Si nombre de villages gardois démarrent leur « vote » par la traditionnelle aubade, le sud du département se particularise par ses empègues. Cette coutume très anciennes recouvre la zone où les traditions taurines sont très marquées, la Petite Camargue, les Costières et la Vaunage. Au début du XXe siècle c’était les jeunes hommes qui venaient d’avoir 18 ans qui utilisaient ce moyen pour fêter leur départ au service militaire. Aujourd’hui la conscription n’existe plus mais se sont les jeunes qui ont continué cette tradition en l’ayant adaptée pour recueillir des fonds afin de financer leurs « agapes ». Mais avant de poursuivre, il convient de préciser ce qu’est une empègue. Le mot vient de l’occitan « empégar » en français coller ou appliquer. Les jeunes circulent dans les rues du village et en contrepartie de monnaie en espèces sonnantes et trébuchantes, ils apposent sur les huis des portes ou portails des habitants un petit dessin réalisé à l’aide d’un pochoir. Une empègue à l’entrée de sa demeure témoignait de la générosité du propriétaire mais aussi de sa fidélité aux traditions, gage important de son intégration dans la vie locale. Le pochoir était fabriqué par un ferronnier local sur une plaque métallique mais aujourd’hui on utilise parfois des matériaux comme le contreplaqué, la matière plastique ou le carton. Outre le dessin proprement dit y figure le millésime ainsi que les lettres VLJ signifiant Vive La Jeunesse ou encore « Viù Lo Joven » en occitan.
En Petite Camargue ce sont les villages de Beauvoisin et du Cailar qui ont fait perdurer cette tradition jusqu’à aujourd’hui. Il suffit de parcourir les rues pour se rendre compte de cette riche et abondante iconographie populaire, témoignant d’une aficion débordante. Les motifs reprennent essentiellement les symboles ou animaux emblématiques de la Camargue. Quelques fois l’empègue peut faire figurer un événement ayant marqué l’année en cours. C’est à Beauvoisin que l’on peut admirer la plus ancienne empègue encore visible. Elle date de 1894 et représente un cheval dessiné au trait rouge avec le millésime à l’intérieur du corps et les lettres RF entre les sabots signifiant République Française.
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A Vauvert les empègues ont suivit une évolution particulière. On y trouve encore de nos jours quelques empègues datant du premier quart du XXe siècle. Elles représentent une Marianne, des lauriers, une lyre, un coq juché sur un globe terrestre mais aussi un Mickey et un taureau. Elles sont représentatives de l’époque de la conscription. Le millésime est indiqué avec les deux derniers chiffres de l’année et les lettres VLJ ne figurent pas. Après une assez longue période la tradition renaît sous la forme de stickers de forme rectangulaire puis circulaire. Si les premiers auto-collants imitaient la tradition du pochoir sur le plan du graphisme, ils innovaient avec l’inscription jeunesse vauverdoise et la mention aubade suivie du millésime. Les aubades, puisque c’est ainsi qu’on les désigne actuellement, permettent des représentations plus complexes. Si la thématiques reste la même elle est devenue moins symbolique et s’est tourné vers un humour festif impulsé par le graphiste vauverdois Lucas Reynaud.
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