Il vivait déjà sa passion de la tauromachie à travers son fils Folco, ancien torero, maintenant à la retraite il va pouvoir s’y adonner pleinement. Franz Jullien est revenu à Vauvert après avoir passé quarante ans à Paris au Muséum national d’histoire naturelle. C’est la passion qui a guidé toute sa vie, avec dès son jeune âge l’amour de la nature et des animaux. « Ma chambre était un vrai musée, cela rendait fou mon père » raconte-t’il. Son père c’était Robert Jullien, percepteur à Vauvert.
Lorsqu’un DUT de technicien naturaliste s’est créé, Franz n’a pas hésité une seconde. « Je suis sorti major de la première promo ! » A peine formé il est embauché au musée, une aubaine car peu de postes s’offraient à cette formation pointue. Il y restera jusqu’en 2018, responsable des collections herpétologie, reptiles (lézards, crocodiles, tortues, varans, serpents, tortues…) et amphibiens (grenouilles, salamandres, tritons…), qu’il a restaurés entièrement. « Quand je suis arrivé, la chaire était abandonnée. Le professeur Edouard-Raoul Brygoo, un général médecin militaire, parasitologue reconnu, nouvellement nommé, m’a transmis sa passion, un homme remarquable. Sa porte m’était toujours ouverte. Il m’a laissé carte blanche pour les collections. Je les ai toutes restaurées et naturalisé les squelettes. »
Puis avec les grands travaux du président Mitterrand, il y a eu le réaménagement de la grande galerie. Franz était conseiller scientifique et technique pour la cellule restauration. « On a remis en état tout ce qui s’y trouve aujourd’hui, c’était un no man’s land ! » La galerie était restée fermée trente ans et il n’existait pas de techniques, les vieux mannequins en plâtre étaient très lourds. « On a tâtonné, regroupé nos connaissances et élaboré de nouvelles techniques. »
Les animaux sont devenus plus légers, en résine ou en mousse de polyuréthane, puis est venue la technologie 3 D que Franz a mis en place avant de terminer sa carrière. Cette technologie permet de reproduire des pièces fragiles sans les manipuler en les réparant virtuellement. Les restes humains de « personnes nommées » sont souvent des sujets sensibles comme les crânes Maori, la Vénus hottentote, ou encore chef calédonien Ataï dont il a participé à la restitution.
« Le pire à naturaliser, c’est l’animal domestique »
Retour en Petite Camargue pour vivre proche des toros et des biòu
« J’ai transmis tout mon savoir et mes archives. Maintenant en route pour de nouvelles aventures. »
S’il a aimé son métier passionnant et innovant, le Vauverdois pensait depuis des années à son retour en Petite Camargue pour retrouver les taureaux et leur milieu si spécifique avec l’élevage extensif.
Son fils Folco qui depuis tout petit avait une adoration pour les toros était entre temps devenu toréro. « Il me tannait depuis des années. Je lui avais dit quand tu auras 14 ans. Il les a eu en novembre au Noël suivant, il recevait en cadeau un torillon pour toréer dans les arènes de Gallician ! »
« Son prénom est en hommage au baron ! » Franz rit de son prénom à lui, alsacien et de musicien.
Sa petite musique à lui était taurine et jouait à ses oreilles. Régulièrement il était revenu pour les ferias et autres manifestations en attendant l’heure de la retraite pour vivre proche des toros et des biòu, admirer et observer la biodiversité typique des prés foulés par le bétail et les chevaux « Je suis un écologiste scientifique ! » s’amuse-t ’il à dire.
Amoureux de cette nature gardoise, Franz accompagne Folco dans une petite ganaderia qu’ils ont créée aux Saintes avec l’ancien raseteur Joël Matray.
Son métier il a l’a exercé brillamment grâce à sa passion et sa passion il la vit pleinement grâce à ses connaissances. « Pour comprendre un animal, il faut connaître ce qui l’entoure, son milieu, ce sont des heures d’observation. » C’est ce qui a guidé toute sa vie.
Nathalie Vaucheret