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A l’origine cet événement se pratiquait avec les proches et beaucoup d’amis et de voisins y étaient invités.

La ferrade est une tradition camarguaise qui consiste a marquer les anoubles pour les identifier. Pour se faire on appose la marque du propriétaire au fer rouge sur la cuisse. Ensuite on pratique une entaille ou une coupe partielle des oreilles, d’une manière unique pour chaque élevage. Cette dernière marque est appelé escoussure, ce qui veut dire échancrure, marque, signature en provençal.

A l’origine cet événement se pratiquait avec les proches et beaucoup d’amis et de voisins y étaient invités. C’était l’occasion pour les cavaliers et les piétons de montrer leur dextérité à attraper puis à immobiliser l’anouble. Un repas champêtre clôturait comme il se doit ce moment fort de la manade où se tissaient des liens entre les passionnés et se raccommodaient d’éventuelles distensions avec le voisinage.

De nos jours l’usage des clôtures est devenu systématique et les bêtes s’évadent beaucoup moins. La pose de boucles auriculaires imposées par l’Europe pour les contrôles vétérinaires rend moins impératif le marquage traditionnel. Quoi qu’il en soit le rituel de la ferrade est bien ancré dans nos traditions et ces sortes d’« armoiries » propres à chaque manade, reste un moyen plus poétique et plus festif d’identifier ses « petits ».

L'arrivée des codognanais

Ce samedi 24 juin le comité des fêtes de Codognan organisait sa traditionnelle ferrade en pays à la manade Blatière-Bessac. Dès 8h20, le car spécialement affrété pour amener les habitants de Codognan aux Iscles arrive. Une foule joyeuse, représentative de toutes les générations, en descend. D’autres arrivent en voitures particulières et viennent rejoindre le groupe qui s’est rassemblé à proximité du tracteur et du plateau qui lui a été attelé. Le signal du départ est donné et chacun prend place sur les ballots de paille qui ont été disposés sur la remorque. Il ne fait pas encore trop chaud et un petit vent marin tempère les premières velléités solaires.

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Le tracteur s’immobilise en bordure d’une vaste parcelle d’enganes avec un petit bosquet de tamaris en son centre. Les plus téméraires descendent du plateau et certains encore plus audacieux vont se percher sur les tamaris. Le décor est planté et la chevauchée des gardians, qui viennent se présenter au public, est le signal que les opérations sérieuses vont commencer. Les cavaliers repartent pour aller trier le premier anouble. Quelques minutes plus tard un nuage de poussière précédé d’une furie noire, retient l’attention de tous. On tente d’évaluer sa trajectoire. Le veau fatigué par sa course folle perd de la vitesse, c’est le moment de tenter de le stopper. Une première tentative de jeunes « attapaïres » a échoué et le veau revient vers le public. C’est alors que Fabrice surgit du groupe et se jette sur le fauve pour mettre un terme à sa fuite éperdue. Vite rejoins par Daniel et les autres, l’anouble est maintenant complètement immobilisé. Jacques s’approche alors pour officier. Il va habilement pratiquer une échancrure étroite à l’oreille droite du veau et couper l’extrémité de l’oreille gauche. L’animal est maintenant un Blatière-Bessac, identifiable dans le monde entier ou presque. Le veau est relâché aussitôt et va retrouver ses congénères sous l’œil attentif des gardians. La manade Blatière-Bessac à la particularité de ne pas avoir de « fer » et c’est pour cela qu’il n’y a pas de marquage au fer rouge aujourd’hui. Toutefois les anoubles seront marqués en privé de 3 ou 4 chiffres, le premier correspondant à l’année de naissance (7 pour 2017) et les deux autres au rang de la bête dans l’ensemble des naissances de l’année correspondante. Une autre particularité de la manade c’est que les ferrades ne font pas partie de son activité économique habituelle.

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Une fois les anoubles marqués, on va passer à la troisième mi-temps. L’occasion d’échanger, d’évacuer ses frayeurs ou de penser ses bobos. Nous voilà de retour au mas pour déguster un rosé accompagné de saucisses grillées, bien à l’abri des tonnelles, ou bien le contraire. Les flonflons de la peña ont bien du mal à masquer le chant des cigales, mais peu importe on se sent bien. Le sens de l’accueil tant des manadiers que du comité des fêtes de Codogan n’est pas une légende. C’est ça la bouvine au sens noble du terme.

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Jean-Pierre Trouillas

Naturaliste, amoureux des sciences naturelles, de l’histoire, du patrimoine et des traditions. Passionné de photographie, des arts et de la culture. Curieux de tout en quelque sorte avec une furieuse envie de partager mes passions. Ex-éducateur à la retraite, mais toujours prêt à créer du lien par conviction et non par déformation professionnelle.
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