Qui es-tu Bohémien ?
« Je suis né dans la Manade Rouquette en terre Melgorienne au « Mas des Pauvres ».
Autrefois Manade Lhoustaud-Vedel ou Manade du Languedoc, elle devient ensuite Manade Lhoustaud -Rouquette avant que Georges Rouquette en prenne les rênes en 1970.
Georges Rouquette s’investit pour créer une race, la race Rouquette dont je fais partie.
Ma manade a connu de grandes gloires avec le Triomphe de Duc en 1975 et celui de Muscadet en 1998, tous deux ont remporté avant moi le fameux « BIÒU D’OR ».
Ma manade a connu aussi de grandes souffrances avec la mort d’un grand cocardier « Danton » en 2003 qui laisse mon manadier profondément marqué.
De là, les ennuis s’agrippent à la manade et ne desserrent pas l’étau.
2007 voit l’abattage du cheptel de la manade lors de la tuberculose qui sévit au pays et qui vide de son essence tout ce qui fait sa force.
Mais quand on vit dans un mas qui plus est un « Mas des Pauvres », on se doit de reprendre la manade en main et c’est ce que fait Georges Rouquette. Homme de passion, il rebâtit, il s’accroche, et remonte son cheptel.
Et c’est là dans ce mas que je vois le jour. Mon nom Bohémien me fut donné par mon manadier. J’avais tendance à aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte, d’où mes vagabondages dans les prés ; un nom tout trouvé qui me sied, au vu de mon caractère.
Mais malheureusement, il n’a pu voir le cadeau que j’ai fait pour la Manade, celui de lui rapporter le Biòu d’Or car Georges Rouquette s’en est allé un jour de mai 2019.
Vincent Rouquette son fils reprend la suite et continue l’œuvre de son père. Je pars conquérir ma notoriété dans toutes les arènes et en trois ans j’acquiers mes lettres de noblesse.
Le public adhère et croit en moi ; ne suis-je pas appelé le « TAUREAU DU PEUPLE » ?
J’ai pourtant face à moi des concurrents tenaces, sérieux.
En 2023, je mets mes marques et mon nom est lancé.
En 2024, je frise le Biòu d’Or face à un grand adversaire Castella (Biòu d’Or 2023) de la Manade Saumade,
En 2025, le monde de la bouvine suit mes courses avec attention ; et me retrouve en concurrence avec Vicaire encore un taureau de la Manade Saumade mais c’est moi qui remporte le trophée par 12 voix contre 10.
Le BIÒU D’OR est pour Moi, pour ma Manade, la Manade ROUQUETTE.
Un beau combat que ce trophée où j’ai dû démontrer tout au long de mes courses, mes qualités : Bravoure, prestance, anticipation, placement et finition à la barrière.
J’ai porté haut et fier les couleurs de ma Manade, rouge et jaune, comme le sang et l’Or, ne fais-je pas partie de l’étang de l’Or, mon pays? J’ai gagné de beaux trophées, j’ai couru dans de grandes pistes.
Ce trophée récompense tout un travail, fait en amont à la manade et mon travail fait en piste, car c’est moi qui me trouve face à mes adversaires, les raseteurs. Ils m’ont mené la vie dure surtout dans la prise des premiers attributs mais moi aussi je ne me suis pas laisser faire, à un contre dix, je ne me dérobe pas ; juste une mise en route mais sitôt passé ce moment, je suis tout autre et il fallait me compter lors du travail à la ficelle ; je prends, je fonce et je finis, en trois temps à la barrière ; je ne laisse rien passer, toujours sur l’ouvrage, je vais, je viens, je guerroie, je joue des cornes. Je suis présent, à droite, à gauche, en haut en bas, je suis là et j’honore mes couleurs. J’ai cette qualité d’accepter le raset en trois temps, l’approche, le rencontre et la finalité à la planche, parfois durement.
Je suis BOHÉMIEN, libre en piste ! Je suis BOHÉMIEN !
Puis-je encore les honorer longtemps ! Mais je sais que la relève est prête aussi, et elle attend, laissons passer l’hiver avant que le printemps ne revienne !
Toute ma petite histoire racontée dans ce résumé. « BOHÉMIEN qui n’a jamais connu de Loi, et j’irai loin bien loin comme un BOHEMIEN ! Je suis. »

© Emile Martinez



