Le 29 septembre 2023 la Société d’Histoire Posquières-Vauvert accueillait M. Sébastien Rodier, Professeur d’Histoire à Nîmes, pour une conférence sur le dernier Baron de Génas.
Pendant plus d’une heure, avec beaucoup d’aisance et d’efficacité, il a su captiver son auditoire. Faisant preuve d’une grande maîtrise du sujet et parsemant la conférence d’anecdotes et de détails sur la vie quotidienne, il a apporté un éclairage particulier sur un personnage clé d’une période charnière de Vauvert.
La Famille de Génas est une famille de seigneurs qui vécut entre Cévennes et Camargue. Son ascension dans le Gard est due à une stratégie matrimoniale efficace de1580 à 1713. Originaire de la ville de Valence où elle a fait fortune dans le commerce du sel sur le Rhône, entre les marais d’Aigues-Mortes et la ville de Lyon, via le port du Pont-Saint-Esprit. Famille noble sans fief, la famille de Génas n’aura alors de cesse d’assoir son ascension sociale par l’acquisition d’une seigneurie.
En l’espace d’un peu plus d’un siècle, entre 1580 et 1713, la famille de Génas va se retrouver à la tête de plusieurs seigneuries du Gard, éparpillées entre les Cévennes et la Camargue. Le point commun de toutes ces seigneuries, c’est qu’elles sont entrées dans la famille par mariage, soit par captation volontaire, soit par le hasard des évènements. Au milieu du 18ème siècle quasiment ruinée la famille n’a plus d’héritier mâle en ligne directe, elle va disparaître.
Dernier rebondissement dans une histoire familiale déjà riche, le 24 janvier 1760, Marie Gabrielle Louise Antoinette de Génas, âgée d’à peine douze ans, refuse de consentir au mariage projeté par son père avec Jean Antoine Teissier, Baron de Marguerittes, noble mais pauvre. Le 4 février de la même année, un contrat de mariage était passé avec Jean-Jacques Maurice Rainaud, conseiller du roi, juge et magistrat en la sénéchaussée et au siège présidial de la ville de Nîmes, âgé de trente ans. Si cette union se révèle moins prestigieuse que celle tissée avec le Baron de Marguerittes, elle s’avèrera très avantageuse pour la famille de Génas dont le nom sera désormais porté et transmis par le gendre et les petits enfants du baron de Vauvert.
La Révolution Française mettra un coup d’arrêt aux projets de renaissance entrepris par Monsieur Rainaud de Génas. Accusé de fédéralisme avec son fils, ils seront arrêtés et jugés par le Tribunal révolutionnaire de Nîmes et exécutés le fils le 28 messidor An II et le père le deux thermidor suivant. Le nom des Genas disparait avec eux sur l’échafaud.
Chronologie : Grandeur et décadence
Jean-Jacques-Maurice Reinaud de Génas, conseiller au présidial de Nîmes, baron de Vauvert, colonel de la « Légion Vauverdoise », né en 1730, guillotiné à Nîmes, le 1er termidor an II (19 juillet 1794).
En 1771, on le fêtait, on l’acclamait dans son château et les habitants de Vauvert se mettaient en frais de poésie et de décoration architecturale pour lui témoigner leur persévérante fidélité et leur inaltérable affection.
Le 17 mars 1789, les trois ordres s’assemblèrent à Nîmes. M. de Génas était membre de la commission qui rédigea les cahiers de la noblesse.
En quelques jours, l’activité du conseil permanent parvint, après l’approbation du comte de Périgord et de M. de Génas, à créer la milice bourgeoise, sous le nom de Légion Vauverdoise. Dès le 7 août, il promulguait la liste de ses membres et le règlement qui les administrait , les vassaux nommèrent M. de Génas, colonel de cette garde civique destinée à protéger la sécurité des habitants et à défendre la Patrie.
Le 1er novembre 1793, une pétition recouverte de 82 signatures et présentée au conseil de Vauvert réclamait une rue usurpée par de Génas et critiquait des travaux qu’il avait entrepris pour capter la source des Piles-Loins …
Jean-Jacques-Maurice Reinaud de Génas, Jean Valz, Claude-Marie Guiraud, portèrent leur tête sur l’échafaud révolutionnaire. Domiciliés tous trois à Nîmes, ils possédaient des immeubles à Vauvert. Accusés de fédéralisme, ils furent dénoncés et arrêtés par le comité révolutionnaire de Nîmes. A ceux qui lui proposaient de répudier devant les juges, cette noblesse dans laquelle en définitive, il n’était pas né, il répondait, « je ne me suis pas glorifié toute ma vie de lui appartenir, pour la renier à ma dernière heure. » Condamné le 1er thermidor an II (19 juillet 1794), il fut exécuté, le même jour, à trois heures de l’après-midi.
Franz Jullien (Compte-rendu de la conférence de Sébastien Rodier)