Pour ce sixième et dernier café-débat de la saison, Dominique Peyre et Annelyse Chevalier recevaient en direct du Bar des Halles le manadier Pierre Aubanel et Guy Chaptal, Capitaine de la Nacioun Gardiano. Avec ces deux invités, un personnage emblématique de la Camargue allait tenir une place centrale dans l’émission : le marquis Folco de Baroncelli-Javon, dit Lou Marquès.
L’écrivain-manadier, disciple de Frédéric Mistral, né à Aix-en-Provence en 1869, décédé en 1943, et dont les cendres reposent dans la terre du Simbèu, aux Saintes-Maries de la mer, a voué sa vie à la Camargue.
Fondateur de la Nacioun Gardiano (la Nation Gardiane) en 1904, dans le but de « maintenir et de glorifier le costume, les us et les traditions du pays d’Arles, de la Camargue et des pays taurins », Folco de Baroncelli, qui a créé sa propre manade, la manado Santenco, va avec d’autres éleveurs entreprendre la reconquête de la pure race Camargue et s’impliquer fortement dans la codification de la course camarguaise. On lui doit l’instauration du costume d’apparat des gardians, la croix camarguaise, réalisée par son ami, le peintre Hartmann Paul.
Pierre Aubanel, son petit-fils, n’a pas manqué de rappeler qu’en luttant contre le projet d’assèchement du Vaccarès au milieu des années 1930, en faisant la promotion de la langue et de la culture, il avait fortement contribué à l’idée de Parc naturel régional de Camargue et à l’identité de ce territoire.
Pour Annelyse Chevalier, le marquis de Baroncelli était quelqu’un de visionnaire et d’intelligent. « Il a réussi à aller chercher dans les différents aspects de la Camargue, dans les traditions, dans les jeux, dans la race des taureaux, dans le cheval, dans le costume, les caractéristiques les plus remarquables. Il a su tirer le meilleur et valoriser ces pratiques camarguaises qui étaient oubliées ou méconnues ».
La deuxième partie de l’émission a été consacrée à l’engouement que suscitent les traditions camarguaises mais aussi aux dérives et aux risques qui pèsent sur les abrivado et bandido. « Si on continue à avoir des accidents, les assurances diront stop. Et s’il n’y a plus d’assurances, il n’y aura plus d’abrivado » a prévenu Guy Chaptal. Quant à Pierre Aubanel, grand spécialiste de ces manifestations, il préconise une évolution : « L’abrivado, il faut de l’action. S’il n’y a pas d’action, il n’y a pas d’intérêt. Comme tout est barrièré, ça ne risque rien, les taureaux ne peuvent pas s’échapper, il n’y a plus d’enjeu. Il faut donc donner un peu plus de mouvement à ces abrivado qui sont devenues monotones ».
Laissons à Annelyse le soin de trouver une conclusion mesurée : « Il faut trouver le juste milieu entre le respect de la tradition, les règles de sécurité qui sont indispensables pour les organisateurs, les assurances. Et aussi, faire plaisir aux gens, aux visiteurs, aux aficiouna, à tous ceux qui aiment ça ».
Réécoutez l’émission publique de Radio-Système En direct du Bar des Halles.
https://soundcloud.com/radio-systeme/cafe-debat-pierre-aubanel-guy-chaptal-anne-lise-chevallier