Vous pestez après, si vous ne la retrouvez pas le matin quand vous vous habillez… puis vous l’oubliez complètement le reste de la journée. Jean-Claude Gagneux, lui, la chaussette, il la considère, il lui prête beaucoup d’attention, il la transforme en un véritable objet vivant. Elle le fascine, elle l’inspire. Au point d’avoir créé le « Le Conservatoire de Chaussette Seule » centre d’étude de la gémellité d’usage.
Le centre d’accueil de chaussette esseulée a pour objectif de recueillir la chaussette survivante, en perte de son double ; de lui trouver un nouveau sens et de l’intégrer dans un projet collectif pour mutualiser leurs expériences autour de projets innovants.
Installé depuis une trentaine d’années à Vauvert – il a été maître-nageur durant cinq saisons à la piscine municipale – l’artiste plasticien pratique l’art-performance, une forme d’art éphémère où le corps du performeur fait partie intégrante de l’œuvre. Sculpteur, musicien, photographe, Jean-Claude Gagneux en virtuose de la mise en scène, mélange les genres, invente un univers emprunt de poésie et d’humour décalé.
Tout a commencé en 1979, quand le prothésiste-dentaire qui s’adonne à la sculpture à ses heures perdues décide sur les conseils d’un ami de faire les beaux-arts. C’est à l’école de Nîmes qu’il va s’inscrire et se former. Il en sortira six ans plus tard avec le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique.
Utilisant tour à tour des objets insolites ou familiers, des instruments de musique traditionnels et ethniques, il réalise des sculptures et des installations contemporaines, introduit la vidéo, se met en scène et expérimente l’art-performance.
Freestyle Nunchaku (whistle fighting) – performance Gagnieux-Maoudj
En phase avec son travail d’enseignant à l’école des beaux-arts de Nîmes, Jean-Claude Gagneux, aujourd’hui, fait surtout de la performance.
« Je ne suis pas un artiste à programme, j’ai des intuitions, des idées, et puis, si j’ai un thème de travail, l’ethnie, le souffle, le son, le geste… je mets tout ça en mouvement. Ça fait des années que je travaille autour du tuyau, de la flûte et du drone, du chant et des rituels ethniques que je transforme, que je me réapproprie.
C’est basé sur l’imaginaire. Ce sont des objets qui ne veulent « rien dire » entre guillemets – il n’y a pas un début, une fin, ce n’est pas narratif – ce sont des gestes, des actions, des trucs avec des objets. Là, j’ai une collection de flûtes, je me suis amusé avec mes flûtes, j’ai fait des tas de trucs… j’ai soudé des flûtes dans un filet de pêche.
Je suis passé à la vidéo assez rapidement, une vidéo prise de notes, des choses plutôt drôles, rapides. »
Artiste plasticien, reconnu dans le milieu de l’art contemporain, Jean-Claude Gagneux expose et « performe » en France, à Marseille, Paris, Montpellier, Toulouse, Bédarieux, Lyon… et à l’international : Chine, Suède, Italie, Pays-Bas…
En cette période de crise sanitaire, il a un peu ralenti le rythme des créations. Pour la troisième fois, il a participé aux Journées Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes d’Occitanie le dimanche 11 octobre. L’occasion de réaliser deux nouvelles pièces et d’échanger avec les visiteurs, amis.
« Je fais une performance normalement en décembre… J’en fais beaucoup moins qu’avant. Lors du confinement, j’en ai fait deux… mais par internet. C’était bizarre, ça. C’était une expérience. »
Mais justement, l’insolite, l’original, l’expérimental ne sont-ils pas des facteurs fondamentaux de la démarche créative de l’artiste ?
