Depuis quelques années, la mode des statistiques s’est répandue en France et notre département n’y échappe pas. Des questionnaires ayant servis à l’établissement de la statistique générale contenant des renseignements sur les communes du Gard (histoire, topographie, population, établissements publics, instruction publique, agriculture, commerce, industrie) sont disponibles en ligne, en voici une analyse synthétique.
Cette enquête nous permet aujourd’hui de comparer et de comprendre un peu mieux la vie dans nos villages de Petite Camargue, il y a près de deux siècles.

En premier lieu, les communes doivent décrire les faits marquants advenus depuis leur fondation jusqu’en 1838. Pour Beauvoisin, le maire ne connaît manifestement pas l’histoire du village et se borne à citer les ravages de la peste de 1720 qui a pourtant épargné le village. Pour Aubord et Aimargues, aucune information n’a été rédigée. Au Cailar, le maire est revendicatif, il décrit les innombrables procès s’étant étendus sur près de 600 ans et opposant le peuple au seigneur accusé d’avoir spolié les prairies. Enfin pour Vauvert, le récit débute en l’an 1163 avec l’histoire des juifs et le rabbin Abraham ben David de Posquières et se poursuit avec les multiples visites royales qu’à connu le village en lien avec Notre Dame du Valvert.
Les religions pratiquées par les habitants
Les premières données montrent qu’il semblait alors important de connaître les religions pratiquées par les habitants. Sont-ils catholiques, protestants, quaker ou israélites ?
Pourquoi rechercher cette information ? Je l’ignore.

On constate que tous nos villages sont majoritairement protestants, à l’exception d’Aimargues où la répartition est inversée et qu’il n’y a aucun quaker ou juif dans ces villages.
Ce que produisaient ces habitants et intéressant à plus d’un titre
Il est étonnant de constater que la culture des oliviers n’était pas aussi répandue que ce que nous aurions pu l’imaginer car seul Vauvert en produit des quantités importantes.
Beauvoisin est le seul des villages à produire des légumes en quantité et il est précisé qu’il s’agit de patates.
Sans trop de surprises, chaque village cultive la vigne même si proportionnellement au nombre d’habitants Aubord produit peu de raisins et Beauvoisin en produit beaucoup.

La production de feuilles de mûrier, nourriture des vers à soie ainsi que la production de cocons est également très répandue, seul le Cailar n’en produit pas. En 1865 une maladie des vers à soie va décimer 80 % de la population des vers dans les Cévennes et faire passer la production de soie de 25 000 tonnes à 300 tonnes. Le déclin est amorcé et la culture du mûrier ainsi que la production de cocons va progressivement disparaître.

Les distractions préférées des habitants
Le questionnaire s’attarde sur les distractions préférées des habitants. Bien sûr, la tauromachie occupe une place importante dans la plupart des villages.
- À Aimargues, ce sont les danses au son du hautbois, les boules, le mail(1) et les courses de taureaux ainsi que le billard.
- À Aubord, la danse pour les jeunes gens et les boules pour les hommes plus âgés.
- À Beauvoisin, la danse pour les jeunes gens et les boules pour les hommes, une passion démesurée pour les courses de taureaux, et la chasse.
- Au Cailar, les boules, la paume(2) , le ballon, les courses de taureaux(3) et les bals.
- À Vauvert, les boules, la paume(2) et autres jeux d’exercices, mais le plus attendu est la course de taureaux(3).


(1) Le mail était un jeu pratiqué depuis le XVIème siècle et on y jouait encore à Montpellier au XIXème et donc aussi à Aimargues. C’est l’ancêtre croquet et du golf.
Vauvert à toujours aujourd’hui, sa rue du mail et Beauvoisin celle du jeu de mail.
(2) Le jeu de paume était un jeu très populaire en France du XIVème siècle au XVIIIème . Il est toujours pratiqué de nos jours sous d’autres formes au pays Basque, en Espagne et en Amérique Latine et c’est aussi un ancêtre du tennis.
(3) La tauromachie ne plaisait manifestement pas à tous car le maire du Cailar qualifie les course de taureaux de « triste amusement » et celui de Vauvert « de spectacle barbare »


