Nous sommes au beau milieu de la période de répression contre les protestants, mais également de l’épidémie de peste partie de Marseille. Les dragons du Roi sont présents dans tous les lieux ou la RPR « Religion Prétendument Réformée » est active. La révolte des camisards à pris fin en 1714.
Jean-Baptiste Boulay dit Beau-Soleil, natif de Nevers dans la Nièvre et faisant partie du régiment de dragons de la compagnie colonelle d’Epiney, décède le 2 septembre 1721 et est enterré au cimetière de Beauvoisin par le curé Dominique Bressan. Nous ignorons les causes de sa mort mais à la lecture des son acté de décès, nous pouvons conclure que ce n’était pas une mort violente.
Registre GG3 image 90
L’an que dessus [1721] et le second jour du mois de 7bre [septembre] est mort Jean Baptiste Boulay dit beausoleil de la compagnie colonelle du regiment despiney natif de nevers en nivernois nous curé present a esté enterre dans le cimetiere de ceste parroisse de beauvoisin le ledemain 3eme dudit [du dit mois] ayant reçu les sacrements de penitence et l’extreme onction presens plusieurs temoings qui on signé avec moi curé.
La ville était tenue de fournir logements et nourriture aux troupes ce qui pouvait représenter des sommes conséquentes et parfois obliger les commune à recourir à l’emprunt pour financer ces troupes.
Cette même compagnie avait probablement été divisée en plusieurs détachement afin qu’elle puisse accomplir ses missions dans plusieurs lieux simultanément.
En Mars 1721, ils étaient à Anduze et M. de Vincent, capitaine de dragons au régiment d’Epinay, qui expose que M. le duc de Roquelaure a fait venir a Anduze sa compagnie qui estoit en quartier a Castres, et comme c’est la première fois qu’il a eu de cavalerie a Anduze qui n’est pas un pays de fourrages, il y sont extrêmement chers et il est obligé de les envoyer en chercher a plus de deux lieues.
Du 10 juillet au 15 juillet 1721 cette compagnie du régiment d’Epinay comprenant 1 officier 9 dragons et 18 chevaux avait pris ses quartier à Revel près de Toulouse afin d’en garder les portes pour protéger la ville d’une épidémie de peste.

Pourquoi ces dragons étaient-t-ils à Beauvoisin ? L’hypothèse la plus plausible est que c’était pour contrôler les déplacements de populations afin d’éviter la propagation de la peste car en effet, depuis 1710, les relations entre catholiques et protestants se sont aplanies car seul le registre BMS catholique est renseigné.
1720-1722 – La Peste épargne nos villages

Le 25 mai 1720, le Grand Saint Antoine, navire porteur de mort, est de retour en rade de Marseille après un long voyage de près d’un an, qui l’a notamment conduit en Syrie ou il a chargé des soieries de Damas.
Cette épidémie de peste va se répandre dans toute la Provence et jusqu’en Gévaudan.
Sur les 400 000 provençaux, 100 000 vont périr soit 25% de la population totale. Près de la moitié de la population de Marseille et un tiers de celle d’Arles auront disparu à la fin de l’épidémie qui se termine en 1722.
Les villes et villages ayant été informés de ce fléau, se barricadent et imposent des règles strictes pour les déplacements.
Des laissez-passer sont obligatoires pour pouvoir se rendre d’un village à un autre.
Le sauf-conduit ci-contre est établi le 4 octobre 1720 pour, Alexandre Coulomb, consul de 28 ans «de taille médiocre [ordinaire] et aux cheveux châtains», à quitter Remoulins «où il n’y a aucun soupçon de mal contagieux» pour se rendre à. Le signataire, le juge-consul Fabre, «prie ceux qui sont à prier» de laisser librement circuler le jeune homme.
BMS (Baptêmes, Mariages, Sépultures)
Beauvoisin 1715 – 1730

Nous savons, par des écrits, que Nîmes fut épargnée mais j’ai pu constater que le village de Beauvoisin s’en était également très bien tiré. En effet, entre 1720 et 1722, on ne constate rien de particulier dans la vie du village, les Baptêmes sont toujours aussi nombreux, tout comme les Mariages et les Sépultures sont même plutôt faibles par rapport aux périodes précédentes et suivantes.
Ce soldat « Beau-Soleil » a donc certainement contribué à protéger Beauvoisin de cette épidémie de peste et repose loin de sa terre natale depuis lors.


