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Le petit Rhône, sur la route d’Arles, après Saint-Gilles, n’est pas une frontière hermétique. Pourtant, combien d’entre-nous connaissent ce lieu tragique qui se situe à quelques encablures quand on emprunte la route des Saintes-Maries de la Mer ?

Oublié, cet endroit ? Peut-être fait-il partie de ces honteux secrets de famille que quelques générations dissimulent consciencieusement.

Ce 21 mai 2013, comme régulièrement depuis 2006, une cérémonie se déroule pour honorer les victimes d’une haine innommable et perpétuer cette douloureuse mémoire. Cet endroit, maintenant signalé par une sculpture, est le lieu où, comme l’indique la photo ci-dessus, le gouvernement de Vichy, avait construit un camp destiné à interner des « tsiganes » raflés un peu partout en France. Ce camp se voulait un « modèle » pour calmer les esprits étrangers qui y voyaient  tout simplement un système concentrationnaire. Ce  « modèle » aux petites cabanes de gardian, non isolées du sol dans cette région de marécages, infestée de moustiques l’été, balayée par le mistral l’hiver, l’absence d’eau et d’électricité, ont généré  des conditions sanitaires innommables. De façon à faire oublier ces vilenies les autorités préfectorales et municipales d’après-guerre, n’ont eu de cesse de « nettoyer » l’endroit. Il a fallu l’obstination de quelques uns et notamment, Esméralda Romanez, pour que ce lieu soit reconnu et matérialisé en cette semaine du traditionnel pèlerinage gitan des Saintes-Maries de la Mer,

Esméralda Romanez, une très rare auteure,  surtout poétesse dans le monde gitan, était là ce mardi. Dans son émouvante allocution, elle nous résume le martyre des gitans dès l’avènement du régime nazi : contrôles permanents, interdiction des mariages mixtes, stérilisation « eugéniques » des femmes, déportations massives pour en arriver, selon des officiers nazis, à une élimination de la moitié de la population tzigane d’Europe.  Malgré tout  ça, au procès de Nuremberg, aucune mention  de ce génocide. De cette triste constatation, naquit l’Association pour la Mémoire de l’Internement et la Déportation Tzigane dont Esméralda  toujours en lutte, est l’actuelle présidente.

Voici quelques extraits de son émouvante  allocution, recueillis lors de cette cérémonie.

Esméralda RomanezEn France, quelle fut la politique à l’égard des tziganes ? Traditionnellement, les sédentaires se méfient des nomades. Des 1912, est né le fameux carnet anthropométrique, qui doit être visé par les autorités à chaque déplacement. Tout comme les juifs, à cette époque, les tziganes sont victimes de discriminations et de persécutions. Le gouvernement de Vichy durcira encore cette politique. Dès l’automne 1940, il créera des camps de concentration réservés aux juifs et aux tziganes  (Argelès-sur-Mer, Le Barcarès). Ce camp de Saliers, est le seul créé à seul l’usage exclusif  des tziganes.  Jusqu’à 700 personnes s’entassèrent ici dans les conditions que l’on sait. Nous parlons d’hier…, mais aujourd’hui… ?  Sachez l’Union Européenne a validé la création des fichiers génétiques Roms avec prise d’empreintes pour les enfants mineurs. En Île-de-France,  nous assistons à la création de camps d’internement baptisés «  villages d’insertion »  Ces camps sont surveillés par des hommes et des chiens tenus en laisse. Ils sont munis de plaques métalliques qui empêchent tout regard à l’intérieur et où nos associations ne peuvent pas pénétrer.
Nous, enfants d’internés ou déportés, craignons l’absence de mémoire ou la répétition de l’histoire.

Yves Lescure est directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Pour mémoire, c’est André Boulicault qui en est le délégué régional et qui a organisé conférence et exposition au collège de la Vallée Verte. Vous pouvez retrouver sur notre site, un reportage que nous avions consacré à cet événement.

Yves LescureLe sens de ces commémorations, ce sont ces yeux qui nous regardent aujourd’hui,  et nous disent « regardez ce qu’on a fait de nous, regardez ce qu’on nous a fait, pourquoi ? »  C’est sur ce pourquoi qu’il faut s’interroger. Ce fut un paroxysme  du  racisme, de la brutalité, du crime. Mais les idées que sous-tendaient ce parti, elles existent toujours : ce  sont les idées de l’exclusion de l’intolérance et de la violence. Je suis frappé, encore aujourd’hui, d’entendre dans des tribunes des discussions sur un ton tout à fait banal, qui évoquent la création de milice populaires armées destinées à pratiquer une sorte d’hygiène sociale. Ce type de propos est entendu sans aucune contradiction, comme si c’était un phénomène banal. Cela invite, ni plus ni moins, à la brutalisation de l’état avec ses citoyens, à l’arbitraire de l’exclusion et de l’internement…. et plus encore. Nous retrouvons là, l’exact pendant des  théories que pratiquaient les nazis. Nous ne devons pas accepter ce type de raisonnement ou de propos dans notre société.

Outre ces  personnalités, on notait la présence d’Hervé Schiavetti, maire d’Arles entouré des élus de Fourques et Arles, des personnalités militaires, de présidents d’anciens combattants, de prisonniers et de déportés.

Hervé Schiavetti, Maire d’Arles

Luis Ruiz, slameur, photographe

Président des Associations de Résistants et Internés

Représentante de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
Couleurs de Roms

   Edmond Lanfranchi

Guy Roca

Avec quelques amis intéressés par l'écriture, la photo, la vidéo, les nouvelles technologies de la communication, nous avons créé Vauvert Plus en novembre 2010. Avec la même passion, la même ardeur, la même ambition, je participe aujourd’hui à la belle aventure de VOIR PLUS, le journal numérique de la vie locale et des associations, de l’actualité culturelle et sportive en Petite Camargue.
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