A l’extrémité de la commune de Vauvert, le hameau de Montcalm accueille un site de l’EID, entente interdépartementale de démoustication. Sa zone d’action correspondant à la Petite Camargue gardoise, ses zones humides et son littoral.
« Il est important de rappeler l’origine de sa création parce que son objectif détermine aujourd’hui encore l’esprit de nos actions » explique le chef d’agence opérationnelle. Elle remonte aux années 60 avec la mission d’aménagement du littoral languedocien lors de la création des stations littorales. Les départements se sont associés pour la démoustication, un préalable.
« On pensait alors pouvoir se débarrasser des moustiques » poursuit Didier Caire, « on s’est rendu compte qu’ils résistaient ! L’idée n’est plus à l’ordre du jour, on est sur un contrôle de nuisance pour la maintenir à un niveau acceptable. »
Trouver un bon équilibre entre la richesse écologique à conserver et rendre la nuisance acceptable pour le tourisme et les résidents. « C’est notre ligne directrice et notre mission ! »
Le site créé dès le démarrage regroupe une douzaine d’agents de terrain pour surveiller au quotidien les mises en eaux, les éclosions, faire des prélèvements, vérifier la présence des larves.
Chaque agent a un secteur déterminé. Dès qu’il y a une pluie ou une mise en eau artificielle, ils regardent les niveaux d’eau avec des échelles millimétriques. Un travail visuel avec un œil exercé car les larves font moins d’un millimètre au départ. Ramassée dans un filet à mailles très fines, elles sont observées à la loupe. Si ce sont des espèces cibles, un traitement est déclenché en fonction de la densité et de l’enjeu.
Si l’accès est facile, des moyens terrestres sont utilisés, pompes à dos, 4×4 avec lances, pour les fossés, roubines. Sinon, ce sont les moyens aériens, avions et hélicoptères. « Tout le monde connaît le petit avion jaune ! » Le traitement se fait tôt le matin et à bas volume pour le produit tombe sur le sol. Le produit est le BTI, issu de la bacille de Thuringe que l’on trouve à l’état naturel dans le milieu. Il agit par ingestion sans toxicité directe et de manière très sélective. La larve doit le manger avant qu’il ne tombe sur le sol et à un certain stade larvaire. L’efficacité du traitement est mesurée avec une nouvelle prospection larvaire ou capture, par piège CO2 ou sur appât humain. « On compte les moustiques en un temps donné pour évaluer la nuisance. »
Les espèces ciblées sont facteurs de nuisance. Il en existe deux principales aedes Caspius et aedes detritus, vulgairement des moustiques de Camargue qui vivent dans les marais saumâtres. Ils se déplacent beaucoup et obligent à contrôler des territoires importants. « C’est notre fonds de commerce depuis toujours ! » Une espèce invasive s’est ajoutée, le moustique tigre urbain, et peu voyageur, qui pique toute la journée. Vivant chez les particuliers, il n’existe pas moyens de lutte publics mais les agents font un travail de sensibilisation et de prévention.
Les femelles aedes ne pondent pas sur l’eau comme les autres moustiques mais sur des sols asséchés sur lequel l’œuf est déposé. Il éclot dès mise en eau. « Nous devons intervenir au stade larvaire dans la phase aquatique » précise Didier, « après c’est trop tard ! » Le temps d’intervention est réduit, de quatre jours à deux semaines selon la chaleur. Le moustique femelle pique pour assurer la fertilité des œufs. Elle repique et repond, 6 ou 7 fois pendant 3 à 4 semaines. De février à fin octobre. La période s’étend. A avancé d’un mois. Est-ce une année récurrente ? Est la question récurrente posée à l’EID. « Impossible d’y répondre ! » s’exclame Didier, cela dépend de la météo et des mises en eau. Les pluies ont démarré en avril après un hiver sec. Des nuisances ont été signalées au Grau-du-Roi à la mi-mai. Mais l’année cauchemardesque reste 2015. Un gros orage fin juin avec une période de vent qui a empêché les traitements. « Cela a été pénible pour les touristes et nous avec les récriminations! » se souvient Didier Caire.
Nathalie Vaucheret