Le loto, un rendez-vous populaire et une dimension intergénérationnelle
La saison des lotos, qui se déroule généralement d’octobre à avril, a débuté à Beauvoisin avec celui du CT Lou Cosaque. Ces rendez-vous populaires se tiennent dans les grandes salles communales, les cafés de village, ou parfois simultanément dans plusieurs lieux lorsqu’il s’agit d’un événement d’envergure.
Différentes associations se relaient pour organiser leurs propres lotos : clubs taurins, équipes de football, comités des fêtes, et bien d’autres. À travers ces moments conviviaux, elles récoltent de précieux fonds pour leurs activités, grâce à l’engagement et au dévouement des bénévoles qui rendent tout cela possible.

» J’ai souvenir de cette époque, j’étais enfant, les lotos se tenaient au Grand Café Finiels ,au Café du Nord Avinens et au café du Commerce.. Des lotos de sociétés, le football, les boules, pour la chasse le gibier étaient suspendus à la devanture. Pour le loto des amis de l’école laïque, les enfants faisaient le tour du village et récoltaient 1 kg de farine, 1 kg de sucre , Dupuis celui qui ramassait les ordures du village avait donné un coq vivant. Un grand loto , il y avait 10 dindes et un gros lot, à Générac on disait le « train de plaisir », à Beauvoisin effectivement le gros lot, carton plein, était parfois un agneau qui déambulait dans le café paré d’un ornement (style ruban) que les enfants caressaient affectueusement. ». Jacky Tourreau
Les Gros Lotos des années 1980
À la fin des années 1970 et durant les années 1980, les « gros lotos » firent leur apparition. Les lots se firent plus prestigieux : appareils électroménagers, téléviseurs, voyages, et même voitures. À Beauvoisin, l’événement prend de l’ampleur , les différentes salles — celle de la mairie, les cafés, la salle polyvalente — étaient reliées entre elles par microphone, permettant à chacun de participer simultanément à la même partie.
Mais avec cette évolution, le loto perd peu à peu son caractère familial et son atmosphère chaleureuse d’autrefois. L’esprit simple et convivial des débuts, fait de rires, de complicités et de clins d’œil complices, céda la place à une organisation plus spectaculaire, où l’enjeu prit le pas sur la convivialité.
Une partie de loto


Tout commence par le choix des cartons, certains joueurs recherchent leurs numéros fétiches. Les habitués de ces soirées ont souvent leur place attitrée et forment, avec les autres passionnés, une véritable communauté. Sur les tables s’alignent les cartons — chacun composé de 27 cases dont 15 numérotées, à raison de 5 par ligne Autrefois, on marquait les numéros tirés à l’aide de grains de maïs, pois chiches ; aujourd’hui, les pastilles aimantées ont pris le relais. Il n’est pas rare que pendant la partie certains viennent échanger leurs cartons pour conjurer le mauvais sort, d’autres font confiance à leur « gris gris ».
L’annonceur vedette de la soirée
L’atmosphère y est particulière : concentration silencieuse entrecoupée d’exclamations joyeuses lorsqu’un joueur attend un numéro « va chercher » et « là » quand sa quine est complète.


Le « meneur de jeu », tire du sac les boules numérotées de 1 à 90 et les proclame d’une voix claire et assurée. Les parties obéissent à un rituel bien établi : elles débutent par les Quines (la ligne) et s’achèvent par les Cartons Pleins. Pour entretenir la bonne humeur, l’annonceur agrémente souvent sa lecture de clins d’œil humoristiques, souvent un numéro est rattaché à une figure du village ou un événement. Le 14 Bayo, l’homme fort et le 15 le cousin de Bayo, le voisin 34, 39 lou gardian et en principe on rajoute du Cailar ( Octave gardian célibataire chez Granon, du Cailar, en visite dans une maison close n’avait que 39 sous en poche, il lui manquait 1 sous, que ses camarades lui ont prêté), 16 elle coule à Bagnols, 51 « le Pastis », 80 « dans le coin » (pour sa place sur le carton) et 90 « lou papet » . Quand une série de numéros sortent en permanence, il n’est pas rare d’entendre « boulégue », remue les numéros.
Les gains actuels se composent plus volontiers de paniers garnis, de produits du terroir, de victuailles diverses ou de bons d’achat chez un commerçant. Il est un rituel lorsqu’un gagnant sort à une table d’offrir à son voisin de droite, de gauche ou de face un jeu à gratter du loto.
Le loto demeure avant tout un prétexte au partage, à la rencontre et à la convivialité — une tradition populaire qui, de génération en génération, continue de faire vibrer les villages.

Ses 90 balotes et ses jeux de mots, un ouvrage de René Domergue illustrations Eddie Pons avec la participation de Nicole Eyral de l’association Sian d’aqui.
