Le Butor étoilé est un oiseau extrêmement difficile à voir. On le détecte à son cri qu’il lance au crépuscule ou à l’aube. Son chant ressemble au mugissement des taureaux avec lequel on peut le confondre.
Contrairement à d’autres oiseaux, le butor étoilé est plutôt bien perçu par les différents acteurs socio-économiques liés aux étangs. Peut-être doit-il ce statut particulier à son chant et à sa discrétion, qui lui confère un aspect mystérieux, source de diverses traditions orales et légendes.
Lorsque le Butor étoilé lance son appel d’outre-tombe, toutes les angoisses refoulées remontent en masse sur le marais : un chariot et ses bœufs auraient été avalés par la fange. La légende ne précise pas quand et elle confond même les étangs où le drame se joua. Depuis, on entend entre le crépuscule et l’aube ce mugissement, les deux notes d’une corne de brume : l’effroi des bœufs sombrant ou le chant du Butor, qui sait ?
Son allure est massive, on sent comme une puissance retenue dans ce corps plutôt courtaud. Le plumage de ce héron « paludicole » est cryptique et nuancé : rien, ou presque, ne permet de le distinguer du milieu dans lequel il se meut. Lorsqu’il détecte un danger, le Butor étoilé adopte une posture dressée parmi les roseaux. Son cou et sa tête son tendus et son bec est pointé vers le ciel. A ce moment-là, il se confond avec son environnement. Il reste dans cette position et s’incline avec les roseaux poussés par le vent. Il peut rester ainsi plusieurs heures, jusqu’à ce que le danger s’éloigne.
Jean-Pierre Trouillas