L’artiste Montpelliéraine parvient à saisir l’insaisissable et le rendre palpable. La mer, le ciel et l’horizon se confondent en couleurs, reflets et lumières. Les nuages prennent une troisième dimension, les empreintes de la nature s’écrivent, les eaux se reflètent sur la toile dans un bleu d’outre-mer. L’architecte de métier est curieuse des techniques, privilégie les simples, anciennes, artisanales, utilise la peinture, la céramique, la gravure ou les cyanotypes, un procédé photographique ancien, qui lui permet de créer des empreintes de lumière.
« Je pourrais être qualifiée de touche-à-tout, car ce qui me touche je vais le toucher au sens propre, en prélever l’empreinte ou le relief pour ensuite montrer et rendre compte dans une sorte de passage de témoin. »
Le rendu est en accord avec la nature, montre sa beauté et sa fragilité. Tout est beau à ses yeux, l’oxydation, les traces de brûlures, des écorces abimées, qui à elles seules sont des peintures. La matière première est glanée puis retranscrite, fruit du hasard ou de la recherche. Plus que de l’art, pour Isabelle il s’agit de savoir-faire ancestraux, le contre-pied des techniques modernes, virtuelles. Ses œuvres sont des témoignages de la nature, du temps qui passe et qui laisse ses traces, qu’elle définit comme une « absence visible ».
L’Oeil de Thierry Bourdy
« Après avoir travaillé en atelier, j’ai éprouvé le besoin de sortir. Faire un travail empirique telle une chercheuse de la nature. » Elle se définit comme une artiste naturaliste. La matière première est naturelle ; elle l’utilise pour lui redonner une seconde nature, sublimée.
Cette première exposition de la saison culturelle vauverdoise « Entre deux eaux » est en lien avec le territoire camarguais, entre ses eaux douces et salées, entre terre, rivière et mer, les eaux célestes et les nuages qui dialoguent.
« Le travail d’Isabelle Barruol nous amène à la réflexion et la poésie » s’est exprimé l’adjointe à la culture Laurence Emmanuelli lors du vernissage le 11 octobre, « Cette exposition nous place devant la beauté fragile de l’eau, ressource vitale et menacée. »
L’exposition présente certaines des séries de l’artiste avec une diversité de matériaux, ceux qui l’inspirent et reflètent son émotion du moment ou la mémoire de l’instant : « je vais chercher le medium qui convient au fur et à mesure de l’évolution de mon travail. A chaque étape, je recherche une technique ou un savoir-faire.» Le cyanotype pour les empreintes de lumière, ensuite pour le travail en volume, le retour à la terre.
Exposition à l’Espace Jean Jaurès de Vauvert jusqu’au 7 décembre.