Pour cette grande première du Prix de la Nouvelle Érotique, les Avocats du Diable et leur très inspiré président, Jacques-Olivier Liby, ont joué à fond la carte de l’originalité et de l’inédit.
Les règles du concours littéraire – rédiger une nouvelle en langue française dans un temps restreint de huit heures tout en respectant la double contrainte du contexte et du mot final dévoilés juste avant le top départ de l’exercice – constituaient déjà en soi une performance aussi singulière que diabolique. Mais proposer, via le WEB et les réseaux sociaux, aux auteurs, aux lecteurs, à tout un chacun de vivre en direct les choix, les impressions, les discussions du jury, voilà une expérience originale.
Ainsi, samedi 26 mars à 23h50, c’est par la transmission numérique d’un film de 20 minutes réalisé par Clémence Demesne que nous avons pu nous plonger au cœur des délibérations du jury et connaître le titre de la nouvelle lauréate du premier Prix de la Nouvelle Érotique, ainsi que l’identité de son auteur.
Isabelle Cousteil, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est historienne d’art, elle exerce depuis plus de vingt ans comme ingénieur culturel, conceptrice de projets muséographiques, d’aménagements de sites et monuments, et comme scénariste-productrice d’évènements culturels.
Montmartroise de naissance, elle vit aujourd’hui à Arles.
Ancienne directrice de la communication et des relations internationales du Groupe Havas, elle est aujourd’hui, à travers sa structure indépendante, très impliquée dans l’ingénierie et la communication culturelles, et accorde une place prépondérante à l’écriture sous toutes ses formes : littérature, reportage, scénario, théâtre…
Elle est également chargée de conférences dans différentes écoles et universités (Paris-Sorbonne, Université de Bruxelles, École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art).
Isabelle Cousteil a remporté de nombreux prix (Fondation de France, Fondation Jacques Douce, Trophée Euromanager, Prix Unesco-Admical…)
Nous étions 242, cette inoubliable nuit d’automne, derrière nos écrans, sur nos pages blanches. Nous découvrions, à 23h50, les « contraintes » posées par Les Avocats du Diable pour cette nouvelle érotique que nous devions écrire en une nuit exactement. Au petit matin, un clic, et le destin de nos mots serait presque scellé.
« Jamais sans toi, peut-être avec un autre », était le thème à traiter.
« Ancre » était le mot de la fin imposé. L’huissier avait tiré au sort.
Durant une demi-heure, j’ai pensé au lit chaud qui m’attendait.
Mais le curseur clignotait dans le silence de la maison endormie.
Et le petit miracle, ou le mystère, ou les deux s’étaient invités. L’envie de jouer. Jouer avec la contrainte, jouer avec le temps, vérifier jusqu’où le goût des mots pouvait conduire.
Je me suis retrouvée assise devant mon clavier. Le sommeil du chat, apaisant, animé de rêves chasseurs, la vie nocturne de la nature qui perce le noir des fenêtres, le murmure des murs. Fébrilité, excitation, téléportation. Après, je ne sais plus très bien. Des visions, des flashes, une solitude absolue peuplée d’images, de décors, de silhouettes, de sensations.
…
(Extraits de Gouttes de plume, le blog d’Isabelle Cousteil)
242 auteurs en compétition (sur 338 inscrits) le choix fut délicat, pour ne pas dire cornélien. Laissons à Jacques-Olivier Liby le soin de rendre compte de ces moments mémorables qui ont marqué la première édition du Prix de la Nouvelle Érotique.
Le dîner des délibérations a eu lieu vendredi 18 mars, dans un salon privé de la célèbre brasserie “Au Petit Riche”, à Paris.
Pour mémoire, le jury permanent du PNE est composé de :
Coprésidents :
– Françoise REY, écrivain
– Jean-Pierre CHAMBON, psychanalyste
&
– Franck SPENGLER, fondateur des Éditions Blanche, directeur éditorial d’Hugo&Cie
– Julia PALOMBE, auteure, chanteuse, actrice, chorégraphe rock
– Nicolas REY, écrivain
– Marion MAZAURIC, directrice des éditions Au Diable Vauvert
– Pierre JACCAUD, metteur en scène, directeur artistique
– Quentin BENTZ, directeur général de LELO France
– Jacques-Olivier LIBY, fondateur du PNE, président des Avocats du Diable
Comme on pouvait s’y attendre avec un tel “casting”, les débats furent animés pour ne pas dire passionnés, car comme vous le devinez il est infiniment difficile de départager les 45 textes finalistes pour, au final, distinguer et élire la nouvelle lauréate.
Pour information, l’organisation du Prix s’est vu obligée d’éliminer dans la sélection des nouvelles finalistes un texte qui, “après enquête”, ne répondait pas aux conditions exigées par le règlement (nouvelle non-inédite ou adaptation d’un texte déjà édité…). C’est bien dommage, car la nouvelle dégageait une indéniable dimension érotique. Mais nous devons être intransigeants sur certains points, et le caractère inédit fait partie des conditions non négociables, ce que l‘auteur(e) de la nouvelle concernée a parfaitement compris et admis.
Quant au jury, au bout de quatre heures de discussions, il n’arrivait toujours pas à se déterminer. Il lui fallait pourtant effectuer un choix définitif entre les trois nouvelles qui restaient en lice et abordaient le troisième tour de scrutin dans un climat paroxystique. Partant du principe que chacun d’entre nous a sa propre définition de l’érotisme (de la plus soft à la plus revendiquée), il est d’ores et déjà certain que l’unanimité en terme d’adhésion relève… du pur fantasme.
Après avoir lu à haute voix l’intégralité de ces trois textes, le jury a enfin émis son verdict. Choix difficile, douloureux, mais également synonyme d’exaltation et de frisson(s) à l’idée de célébrer un texte qui répond à l’objectif que nous développons depuis plusieurs mois : renouer avec un authentique genre littéraire et faire de ce texte l’ambassadeur de cette ambition.