une idole japonaise renfermée dans son univers virtuel.
Après la parution en novembre 2013, sous le pseudonyme d’Ismène de Beauvoir, d’un recueil de chroniques Contre-culture confiture qui dressait le portrait d’une enfant de la génération Y, elle continue à égrener les sensations, les impressions que lui inspire son voyage au Japon, la vie quotidienne et son expérience humaine dans la capitale nippone. Commencé sous forme de blog, son récit Pourquoi Tokyo ? est édité Au Diable Vauvert et présenté au Salon du livre de Paris du 17 au 20 mars.
Agathe Parmentier, est née en 1984 à Perpignan où elle a vécu sa jeunesse et fait ses études (bac littéraire et droit). A 22 ans, elle termine son cursus universitaire à Paris (Masters de droit et de science politique). Elle trouve un premier emploi comme attachée de presse dans une entreprise et s’attelle à la rédaction de communiqués et de textes promotionnels. Pas vraiment un job dans lequel elle s’éclate. Paradoxalement, cette activité va aiguiser son envie d’écrire sur des sujets plus personnels.
J’ai commencé à écrire lorsque j’étais attachée de presse. Je ressentais une grande frustration de devoir écrire sur des sujets qui ne m’intéressaient pas et de rédiger des articles qui ne satisfaisaient jamais mes supérieurs. Heureusement, à la même période j’ai rejoint les rangs de la rédaction du magazine culturel Gonzaï. Là, je pouvais parler de tout un tas de sujets de façon très subjective.
J’habitais à Ménilmontant, le plus beau quartier de Paris. Ça me plaisait. Jusqu’au moment où j’ai voulu voir ailleurs. J’en avais un peu marre de mon travail… je suis partie en Australie avec mon copain de l’époque. Ça s’est fait sur un coup de tête. Pourquoi en Australie ? Parce que mon copain avait son meilleur ami là-bas. Au départ, ça ne m’attirait pas particulièrement. Et puis, finalement, la découverte de ce pays gigantesque au riche métissage culturel m’a emballée. J’ai vécu un an à Melbourne.
J’ai ressenti la même chose lors de mon premier séjour au Japon. Une étrange sensation en arrivant à Tokyo. Une atmosphère, un mode de vie. Je trouvais ça chouette mais je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Du coup, je me suis dis : il faut que tu reviennes.
Six mois après, je suis retourné au pays du soleil levant puis j’ai commencé à écrire sur le Japon. Le Japon a été ma plus belle source d’inspiration.
Comme je souhaitais rédiger mes articles en toute liberté, traiter les sujets qui me plaisaient, comme j’en avais envie, j’ai décidé de créer un blog : Pourquoi Tokyo ? Pourquoi pas. Un carnet de voyage qui vient d’être édité au Diable Vauvert.
Je me suis ensuite lancée dans l’écriture d’une fiction qui se passe également au Japon mais aussi à Paris et en Australie. Elle est terminée et devrait être publiée en 2017. Et j’entame ici, en résidence, ma deuxième fiction. Ça traite de la vie d’une idole japonaise. Une jeune chanteuse qui est censée ne pas avoir de vie privée. Cette fille va finir par devenir hikikomori (un terme japonais qui signifie « le repli sur soi »). C’est-à-dire qu’elle va choisir de vivre cloîtrée dans sa chambre, créer son propre univers et ne plus jamais sortir.
Pas tout à fait le choix que vous avez fait en venant ici. Alors, justement, comment se passe votre séjour en résidence ?
J’adore. Les paysages sont magnifiques. Dans l’appartement coquet et chaleureux, je trouve tout ce dont j’ai besoin. Vraiment, c’est parfait. Et puis tout le monde est très gentil et aux petits soins. Des conditions de travail idéales.
Décrivez-nous une journée ordinaire à La Laune.
Je me lève généralement vers 7/8 heures. Petit-déjeuner. Je lis un peu. Je prends une douche. J’écris. Je prépare mon repas. Très basique. Je mange surtout des légumes et je bois du vin rouge… de Gallician, bien sûr. Peggy me l’a recommandé. Du coup, je suis fan.
L’après-midi, je me balade le long de la voie verte ou dans les champs. Je vais jusqu’au pont des Tourradons ou de l’autre côté jusqu’à Gallician. J’essaie d’écrire 5 heures par jour étalées sur la journée.
Comment écrivez-vous ?
J’écris sur des feuilles de brouillon et souvent sur mon téléphone. Ça, c’est la grande nouveauté. Au Japon, j’écris n’importe où et du coup, j’ai pris l’habitude d’écrire avec mon téléphone. Finalement, je m’y suis habituée. J’édite à la main aussi. En fait, j’imprime des pages que je modifie à la main. Parce que, c’est plus simple à lire. Quant à l’ordinateur, je m’en sers surtout pour faire des recherches.
Ma principale difficulté ? Comme je suis une dispersée, je me force parfois à la concentration. Sans me mettre trop la pression, toutefois. L’important, c’est de respecter l’objectif des 5 heures par jour.
Vers quel style d’écriture ou quel genre littéraire aimeriez-vous évoluer ?
J’aimerais faire comme Karl Ove Knausgård. C’est un auteur norvégien qui a écrit sa biographie sous forme de roman.
Son récit est très minutieux, plein de détails qui participent à créer une ambiance dense de laquelle on n’a pas envie de s’extraire, c’est aussi agréable à lire que si c’était du roman, le genre de romans qu’on regrette de terminer. C’est à la fois réaliste et bien écrit. Son écriture ne plait pas à tout le monde mais moi j’aime beaucoup. Oui, j’aimerais bien pouvoir écrire comme lui.