L’histoire a démarré avec son grand-père René Bouet, un berger passionné, qui aujourd’hui encore bichonne ses brebis. Ses parents fabriquaient déjà le fameux fromage frais après-guerre qui a donné l’identité de l’entreprise familiale, le Trident, avec sa feuille de laurier. Son petit-fils, Louis, sixième génération, a décidé de reprendre le flambeau après ses parents, Nancy et Stéphane, qui ont élargi la gamme avec des yaourts, tomme de Camargue et la gourmandise Camarguaise, un dessert lacté à la fleur d’oranger.
Il a souhaité aider à la concrétisation d’un projet qui a mûri une dizaine d’années. Avec sa compagne Salomé, ils n’ont pas 50 ans encore à eux deux mais une solide expérience professionnelle après école de commerce et un emploi dans deux sociétés internationales réputées. « Depuis tout petit je suis dans cet environnement », poursuit Louis, « je faisais les marchés. »
Le confinement a donné envie au jeune couple de revenir aux sources, leur décision a été accélérée. « On trouvait plus de sens à travailler ici » explique Salomé. Aimarguoise, elle est heureuse aussi de se rapprocher de ses racines. Ils ont apporté à l’expérience familiale leur dynamisme et modernité. « Il fallait se réinventer et innover ! »
Nancy, elle, n’en revient toujours pas. « C’est incroyable qu’ils nous aient rejoints, c’est un travail très différent et physique. » Mais pour Louis, c’est simple « il faut perpétuer la tradition de grand-père qui le tient de son arrière-grand-mère, mamé Roussette, née à Vauvert en 1855 ! »
A côté du laboratoire de fabrication trône désormais une boutique moderne qui rassemble une centaine de producteurs. Elle a ouvert le 14 novembre. Salomé montre fièrement la décoration et l’agencement qu’ils ont imaginé et réalisé. Le couple a passé beaucoup de temps à organiser le magasin, sélectionner les produits. Un moyen de soutenir les artisans et la crise a conforté le projet. « On a découvert des métiers, des régions, des éleveurs atypiques. » Ils ne veulent pas l’étiquette d’épicerie à touriste mais plutôt de vitrine de producteurs.
De belles photos retracent l’histoire de la fromagerie. Le brebis frais de la Camargue a eu différents noms, tomme d’Arles et aussi le gardian. Il était apprécié par le manadier Jean Lafont avec un filet d’anchois comme aime le raconter Nancy. « On en fabrique 500 à 1000 par semaine ! » précise Louis qui aimerait créer un couloir de visite pour montrer au public leur fabrication. Toute la famille met la main à la pâte pour faire chauffer le lait ou emballer. Le reste, c’est Florence qui garde bien le secret. « On va reprendre la fabrication de la tomme de Camargue que l’on a dû stopper avec les travaux » explique Louis, « mon grand-père l’avait appris d’un sarde. »
La famille ne manque pas d’histoires et d’anecdotes à raconter au public.
Mas du Trident 931 D 6572 de 8h30 à 19h et dimanche matin.
Renseignements 04 66 88 20 19