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Avec Chantal Bastide, elle assure la direction artistique de Carmen, le chef-d’œuvre de Georges Bizet produit dans les arènes de Vauvert le 19 juillet.

Michèle Voisinet a fait ses études musicales à Aix-en-Provence, sa ville natale, où elle obtient le Premier Prix Interrégional de piano.

J’ai commencé le piano dès l’âge de cinq ans. Ma mère qui pianotait pour le plaisir m’a donné envie de jouer de cet instrument. J’ai avalé la méthode rose en trois mois – mes parents voulaient voir si j’étais douée avant d’investir dans un piano – puis, j’ai intégré le conservatoire d’Aix, je devais avoir sept ans.

Elle poursuit ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Vlado Perlemuter, pianiste français d’origine polonaise, élève et interprète de Maurice Ravel, puis dans la classe d’accompagnement d’Henriette Puig-Roget. Elle reçoit le Premier Prix à l’unanimité, Première Nommée avec vote spécial du jury. Dans la foulée, elle devient assistante d’enseignement dans les classes de chant et d’art lyrique.

C’est sur les recommandations d’Henriette Puig-Roget que j’ai poursuivi au CNSM de Paris dans les classes de chant. J’ai travaillé, entre autres, avec le ténor Jean Giraudeau, professeur de chant puis directeur de l’Opéra-comique, ainsi que dans les classes d’art lyrique. En 1984, j’ai passé le concours de chef de chant de l’Opéra et j’ai été prise à l’Opéra de Paris. Le rôle du chef de chant, c’est d’aider un chanteur à la préparation d’une oeuvre vocale.
Nous étions dix chefs de chant lorsque l’Opéra-comique (Salle Favart) était encore rattaché à l’Opéra Garnier ; Deux par œuvre lyrique compte tenu des nombreuses auditions et répétitions. Avec l’ouverture de l’Opéra Bastille en 1990 et la réorganisation de l’institution, nous sommes passés à six.

A l’Opéra de Paris, Michèle Voisinet a travaillé sous la direction des plus grands chefs internationaux : Thomas Fulton, Zubin Mehta, Nello Santi, Myung-Whun Chung, Seiji Osawa, Bruno Campanella, Maurizio Benini et avec les solistes internationaux les plus prestigieux, tels June Anderson, Montserrat Caballé, Placido Domingo, Luciano Pavarotti, Renée Fleming, ou bien encore Joyce Di Donato.
Elle a accompagné de nombreux récitals à l’Opéra Bastille ainsi que les répétitions d’Aïda à Paris-Bercy, sous la direction de Michel Plasson.

Quels sont les grands chefs d’orchestre qui vous ont le plus marquée ?

C’est toujours difficile d’en citer certains plutôt que d’autres mais j’ai vécu un moment exceptionnel avec Nello Santi, venu remplacer au pied levé un chef à Bastille pour diriger Manon Lescaut. Sa façon de motiver, de booster les chœurs et l’orchestre m’avait alors impressionnée…

Et parmi les chanteurs…

Alors là, j’aurais du mal à vous répondre. Pour vous dire la vérité, je ne suis fan de personne. Je reconnais les qualités de plein de chanteurs avec qui j’ai eu le bonheur de travailler, j’ai apprécié certaines voix exceptionnelles mais je sais aussi qu’il y a de très bons chanteurs en dehors de l’Opéra.

La pianiste chef de chant affectionne particulièrement le répertoire romantique français et italien, Massenet, Gounod, Verdi, Puccini, Bellini,… mais n’est pas très attirée par la musique contemporaine.

J’ai quand même un petit faible pour Thaïs, l’opéra de Jules Massenet.

En 2008, après 24 ans passés à l’Opéra de Paris, Michèle Voisinet quitte l’institution mais reste encore une année au conservatoire faisant chaque semaine l’aller-retour Paris-Vauvert.

J’ai toujours mené de front mes activités au conservatoire de Paris dans les classes de chant et d’art lyrique et la préparation vocale des œuvres à l’Opéra. Passionnée par la formation, j’ai souhaité garder un contact privilégié avec les jeunes. En outre, les élèves du conservatoire pouvaient profiter de mes connaissances et de mon travail à l’Opéra.

Installée maintenant à Vauvert, au cœur de la Petite Camargue, une région qu’elle connaît bien pour y passer régulièrement ses vacances depuis 35 ans, Michèle Voisinet poursuit son riche parcours artistique.
Elle est la directrice artistique des Après-Midi Lyriques de l’Hôtel Frantour à Paris, accompagne depuis 25 ans le Concours de Chant de Béziers, participe aux Master Class de Viorica Cortez ainsi qu’au Festival de Pézenas Enchantée.

Avec la complicité de Chantal Bastide, qu’elle a connue au conservatoire, elle transmet sa passion de la musique et du chant. Toutes deux s’impliquent dans la formation de jeunes chanteurs ; Michèle sur le plan musical et Chantal pour la technique vocale et le jeu scénique. Elles prodiguent leurs conseils avisés aux artistes et aux voix de demain. Et bien sûr parmi les futurs talents, Valentine Lemercier focalise leurs espoirs.

C’est en grande partie pour Valentine qu’elles se sont lancées dans l’aventure de Carmen.

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Comment est né le projet de Carmen ?

Pour les 60 ans des Amis du Bel Canto, la présidente Monique Galtier-Quilles et les membres de l’association voulaient frapper un grand coup ; créer l’évènement. Les premiers pas remarqués de la jeune chanteuse vauverdoise, Valentine Lemercier, suscitèrent l’engouement pour le choix du célèbre opéra de Georges Bizet.

Un vrai défi…

Un énorme défi, car l’organisation d’un tel spectacle demande des moyens humains et financiers importants. Même si nous pouvons compter, côté recettes, sur les aides de la mairie de Vauvert, du Conseil général du Gard et du député, Gilbert Collard, la maîtrise des postes budgétaires reste une préoccupation de tous les instants. Le son, les lumières, le car régie, l’orchestre, les décors, tout cela coûte très cher. En comparaison, les cachets des artistes impactent moins sur le coût global du projet.

Parlez-nous un peu de l’ouvrage, de ses difficultés… et tout d’abord de l’aptitude de Valentine à assumer le rôle.

Valentine a tout ce qu’il faut pour tenir le rôle de Carmen, la voix, le physique. Par ailleurs, on a vu qu’elle passait très bien à la télé, ce qui à notre époque constitue un atout. Elle est travailleuse, avec Chantal nous pensons qu’elle sera une future belle Carmen. Là, elle est encore jeune, fraîche…

Les difficultés du personnage ?

Les difficultés sont plus scéniques pour rentrer dans le personnage que vocales. Vocalement, vraiment, à part l’air des Cartes, ce n’est pas un rôle très difficile. Par contre, l’investissement scénique est important. C’est sa première expérience dans un rôle avec orchestre, c’est un rôle scéniquement lourd. Elle n’a que 23 ans et la charge de travail des répétitions est considérable.

Et pour les autres personnages, où se situent les contraintes ?

Le personnage de Don José est complexe et difficile à interpréter. Vocalement, ce n’est pas évident non plus, lourd à la fin, plus léger au début. Quant au rôle d’Escamillo, il nécessite une tessiture étendue – beaucoup de graves pour un baryton – comme pour les chœurs, du reste. Les chœurs de Carmen sont difficiles.

Comment se passent les répétitions ?

Le travail avec les chœurs a été idyllique. Ils ont répondu présents avec une joie, un enthousiasme, qui ont dépassé nos espérances. Nous partions tout de même de zéro. C’est pour nous une immense satisfaction… un bonheur que nous procure aussi, bien sûr, l’implication formidable de Valentine.

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Je voudrais enfin signaler le coup de cœur d’une grande dame du lyrique, un chouette cadeau. Viorica Cortez, qui a été une des plus grandes Carmen, qui l’a chanté dans les arènes de Nîmes et dans le monde entier, qui s’est illustrée sur toutes les grandes scènes lyriques d’Europe et d’Amérique, viendra parrainer les débuts de Valentine. C’est la roue qui tourne et c’est un geste symbolique fort, un grand signe d’encouragement.

 

Guy Roca

Avec quelques amis intéressés par l'écriture, la photo, la vidéo, les nouvelles technologies de la communication, nous avons créé Vauvert Plus en novembre 2010. Avec la même passion, la même ardeur, la même ambition, je participe aujourd’hui à la belle aventure de VOIR PLUS, le journal numérique de la vie locale et des associations, de l’actualité culturelle et sportive en Petite Camargue.
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