Le Grau du Roi
Dimanche 15 mai 2016
Un plein de plein, impossible de se trouver une place avant même le début de la course.
Pourtant, l’affiche n’était pas extraordinaire, mais il est vrai qu’il n’y avait pas de concurrence. Au risque de contrarier certains, on doit dire objectivement que la course a tenu ses promesses, à savoir : rien d’extraordinaire. Et encore, le peu qu’on a vu on le doit, et c’est assez rare pour le souligner, au travail des raseteurs. Ces derniers au nombre de huit : Rassir*, Favier*, Aliaga* et Errik à gauche, Cadenas, Katif*, Belgourari et Bouhargane à droite, plus cinq tourneurs, (les étoiles désignent les plus méritants), ont tiré tout ce qu’il était possible de ce lot de taureaux dont deux seuls méritaient d’être retenus à ce niveau : Biterrois et Optimus, et, ils ont déçu. Je donnerai plus de détails dans le compte rendu qui suit, mais l’ensemble a bénéficié, certes du travail des hommes, mais surtout de la bonne disposition du président qui fut très généreux avec le disque.
Au risque d’allonger ce compte rendu, je me dois un certain nombre de précisions.
D’abord sur la valeur qu’on accorde à la prestation d’un taureau. On peut avoir des avis différents et c’est normal, certains préférant le classique et d’autres le barricadier, ce qui explique que nous avons parfois l’impression de ne pas avoir vu la même course. Mais ce qui est plus grave, ce sont les comptes rendus que l’on lit, où l’esprit partisan (pour un taureau, un organisateur, un journal, un trophée…) influence les lecteurs absents de la course. Pour ce qui me concerne, un « bon » taureau est celui qui par son intelligence, son sens du combat (car n’oublions pas qu’il s’agit d’un combat et non d’un jeu…) rend le travail de ses adversaires difficile voire même très risqué, par son placement, ses anticipations, sa puissance, son jeu de cornes, mais aussi par ses finitions quand elles sont exécutées cornes en avant. Le coup de barrière en soit, à lui seul n’est pas une arme de qualité suffisante à imposer crainte et respect. Quand il intervient après au terme d’une belle action, c’est la cerise sur le gâteau. De ce point de vue, hier, si on a eu beaucoup de coups de barrière, ce n’était que des coups de barrière pour des coups de barrière…Cependant rendons aux taureaux les qualités qui sont les leurs, quand un cocardier fracasse les planches, ce n’est pas rien, il faut de la méchanceté, de l’abnégation pour recommencer car ça doit faire mal, mais ça ne suffit pas à mon sens pour faire de lui ce l’on doit attendre pour la course camarguaise. Cette tendance à ne promouvoir que les barricadiers est dangereuse au moins dans le sens où l’on impose aux manadiers une sélection allant dans ce sens au détriment du « classique ». Mais un barricadier ayant une carrière très courte, le taureau perd la place centrale qu’il doit occuper. « Avant », un « grand cocardier » faisait la « une » des affiches pendant dix ans et il se créait un véritable engouement, parfois même des légendes. Aujourd’hui, un barricadier fait parler de lui deux ou trois ans et tombe dans l’oubli. Les français on besoins d’idoles, c’est comme ça dans tous les domaines. Et donc, aujourd’hui, les idoles ce sont les raseteurs, on a inversé les valeurs.
Voilà ce qu’il me semblait nécessaire de préciser car , vous l’avez compris, je vais vous donner un compte rendu certainement TRES différent de ce que vous pouvez lire ou entendre par ailleurs. Tous les avis sont acceptables, quand ils sont de bonne foi.., mais attention aux valeurs de la course camarguaise. Elle n’existe pas pour faire venir les touristes car elle est l’expression de notre identité culturelle, la dévier pour faire un spectacle plus rentable c’est la dénaturer, la « prostituer ». Si pour survivre elle doit en arriver là, c’est que nous avons perdu notre « âme » de camarguais et nous allons finir dans l’uniformité des cultures. Je ne m’y résoudrai pas.
Laos (Cyr)
Un premier pas très coopératif. S’il ne lâche pas la planche, il ne réagit pas non plus beaucoup. Il garde l’unique ficelle qu’il avait à défendre et bénéficie d’un Carmen très, très généreux.
Bayle (Vinuesa)
Un peu plus impliqué, il y aura beaucoup de sélection pour ne pas dire de refus. Tout de même, de bonnes réactions qu’il même au bout avec finitions. Rien de transcendant mais il est mieux que lors de ses dernières sorties et garde une ficelle.
Chico (Lautier)
On le sent impliqué et comme il n’est pas dangereux, il va bénéficier d’un travail valorisant des hommes qui va lui permettre de se mettre en valeur. Il ne résiste que neuf minutes.
Biterrois (Rouquette)
On l’a vu bien plus rayonnant qu’aujourd’hui. Sa position souvent centrale en dit long sur son manque d’envie. Un jour sans pour lui, même si à dernière minutes de course (10ème), il enferme Cadenas sur une erreur de départ du raseteur.
Cupidon (Cavallini)
Certes, une bonne tenue, de bons déplacements, puissance (c’est un Taù), et si, il gratifie le public de quelques actions aux planches, ça ne va pas voler bien haut. Prestation mitigée de laquelle il conserve une ficelle.
Optimus (Beaumelles)
Début de course quelconque, mais c’est son habitude surtout dans cette arène qu’il n’affectionne pas particulièrement, mais il n’aura pas le temps de se « réveiller » car sur son premier coup de barrière il se blesse et doit réintégrer (8ème).
Ajax (Occitane)
Tout en restant barricadier, ce n’est plus le fracasseur de planches et il y gagne, car avec une belle tenue sa prestation est plus complète. Dix minutes, car en supplément, mais était temps, car épuisé.
Marengo (Vellas)
Il a perdu une corne antérieurement de par son comportement fantasque et brutal, et il a continué aujourd’hui à fracasser des planches. Certes, spectaculaire, mais rien à voir avec ce qu’on peut attendre d’une course de ce niveau.