Si les vauverdois n’ont pas toujours poussé spontanément les portes de l’Espace Jean Jaurès, l’exposition « Lignes d’erre » sculptures, bas-reliefs et autres constructions chimériques de Sylvain Brino a suscité, néanmoins, un réel intérêt. A l’occasion des douze visites guidées et commentées, de l’accueil de classes de CM2, l’artiste créateur, professeur durant 42 ans à l’école des Beaux-arts de Montpellier, a montré les approches de son travail, la diversité des demandes, des concours, des projets personnels et tous les aspects d’une carrière de plasticien.
Le temps fort de ces six semaines d’exposition a été la conférence carte blanche du 18 avril qui lui a permis d’aborder le domaine de l’art public, de la commande publique ou privée, du 1 % artistique.
L’art public sous la forme d’œuvres plastiques contemporaines, il est présent au quotidien dans nos villes, dans les bâtiments publics, les monuments aux morts, les places, les parcs, les jardins, parfois en pleine nature. On le voit mais on ne lui porte pas toujours le même regard que celui du spectateur dans un musée. On ne le décrypte pas, il suscite rarement de charge émotionnelle. Cette création artistique accessible qui s’intègre à l’architecture d’un bâtiment ou embellit un espace vert, elle n’a pas qu’une fonction esthétique elle met en récit le pouvoir, la religion, les sciences, les évènements ; elle est aussi un efficace vecteur de communication et d’éducation.
Accompagnant son propos d’images projetées, Sylvain Brino a rappelé la « généalogie » de l’art public, ses origines, ses différentes formes, son évolution au cours des siècles.
« J’ai commencé par la religion, les grands hommes, les empereurs, les puissants, les dictateurs, et les évènements historiques, les monuments aux morts et après, j’ai poursuivi avec le 1 % artistique, instauré en 1951, et qui concerne plus particulièrement les bâtiments publics. »
Outil au service des croyances religieuses, au service du pouvoir pour magnifier l’image du souverain, des puissants, l’art public depuis des temps immémoriaux constitue un moyen de communication et d’éducation.
« À une époque où l’image était très peu répandue et le livre encore moins, les peintures étaient un moyen d’éducation et d’enseignement religieux, historique, politique… Au départ, religieux, assurément. C’était transmettre la bonne parole, l’évangile, les commandements, etc… C’était de la communication, incontestablement.
Avec le 1 %, artistique à mon avis, c’est plus un côté éducatif, on veut pallier à une sorte de méconnaissance de l’art contemporain, on veut former le public le sensibiliser, lui faire découvrir l’art de son époque. »
La conclusion de la conférence de Sylvain Brino a soulevé des questionnements sur la temporalité des œuvres d’art. Est-ce qu’on doit penser l’œuvre d’art comme étant éternellement durable ou va-t-on s’orienter au contraire de plus en plus vers des créations artistiques éphémères ? Le débat n’est pas prêt de se clore.