Retour au pays après la roussataïo
L’éleveur de chevaux Camargue Frédéric Fourmaud aime partager la tradition de la transhumance. Chaque année depuis plus de trente ans, la manade Saint-laurentaise Fourmaud de Psalmody assure la roussataïo pour l’hommage à Fanfonne Guillierme. Le manadier mène son troupeau de juments avec leurs poulains le samedi, et les ramène le lundi après la manifestation. Plus de vingt kilomètres, quatre heures au pas sur les routes, à travers prés et marais, de Saint-Laurent d‘Aigouze, le Cailar et Aimargues. Une magnifique traversée de Petite Camargue encadrée par Frédéric Fourmaud, les amis et amateurs de la manade. Le manadier permet à d’autres cavaliers de partager cette journée. Notre correspondante Nathalie Vaucheret a pu participer au retour des juments le 7 mars dernier. Une belle randonnée qu’elle a souhaité partager à son tour.
Vous avez été parmi les privilégiés à accompagner les juments et leurs petits. Faut-il une préparation pour cette longue balade ?
Mon cheval n’avait pas repris le travail après l’hiver. Il est monté en manade et ne reprend donc que lorsque la saison redémarre. Il a fallu ajuster la selle car il avait un peu grossi ! Cette balade au pas était une belle occasion de me remettre en selle et de le faire reprendre en douceur.
Comment s’est déroulée cette journée ?
Les cavaliers se sont retrouvés vers 10 heures au café du Soleil à Aimargues autour d’un déjeuner fortifiant offert par le manadier. Nous étions une vingtaine. Je connaissais peu de monde mais c’était très convivial, comme une famille. Nous sommes ensuite allés chercher les juments en traversant le village. Elles avaient dormi dans un pré en bordure du centre-ville. Les cavaliers ses sont répartis en deux groupes, un devant et un derrière, puis les chevaux ont été « libérés » et nous sommes tous partis.
Comment s’est passé le parcours ?
Nous avons traversé Aimargues une dernière fois avant de couper la voie rapide vers Le Cailar. Ma première surprise a été de voir les cinquante chevaux traverser le rond-point aussi facilement. Un cavalier avait stoppé les véhicules de chaque côté. C’était très impressionnant. Les automobilistes prenaient des photos. Ensuite nous avons longé les prés jusqu’au Cailar. L’herbe sur les côtés attirait les juments qui se seraient bien arrêtées pour la goûter. Nous les avons laissé en profiter le long des marais en faisant une petite pause. Nous avons ensuite terminé par la route qui mène à la Tour Carbonnière, où le spectacle a été fabuleux.
Racontez-nous un peu plus…
Nous avons coupé la circulation le temps de descendre la longue ligne droite jusqu’à la Tour. Nous occupions toute la largeur de la voie. Les marais de chaque côté, le Tour devant, les cavaliers et les juments, c’était superbe. On avait l’impression que le temps était arrêté, on ne pensait à rien d’autre que d’apprécier ce moment magique, au son des sabots des chevaux. Ils sont passés sous la Tour, puis ont pris le pont qui enjambe le canal, avant de retrouver les terres de la manade. Des voitures étaient arrêtées sur le bas-côté. Les chevaux passaient de part et d’autre, faisaient les curieux parfois et regardaient à l’intérieur. Les passagers étaient surpris. Il y a même eu un mustang avec deux pilotes de course. Ils attendaient patiemment de pouvoir relancer les chevaux à eux ! Un poulain a tourné autour, une belle image.
Comment s’est terminée la journée ?
Les chevaux ont semblé ravis de retrouver leur pré et les copains qui étaient restés. Les cavaliers ont pris un apéritif bien mérité après près de quatre heures en selle, avant de partager un repas à la manade.
Qu’est-ce que vous retirez de cette expérience ?
J’ai toujours considéré que les gens de bouvine étaient très accueillants et désireux de faire connaître leurs traditions. Cette belle journée n’a fait que le confirmer. Je suis très reconnaissante à Frédéric Fourmaud de m’avoir proposé cette balade. Voir la roussataïo, c’est une belle chose, mais connaître tout ce qui se déroule autour, partager un moment la vie de la manade, c’est merveilleux. C’est cet accueil qui m’a donné envie d’écrire sur les traditions, à ma manière, selon mon ressenti et ma perception, et pour les faire découvrir à mon tour à d’autres personnes.