Le public est saisi par les grandes toiles pâles où s’esquissent des silhouettes. En s’approchant, l’animal apparaît, puis semble disparaître à nouveau. Pauline Poissy nous montre la faune sauvage dans son environnement et sa fragilité. « Nous avons la chance de voir encore des animaux, mais certains disparaissent. » L’artiste observe la nature et se montre intarissable lorsqu’elle en parle. « Je peux décliner à l’infini ». Quand elle la dessine, elle respecte l’animal, le montrant tel qu’il est dans la nature, camouflé, craintif, aux aguets. Fascinée par le monde sauvage et les détails qui caractérisent chaque espèce, Pauline les dessine en détails mais laisse ensuite la peinture camoufler l’animal par des craquelures dont elle tient à garder le secret. Mystère de la nature.
Lorsque l’animal surgit, le spectateur le retient dans son regard, sans pouvoir le captiver. Le peintre utilise peu de couleurs, mais du relief et des craquelures. Avec le recul apparaît toute la splendeur de l’animal. De près, la patte de l’artiste, sa maîtrise de la technique. Une irrésistible envie de toucher démange celui qui contemple. Et pour cause, l’artiste explique qu’un atelier avec des mal voyants a changé sa vision de la perception d’une œuvre. Ses peintures en relief devenues tactiles ont permis au public de les ressentir. Elle a plongé dans le noir tous les spectateurs. Plus de voyants ou non-voyants. Les animaux ne se sentant plus observés se sont laisser approcher et toucher.
« Un travail poétique et sensible » selon l’adjointe à la culture lors du vernissage ce 19 juillet. Laurence Emmanuelli explique que l’artiste veut susciter le questionnement et la prise de conscience. Les peintures sont un appel à l’admiration mais aussi à la protection. Le public est d’ailleurs venu nombreux malgré la période estivale pour admirer les oiseaux de nos marais et en hommage à la tradition, deux beaux taureaux qui se font face, le camarguais et l’espagnol.
Originaire d’Ile-de-France, Pauline a migré dans le sud, tels ces oiseaux que nous avons la chance d’accueillir dans notre région et qui l’ont de suite attirée. Formée aux Beaux-Arts, l’artiste s’est intéressée à cette technique de craquelure qui lui permettait de représenter des peaux, carapaces ou plumages. Le rhinocéros a été le premier animal à l’inspirer, souvent couvert de boue sèche formant des croûtes. Dans l’exposition, il est le premier à être exposé. Une belle série de toiles visibles pendant deux mois avant de disparaître…
Exposition à l’espace Jean Jaurès à découvrir jusqu’au 28 septembre.
Sites de l’artiste : Paulinepoissy.fr Facebook Pauline Poissy