Le pont de Gouzille sur la route des salines, entre Beauvoisin et Gallician, retour des marais d’un attelage avec un chargement de roseaux, nourriture des chevaux à une certaine époque.
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Le Pont de Gouzille, poème de Jacqueline Amphoux
Il est à Beauvoisin, un joli pont de pierre,
Qui lance sa muraille au dessus d’un vallon
Comme un cambrioleur, il se cache derrière
Les beaux acacias qui bordent son salon.
Dès le soleil levé, voici les ritournelles
Des chansons des oiseaux qui s’éveillent gaiement.
Jadis, ils pouvaient même admirer leurs prunelles
Au miroir du ruisseau, qui courait bruyamment.
Puis le matin, c’était le clic-clac des galoches,
Des petits écoliers des « mas » des environs
Qui portaient leurs repas, rangés dans leurs sacoches
Pour ne pas surcharger, leurs parents vignerons.
Tous les beaux soirs d’été, un roulement intense :
Les Charrettes, passant au pas lent des chevaux,
Partaient pour les marais, rechercher leur pitance
Pour les jours pluvieux, quand cessent les travaux.
Janvier 1999
Lien sur l’article de : JACQUELINE AMPHOUX, UNE POÉTESSE LIBRE.
Le pont des gouzilles ou d’en gouzille, pour les anciens, se situe sur la route des salines, ancien chemin de la sagne qui relie Beauvoisin à Gallician.
La date de construction de ce pont est assez vague , début des années 1900, très certainement après l’école des Moulins (1904). le pont aurait été édifié grâce à une aide financière de Gaston Doumergue, le futur président de la république.
Ce pont enjambe un petit vallon où coule les années pluvieuses un ruisseau qui gouzillait ou gazouillait tel un oiseau. Cette combe recueillait à l’est plusieurs petits ruisselets, les années pluvieuses sont derrière nous et le ruisseau ne gazouille que lors de gros orages.
Les Charrettes, passant au pas lent des chevaux, Partaient pour les marais, rechercher leur pitance.
A une époque, les champs et les vignes sont travaillés à bras, avec des bêtes de trait, cheval et mule, qu’il fallait nourrir. En été, les hommes partaient dans les marais de Gallician et de Franquevaux, couper le roseau, tendre et estival il a nourri les bêtes, dur il a servi pour les toitures.
Claude Aubat se souvient » Mon beau père Max Bioulac était le bayle de la propriété Roque, il menait l’attelage de 3 chevaux transportant les roseaux de Gallician au château de Beauvoisin. C’était un spectacle car les chevaux étaient décorés avec des rubans et des pompons mais le retour était très attendu par la population car mener un attelage de 3 chevaux avec un chargement énorme de gerbes à certains passages c’était très délicat. Les gens se postaient au virage de la rue des moulins et de la grand rue (café du Nord et ancien bon lait) , un sacré tournant et ensuite la montée de la rue du château, les gerbes frottaient de chaque côtes des maisons, une bâtisse avait été démoli pour que l’attelage puisse tourner et se retrouver en face du château ».
Quand on cultivait la canne de Provence au Pont des Gouzilles.
« C’était au début des années 50, mon père André, avait un copain de régiment, exploitant agricole à Jonquières st Vincent qui possédait une petite entreprise qui fabriquait avec des cannes des lattis pour les plâtriers. Cette méthode du lattis ou bacula, consiste à fixer au plafond cette armature de roseaux pour ensuite les enduire de plâtre . Mon père lui a proposé un terrain d’un demi hectare à l’est du pont, une terre plus ou moins marécageuse car à l’époque il pleuvait beaucoup plus et qui a parfaitement convenu. Elle fut planté par rang en cannes de Provence, il suffit de mettre un rhizome ou une bouture dans un sillon . L’hiver il nous fallait couper les cannes, j’accompagnais un ouvrier agricole, un travail pas facile, couper, mettre en bottes les monter sur la route où un camion venait les récupérer. Suivant la grosseur la canne était fendue en 3 ou 4 dans le sens de la longueur, c’était fabriqué comme une canisse avec du fil de fer. Cette culture a duré quelques années puis la terre a été vendue et plantée en vigne ».