Dans le cadre de Lire en short, la grande fête du livre pour la jeunesse, Marion Mazauric et les Editions Au diable vauvert ont organisé un parcours-lectures en biblio-char attelé avec les Attelages du pays d’Arles et la librairie Diderot de Nîmes, mercredi 22 juillet.
Devant la médiathèque, sur le marché, dans la cour du Centre de loisirs, Michel Falguières et Ménéas Marphil, alias Mario Pimiento, ont tour à tour lu des extraits de nouvelles, raconté une histoire aux enfants, sous le regard surpris des passants.
Petit extrait du succulent recueil d’histoires brèves de Mario Pimiento Le Consac de Gagne-Petit , paru aux éditions Au diable vauvert :
Ce pays était donc au sud toute l’année. Il y avait du linge étendu à la fenêtre, c’était joli, et on aurait pu vivre plus d’un million d’années.
Comme les fenêtres restaient presque toujours ouvertes derrière le linge, ça permettait à des voix claires et radieuses de s’échapper dans la rue, de ces belles envolées lyriques ou langoureuses de tous les succès indémodables.
– Ô Catalinetta bella, tchi-tchi…
Tino Rossi était souvent de la fête. Ou le grand Luis Mariano :
– Mon cœul est un vi-oloooon sul lequel ton alcher joue… et qui vible tout au looong…
Ou alors l’immense Charles Trenet revu par Rina Ketty :
– J’attendlai le joul et la nuit, j’attendlai toujoul ton letoul…
Ah, ça y allait les roucoulades ! Oh que c’était beau ! Les gens avaient toujours un refrain à la bouche.
Au moins pendant ce temps, ils ne disaient pas de counailles. Ajourd’hui, pas seulement au Consac,* les gens ne chantent plus. On dirait qu’ils ont honte. Ceux qui osent encore le faire sont regardés de travers par les amputés de la joie de vivre et les coincés de la télé.
Chanter dans la rue, ça en dérange tellement certains que, s’ils le pouvaient, ils feraient taire les oiseaux.
*Un consac est un massif de dunes. Dans l’ouvrage de Mario Pimiento, le Consac désigne le port du Grau-du-Roi dans les années de l’après-guerre.
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