Comment décrire la course camarguaise ? Que m’a-t-elle apporté dans la saison 2023 ? Je vais essayer d’y répondre.
Une course de belle envergure se doit de commencer par une capelado. La capelado prend sa source dans le passé, les traditions, pour venir s’ébattre sur le sable des arènes dans le temps présent. Costumes, chorégraphie sur le thème de la course mêlant le noir et blanc, gardians et enfin présentation des raseteurs devant la présidence font de ce moment un moment de féérie. Elle nous mène et nous ramène à ce qui fait la richesse de notre territoire.
Puis vient le temps de la course où taureaux et raseteurs se retrouvent pour un corps à corps.
Une saison riche en course, riche en puissance et compétitivité. Des moments forts dans des grandes arènes comme pour la Cocarde d’Or à Arles, la Palme d’Or à Beaucaire, Les Jeudis de Nîmes, le Trophée de la Mer au Grau du Roi, Le Trophée Pescalune à Lunel, Le Trophée des Maraichers à Châteaurenard… et les moyennes ou petites arènes où la convivialité est présente avec des courses de belles factures. Un monde où les aficionados se retrouvent pour encourager qui du raseteur, qui du taureau.
Je fais l’impasse sur les vainqueurs de la finale des As, Zakaria KATIF et CASTELLA de la manade SAUMADE, ils ont eu leur temps de gloire, pour mieux appréhender les hommes et taureaux qui tout au long de la saison ont apporté le grain au moulin.
Exercice difficile, Je ne pourrai les citer tous, je fais le choix de décrire 3 taureaux et 3 raseteurs qui ont tout au long de ce temps su apporter leur aura pour que la course brille. Comment concevoir une course sans ces êtres qui dominent par leur savoir ce monde si fragile et pourtant si rude qu’est la course camarguaise
Quoi de plus beau que cet affrontement dans le respect entre l’homme et la bête !
Quoi de plus beau que cette union entre le noir et le blanc !
J’ai choisi trois taureaux, différents dans leur gabarit, âge, dans leur répartie, dans leur façon de gérer la course. Une manière à travers eux de rendre hommage à leurs congénères.
J’ai nommé :
CHICHARITO de la manade CAILLAN
ARTABAN de la manade CAVALLINI
COBALT de la manade SAUMADE
Photos Emile Martinez
CHICHARITO : du haut de ses 14 ans, a démontré maintes fois sa bravoure, anticipant, guettant l’homme mouvant sa tête à droite à gauche pour mieux appréhender l’adversaire, se portant à lui quand le moment opportun se fait présent. Une maitrise contrôlée, un vrai cocardier, qui a porté tout au long de la saison sa régularité, son intelligence. Il a su braver les hommes lors de la Finale du Trophée des As à Arles et c’est peu dire combien cette course est éprouvante. Il termine sa carrière avec panache, laissant son nom et celui de sa manade la manade CAILLAN dans les annales de l’histoire de la course Camarguaise même sans avoir pu décrocher le fameux titre de BIÒU D’OR. Qu’importe le titre, il reste dans le cœur de chacun de nous !
ARTABAN : Beau gabarit, puissant avec un rien de fragilité ; il attend celui qui le met en valeur ; il a besoin du raseteur qui le porte, l’oblige à se surpasser, l’emmène avec lui et alors il peut démontrer un savoir faire, une combativité, une anticipation qui frise le sublime. Mélange de force et de dextérité, ses réponses sont pleines et entières. Des moments inoubliables comme dans la course au Grau du Roi où il fut sublimé par Joachim CADENAS. Taureau qui a du corps, de la fougue, de la puissance. Quelle fierté pour le manadier Laurent CAVALLINI lors de la remise du prix honorant la prestation de son taureau !
ARTABAN Un colosse aux pieds d’argile !
COBALT : Voilà une force de la nature ; il est intelligent, combatif, valeureux, puissant il gère son terrain et sa course ; bienheureux celui qui arrive à se frotter à lui car il ne laisse rien passer, en bon cocardier, en bon barricadier ; il est complet, anticipateur, il domine la piste dans des placements judicieux. Un plaisir que de le voir, il vous noue l’estomac tant l’attente de sa répartie vous glace. Pas de BIÒU D’OR, il aurait pu y prétendre, Il laisse sa place à son frère CASTELLA mais…
Maintenant place aux raseteurs. Là aussi, un choix difficile. Voir les capacités des hommes à travailler la course pour le plaisir du public. Aucun raseteur ne démérite mais il faut faire un choix et j’ai fait ce panaché d’hommes différents mais si présents. Les raseteurs sont l’âme de la course ; la course aux points parait si dérisoire quand se présente un raseteur qui encense le jeu, qui fait briller et par là se fait briller.
CADENAS Joachim,
ZEKRAOUI Youssef,
MARTIN Jérôme.
Joachim CADENAS ; pas d’impasse pour lui. Il est le numéro 1, celui qui sublime la course et apporte avec lui sa façon si particulière d’appréhender la course, le taureau, les hommes. Il est et vit la course, se donnant, allant à la tête du taureau, le défiant dans sa vindicte, l’amenant avec lui pour et dans des trajectoires qui enchantent le public. Comment ne pas apprécier son raset, sa main qui crochète et brise les liens encore et encore tout en regardant la bête face à lui, comment ne pas apprécier cette osmose qui le lie à la bête, qu’il épouse dans l’action puissante vive et démesurée. De la classe, de l’audace, une pointe de témérité, le tout enveloppé de puissance. Il prend des risques, risques calculés mais parfois qui laissent aussi des séquelles. Il a gagné les plus grand trophées dont celui de la Cocarde d’Or pour la 7ième fois et celui de la Palme d’Or, manqué de peu mais avec honneur le Trophée des As
Il écrit son histoire et son nom au firmament de la Course Camarguaise.
Youssef ZEKRAOUI : très bon gaucher, il a tout au long de la saison peaufiné sa course, et mis en avant son savoir faire et son courage. Il a su laisser la gagne pour faire de lui un homme indispensable à la course et cela s’est vu au fil des jours, de la saison ; le public le redécouvrant, lui accordant sa confiance et reconnaissant sa volonté de satisfaire le public. Il a su briller et faire briller en de très belles démonstrations par un travail de qualité et de précision, n’hésitant pas à affronter la bête au plus prés dans de belles poursuites serrées. De très beaux moments, on en redemande.
Jérôme MARTIN : de toutes les courses, de toutes les actions dans un travail de pugnacité, de bravoure, il mène et impulse le côté gauche sans se départir de son envie et le mérite n’en est que plus grand. Petites ou grandes arènes, il répond présent dans l’action !
Puis la course prend fin et la remise des prix se fait sous l’air de la COUPO SANTO et parfois avant l’au revoir, un apéritif attend les aficionados, heureux ou malheureux de voir ou ne pas voir leur préféré recevoir le prix attendu.
J’ai fait un petit tour d’horizon, j’en referai un autre et démontrerai d’autres qualités de taureaux et raseteurs…Tous font partis de ce monde bien particulier qu’est la COURSE CAMARGUAISE.
Ainsi va la Course Camarguaise !