Le Big Band de Petite Camargue a eu le privilège de travailler avec Denis Badault.
Denis nous a quitté ce 24 juillet. C’était un pianiste, chef d’orchestre et compositeur, sétois d’adoption, qui se qualifiait lui-même de « chef de chantiers et transmissionneur » En tant que pianiste et chef d’orchestre, il dirigera l’Orchestre national de jazz (ONJ, 1991-1994), créera la Bande à Badault (1982-1989), ainsi que des petites formations : Trio Bado (cd Yolk, 2001) ou le quartet H3B avec Régis Huby (violon), Laurent Blondiau (trompette) et Sébastien Boisseau (contrebasse).
Il composera la presque totalité des répertoires de ces différents orchestres et répondra à de nombreuses commandes. Le « chef de chantiers » œuvre à la réalisation de projets où « tout et tous se mêlent et se mélangent: création, diffusion, formation, professionnels, amateurs, jazz, classiques, technoraprockoccitaniques ». Quant à son rôle de « transmissionneur », Denis Badault le définit ainsi : « jouer, composer, enseigner, diffuser les disques, quatre aspects de la transmission d’une expression artistique vers son public ».
Il sera en « compagnonnage » avec la Scène nationale de Sète pour 4 saisons (jusqu’en 2012).
Denis Badault animera par ailleurs une classe d’improvisation au conservatoire à rayonnement régional de Toulouse ainsi que des stages sur « improvisation et interprétation »
Pour le Big Band, il avait créé une pièce en 2013 : So Sweet Suite, qui a été enregistrée aux studios de La Buissonne à l’Isle sur Sorgues.
« La qualité des musiciens et de leurs interprétations, leur enthousiasme, l’excellente ambiance et la sympathie que j’ai pu ressentir à mon égard m’ont motivé pour répondre oui à la proposition de Philippe d’imaginer 45 mn de musique pour l’orchestre qu’il dirige. » D. Badault.
Denis Badault avait, ce que l’on appelle « l’air de ne pas y toucher » ; c’est avec beaucoup de douceur, de bienveillance et d’humour qu’il transmettait ses attendus, souvent élevés, et qu’il invitait à entrer dans son monde, riche de fantaisie, de virtuosité, de musicalité et d’humanité tant il est clair que ces deux derniers mots ne faisaient qu’un pour lui.
Il a amené chaque musicien sur des chemins inconnus et par là, a révélé le meilleur de chacun.
Cette « si douce » aventure, qui a nécessité 2 années de travail entre son écriture et son enregistrement, a été plébiscité par la presse, il y a dix ans déjà :
Nice Matin : « … C’est du bon jazz avec des bases classiques, de biens jolies phrases comme dans le premier titre L’Anapausis de la septante, mais aussi un peu de folie : un zeste de solo de flûte ici, un peu de fusion là … au total, vingt-et-un musiciens qui visiblement ne pataugent pas dans les étangs mais survolent majestueusement le jazz comme les flamants roses la Camargue. » (Décembre 2013)
La vie du jazz : « … On doit écouter So Sweet Suite comme on écouterait n’importe quel enregistrement de n’importe quel musicien de jazz de renom (et d’ailleurs Denis Badault est là) : on y trouvera le même plaisir, la même joie, la même énergie, la même vitalité, les mêmes plaisirs, le même enchantement, les mêmes bonheurs. On apprendra aussi que Bernard Gillet est un formidable saxophoniste (soprano et ténor), que Muriel Borie est une flûtiste délicate et précise, qu’Elisabeth Roux joue du baryton et Bernard Marquié de l’alto. Peu importe qui est prof à l’école et qui sont les élèves. Le jazz est partout dans les cinq plages vivifiantes de cet enregistrement… » (Décembre 2013)
Jazz magazine : « …. Philippe Guyon a confié l’excellent Big Band de son école de musique de Vauvert à Denis Badault, ressuscitant certaines couleurs de la bande à Badault sur de nouvelles partitions. Non contents d’en être dignes, les solistes y posent leur empreinte : économie angulaire de Bernard Gilet, souplesse de Bruno Hervat, réplique de Muriel Borie à Denis Badault dans la plus ambitieuse de ses pièces dont ils tirent toute la teneur en un poignant pas de deux … » (Janvier 2014)
Denis a beaucoup apporté au Big Band et à chacun de ses musiciens, qui se retrouvent aujourd’hui endeuillés.
« C’est avec stupeur et beaucoup de tristesse que je viens d’apprendre le décès de notre ami Denis Badaudt.
Le Big Band de petite Camargue avait enregistré et joué à plusieurs reprises en sa compagnie la création « So Sweet Suite ». Quels beaux souvenirs pour nous tous d’avoir travaillé avec cet immense musicien et compositeur ! » Philippe Guyon, chef d’orchestre du Big-Band.
Le Big-Band a mené à bien un autre projet après celui-ci avec Christian Lavigne, « El Mungo Pasa ». Le projet est tout aussi abouti mais le projet Badault restera dans le cœur des musiciens de l’orchestre à une place un peu spéciale : celle des toutes premières fois !
Merci Monsieur Denis Badault.
Références biographie : Wikipédia