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L’amour est enfant de Bohême, il n’a jamais, jamais connu de loi… Les paroles de la Habanera, écrites par Bizet, lui-même, nous éclairent sur la psychologie du personnage.

« Carmen, c’est avant tout une femme libre ; une femme sensuelle avec beaucoup de charme, une séductrice qui fait ce qu’elle a envie de faire. Pour moi, c’est une femme forte, courageuse, qui n’a peur de rien et qui s’assume en tant que femme. Elle affronte son destin tragique et préfère mourir que de renoncer à sa liberté.» nous dit la jeune mezzo-soprano, Valentine Lemercier, qui incarne la célèbre bohémienne.

Nous avons rencontré Valentine Lemercier la veille du week-end dernier, chez elle, à Vauvert. Détendue et concentrée à la fois, elle nous livre avec spontanéité et simplicité sa perception du personnage, nous fait part de ses réflexions, de ses sentiments avant le spectacle.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant la représentation ?

J’éprouve énormément de plaisir et d’enthousiasme à interpréter Carmen et à participer au travail collectif de création du spectacle. Je suis très contente, excitée, et en même temps un peu stressée, car ce n’est pas rien ce que j’ai à faire. C’est mon premier rôle. En plus, dans ma ville, croyez-bien que ça représente beaucoup pour moi. J’ai un peu de pression, ce qui est normal car c’est une très grande responsabilité… Il y a l’orchestre, de nombreux choristes, une mise en scène à respecter dans les arènes. C’est quand même pas évident parce que l’espace est très vaste… Il faut s’adapter au lieu, tenir compte des distances… C’est du travail… Et en plus le fait de jouer chez soi, c’est une responsabilité supplémentaire… J’ai toute ma famille, mes amis…
Alors oui, j’ai un peu de stress, mais, je pense que ce sera du bon stress.

Parlez-nous un peu de la préparation de Carmen, des répétitions, de l’ambiance au sein de l’équipe.

Ça fait maintenant plusieurs mois qu’avec les Amis du Bel Canto, les directrices artistiques, Chantal Bastide et Michèle Voisinet, le metteur en scène,  Frédéric L’Huillier, les solistes et les chœurs nous travaillons à la préparation de Carmen. Ces dernières semaines, nous répétons presque tous les jours. L’ambiance est excellente, nous nous entendons bien. Il faut dire que nous nous connaissons tous plus ou moins. Le chef d’orchestre, Bruno Membrey, je l’ai rencontré à Marseille en début d’année. Il est attentionné et abordable. Avec mes partenaires masculins, ça se passe très bien également. Eric Salha (Don José), j’ai déjà participé à des concerts avec lui. Il a fait Carmen de nombreuses fois, notamment avec Opéra en Plein Air. Pour moi qui ne l’ai jamais joué, c’est sécurisant de chanter avec quelqu’un d’aguerri. Rodrigue Caldéron (Escamillo), nous nous connaissons depuis deux ou trois ans. En octobre, on va faire un récital à Montpellier pour la Ligue européenne contre le cancer, à l’Opéra-Comédie dans la grande salle.
Quant au metteur en scène, Frédéric L’Huillier, il a lui aussi monté Carmen à de nombreuses reprises. Nous en avons discuté plusieurs fois. Il sait ce qu’il veut. C’est très précis. Il sait où il va, donc il explique bien. On comprend facilement.

La direction musicale et artistique
La direction musicale et artistique

Le chef d'orchestre, Bruno Membrey
Le chef d’orchestre, Bruno Membrey
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Frédéric L’Huillier à la mise en scène

Vous êtes une des plus jeunes chanteuses à aborder le rôle.

Oui, à 23 ans, faire Carmen c’est presque inespéré pour moi. C’est un des rôles dont rêvent toutes les mezzo. Je mesure la chance qui m’est offerte et je remercie Les Amis du Bel Canto, la présidente Monique Galtier-Quiles, mes professeurs et protectrices, Michèle et Chantal, et tous ceux qui m’ont fait confiance.

Vous avez terminé votre année au CNIPAL (Centre National d’Artistes Lyriques) à Marseille, qu’en retenez-vous ?

Il s’agit pour moi d’une expérience très positive qui m’a beaucoup apporté sur le plan relationnel. Ça m’a permis de me faire connaître. J’ai pu ainsi faire trois passages télé dans l’année et confier la gestion de ma carrière à un agent artistique à Paris. Du coup, j’ai décroché plein de contrats pour les deux ans à venir.

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Justement, quels sont ces projets ?

J’ai obtenu une bourse du Cercle Richard Wagner de Nice ; Ce qui va me permettre de partir une semaine à Bayreuth en Allemagne, début août, voir trois représentations, dont l’Or du Rhin, participer à un concert des lauréats et pouvoir me produire dans le foyer du théâtre. Je ne vais pas chanter Wagner – rassurez-vous – je n’ai pas la voix pour mais je vais chanter mon répertoire. En décembre, je vais faire la Neuvième de Beethoven à l’église Saint-Eustache à Paris avec orchestre. Trois autres dates sont programmées en région parisienne.

En janvier 2015, je prendrai le rôle de Varvara dans Katia Kabanova de Leos Janacek à l’Opéra de Toulon. Ensuite, en avril-mai, je ferai Mercédès dans Carmen à l’Opéra de Lyon pour 9 représentations. J’ai aussi un concert Mozart à l’Opéra-Comédie le 17 avril 2015. J’enchaînerai avec la Belle Hélène, dans le rôle d’Oreste, à Vichy, en septembre 2015. J’ai également de prévu Orlofsky dans la Chauve-Souris de Strauss en Avignon en décembre 2015 et puis, j’ai un autre rôle, Mme de Folle-Verdure, dans la Vie Parisienne d’Offenbach toujours en Avignon en février 2016. Enfin, en juillet 2016, aux Chorégies d’Orange, je ferai Kate Pinkerton dans Madame Butterfly de Puccini.

Avec quelques concerts qui vont encore s’ajouter, ma saison pour l’année prochaine est quasiment bouclée.

Tout cela demande une charge de travail importante.

Déjà, jusqu’en décembre, je ne vais faire qu’apprendre mes rôles pour l’année prochaine, car il y en a tellement. Mais, je mémorise facilement et j’ai quand même de la facilité pour les langues.

Et en même temps, vous continuez le travail vocal et musical.

Même dans dix ans je continuerai d’apprendre. En vieillissant, la voix, le physique évoluent, on est emmené à aller vers un autre répertoire. Aujourd’hui, d’un point de vue physique, psychologique ou vocal, il y a des rôles que je ne peux pas encore aborder parce que je suis trop jeune. Mais, j’espère plus tard découvrir d’autres personnages, d’autres compositeurs.

Par exemple ?

Mon rêve, c’est de faire Samson et Dalila (le rôle de Dalila) l’opéra de Camille Saint-Saëns mais pas avant 40 ans (Il faut préciser, sinon, on va me prendre pour une illuminée). Alors, j’ai tout mon temps. En attendant, je peux faire Carmen, le barbier de Séville (Rosine), la Belle Hélène, la Périchole, je peux faire Chérubin dans les Noces de Figaro et bien d’autres choses intéressantes.

Guy Roca

Avec quelques amis intéressés par l'écriture, la photo, la vidéo, les nouvelles technologies de la communication, nous avons créé Vauvert Plus en novembre 2010. Avec la même passion, la même ardeur, la même ambition, je participe aujourd’hui à la belle aventure de VOIR PLUS, le journal numérique de la vie locale et des associations, de l’actualité culturelle et sportive en Petite Camargue.
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