Claude Aubat et son mazet de vigne restauré
Claude Aubat, esprit curieux attaché à l’histoire de son village de Beauvoisin, viticulteur à la retraite, a connu cette période charnière de l’utilisation du cheval pour les travaux agricoles à la mécanisation et l’apparition du tracteur. L’animal disparaît du travail agricole, cette rupture change le cadre et le rythme de vie et sonne le glas du mazet de vigne.
Le mazet du canard
« Ce mazet comme tous les autres, à cause de son éloignement, servait le midi, pour les hommes, les femmes et les chevaux de trait. La fosse récupérait l’eau de pluie par le toit pour le sulfatage des vignes » Claude Aubat.
Claude Aubat a pris conscience de ce patrimoine et a entrepris des travaux de restauration en 2014, réfection de la toiture qui s’affaissait et réhabilitation des pièces intérieures. Il lui a redonné une seconde vie en le mettant à la disposition de la société de chasse Beauvoisin » la Diane« , un lieu de convivialité « pour des retrouvailles amicales » . Une charge cynégétique héritée de son père qui le 1er novembre 1962 avait célébré par un « acte de baptême » à le transformer « jusqu’a la fin des siècles » en pavillon de chasse « , commune libre du bois de la Viélle.
La Vigne et le Cheval
Dans les dépendances de beaucoup de maisons ou de mas de la commune, l’ancienne écurie existe encore avec son râtelier, témoignage d’un temps ou le cheval était le compagnon de travail du viticulteur. Claude Aubat a connu ce temps, chez lui l’écurie est encore là , avec son râtelier et son pavage de sol particulier mais le cheval a été remplacé par la voiture.
Claude se souvient » sur les domaines importants il y avait un charretier pour s’occuper des bêtes, on faisait tout au cheval, labour, vendanges, traitement pour le sulfatage, avec un appareil sur le dos du mulet qui revenait tout bleu de la vigne à cause de la bouillie bordelaise. Le matin on faisait boire le cheval, grâce au réveil (1) il avait déjà mangé son foin, on ne perdait pas de temps , on lui passait le collier et c’était parti pour le travail. Il y avait 1 bourrelier et 2 maréchaux-ferrants à Beauvoisin . Un était vers les moulins, l’autre dans l’impasse de la mairie où il y avait aussi l’école maternelle, la médiathèque c’était les halles. Petit, il fallait passer entre les chevaux pour aller à l’école et le maréchal ferrant en nous voyant tournait ses yeux, il me faisait peur et pour traverser j’attendais René Cayzac qui était un peu plus vieux que moi. Le tracteur a remplacé le cheval et j’ai conduit un des premiers tracteurs dans le village , c’était l’orgueil j’étais jeune… ».
Le réveil (1)
Claude Aubat m’a expliqué le fonctionnement du réveil » le réveil était à l’étage dans le fenil avec le foin , il était dans une boîte avec un système de ficelle et de contre poids qui déclenchait l’ouverture de la trappe où se trouvait la ration de foin du cheval, cela tombait une paire d’heures avant la journée de travail… »
C’est Pierre Boyer qui m’a montré le mécanisme dans son mas à Franquevaux, nous sommes montés dans la grange à foin où le mécanisme existe toujours, un système ingénieux pour l’époque appelé « arribaire automati » fabriqué par le forgeron Redon de Franquevaux. Une distribution automatique d’une grande simplicité comme l’explique Pierre Boyer « Le réveil était installé dans une boîte en bois accrochée au mur. A l’heure dite, une ficelle autour de la clé de la sonnerie déroulait une ficelle avec un contre poids qui libérait la trappe à claire-voie et la ration tombait directement dans le râtelier situé dessous ». Il y avait le « bevedou autoumati ou abéuradou automati » l’abreuvoir automatique.