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Chapitre 3 : Les Saintes-Maries-de-la-Mer, un village en première ligne

La protection du village

Un village situé en bord de mer demande aujourd’hui une vigilance permanente. Même si les questions de réchauffement climatique ne se posaient pas encore au début des années 1930, à cette époque-là, on est déjà bien conscients, aux Saintes-Maries, que la mer avance et que les plages disparaissent peu à peu. Les récits des anciens, pêcheurs surtout, sont clairs : autrefois, on partait en charreton récupérer les maquereaux auprès des embarcations qui rentraient de mer. Il y avait donc plusieurs centaines de mètres à parcourir sur la plage. De nos jours, les vagues de la mer viennent lécher les digues de protection. Certes, avec les ouvrages destinés à casser la force de l’eau, on freine le phénomène. Mais à quel coût ? Et surtout : pour combien de temps encore ?

1928 – Blocs de pierre – Photo © coll. M. Taillet/Mairie SMM

Au début des années 30, Esprit Pioch, le maire, part en Hollande où les problèmes sont similaires, s’inspirer des méthodes mises en place. Il en revient avec l’idée des épis, les premiers, en bois. Dès son retour, il fait construire plusieurs épis brise-lames qui ne résisteront que quelques années. On a pu longtemps après apercevoir dans l’eau des restes de ces pieux. D’autre part, en plus des menaces venant de la mer, le village est à proximité d’un fleuve qui peut s’avérer dangereux en cas de crues. Le Petit Rhône, à l’égal du Grand Rhône qui l’alimente, est souvent en proie à des débordements. Des inondations sont ainsi régulièrement mentionnées en Camargue : 1840, 1843, 1846… et plus proche de nous, 2003, 2004.

Renforcement des protections

Les épis en bois ayant montré leurs limites, les mesures de protection évoluent, notamment au niveau des matériaux. La pierre fait son apparition. D’innombrables blocs sont acheminés des carrières pour construire digues et épis brise-lames. L’érosion continue et sous la municipalité de Roger Delagnes (année 1950), le poste de douane du Grau d’Orgon, à l’embouchure du Petit Rhône, entièrement sous les eaux. Par temps de « largade », la mer vient se briser contre les blocs de pierre. Grâce aux crédits accordés par l’Etat et le Département, 8 épis en pierre, s’avançant de 80 m dans la mer, sont alors construits. Un certain Dal Canto est le conducteur des travaux, également secrétaire de la Confrérie des Gardians.

Les mesures de protection contre l’érosion et les coups de mer n’auront de cesse d’évoluer et de se renforcer. Un organisme voit le jour, en charge de ces réalisations, le SYMADREM, Syndicat mixte interrégional d’aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer, un établissement public dont les recettes de fonctionnement sont issues des participations des collectivités membres et les recettes d’investissement de subventions publiques. Conduite par un directeur général, l’équipe du SYMADREM concentre trois grandes compétences : l’expertise technique (9 agents dont 7 ingénieurs), la connaissance du terrain (8 gardes-digues) et la gestion administrative et financière (7 agents). Depuis 2005, le SYMADREM a en charge l’entretien et la gestion de 240 km de digues parmi lesquelles on distingue trois types d’ouvrages :

  • Digues fluviales en terre 

Rhône et Petit Rhône rive droite de Beaucaire à la mer, petit Rhône rive gauche d’Arles à la mer, grand Rhône rive droite et rive gauche d’Arles à la mer

  • Digues fluviales en maçonnerie

Banquette de Beaucaire, quai de Tarascon et digue de la montagnette, quais du Rhône dans la traversée d’Arles

  • Digue à la mer

Du Rhône vif à l’ouest de l’embouchure du Petit Rhône au vieux Rhône à Salin de Giraud

Plus précisément, de Beaucaire-Tarascon à la mer, le SYMADREM intervient sur 220 km de digues fluviales, 5,5 km de quai maçonnés, 25 km d’ouvrages maritimes (Digue à la mer) et ses dépendances (épis, brise-lames, tenons). L’objectif à l’horizon 2025 est d’avoir un système d’endiguement entièrement sécurisé jusqu’à la crue millénale.

Là où les enjeux économiques et humains sont moindres, des installations de ganivelles (palissades en lattes de châtaigner) et des filets pare-sable tentent de fixer le sable et la végétation des dunes pour tenter d’enrayer l’érosion. Les Saintes-Maries seront-elles un jour une île abritant un vaisseau millénaire et solide comme un roc, l’église-forteresse Notre-Dame de la Mer ? Où bien la Camargue sera-t-elle un jour engloutie et sous les eaux de la Méditerranée ? Les hypothèses sont nombreuses et variées, selon que l’on est optimiste ou pessimiste. Nous ne le verrons sûrement pas, nous, les générations à venir feront alors avec les moyens de leur temps, pour résister ou se rendre…

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Journal numérique de la vie locale et des associations de Petite Camargue.
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