Jacqueline Amphoux, figure marquante de Beauvoisin
Jacqueline a marqué, dans une certaine mesure son époque et son village, fille unique de Henriette et Charles Amphoux, viticulteur à Beauvoisin. Elle est née en mai 1923 à Junas, village d’origine de sa maman mais ses racines sont à Beauvoisin.
Très vite son esprit libre s’impose, moderne avant l’heure, elle ne s’embarrassait pas des conventions établies comme le racontent Lucie Barbant et Colette Bres, ses parentes » Attachante et indépendante avec un caractère très affirmé. Sportive, une des premières à jouer au tennis en 1938, elle montait à cheval, faisait du vélo et pratiquait le ski ». Lucie se souvient » à l’époque les hivers étaient plus rigoureux, il neigeait. Jacqueline montait au pic des Ânes et faisait des descentes, les villageois s’en souviennent encore ».
Cheftaine de cadettes et animatrice de théâtre, elle a marqué toute une génération. Une paroissienne très engagée dans la vie de son église réformée, organiste elle accompagnait toutes les célébrations au temple.
Jacqueline a vécu avec ses parents, le mariage » son père, confie Lucie, aurait bien aimé la marier a un célèbre manadier, ami de la famille, ce ne fut qu’un souhait … ».
Jacqueline était très attaché à sa région, son village et son histoire, elle faisait partie de l’association la Remêmbranco pour l’histoire et la maintenance du patrimoine de Beauvoisin.
La poésie , sa passion.
Une passion de jeunesse, une écriture facile, de nombreux événements et monuments du village ont fait l’objet d’un poème, une œuvre prolifique comme le centenaire de l’école, la vigne, les oreillettes, la course camarguaise, l’horloge, l’auberge des Guirannes, la fête du village ou le pont de Gouzilles. Tout était prétexte à un écrit. « Chaque occasion familiale ou amicale, mariage, naissance, anniversaire, faisait l’objet de sa prose, se souvient Colette, et même de ses éclats de voix ».
Ses éclats de voix comme ce poème « Honte aux conseillers municipaux « qui avaient osé enlever la flèche de l’Horloge. Une Horloge chère à son cœur, elle souhaita une halte à son pied le jour de son enterrement, désir qui fut exaucé un jour de janvier 2016.
Nombre de ses œuvres furent couronnées de prix littéraires, preuve de son talent.
FETE VOTIVE
La fête, à Beauvoisin, chahute sur la Place.
En attendant l’assaut des chevaux, des taureaux,
Certain, en bavardant, en riant, se replace
Des lustres en arrière, aux rites ancestraux.
Mais voici qu’un “aouh” prévient les aventures
Puis la foule se fend, ses visages craintifs
Le groupe équestre arrive et ses blanches montures
Encadrenet les bœufs noirs aux desseins fugitifs.
Les manèges jouyeux attendent la jeunesse,
Amusent les enfants, les parents sont heureux
Les baraques de tir mesurent votre adresse,
Partout, plane l’odeur des beignets savoureux.
L’ensemble musical anime la terrasse
Des cafés bien peuplés, le soleil frappe fort!!
En ce joli mois d’août, la semaine se passe
En complète liesse et molle dans l’effor
LE DIEU TAUREAU
Ô! dieu majestueux, taureau de la Camargue,
Le peuple du Midi t’adore et t’appartient;
Et si l’homme du Nord, en souriant, te nargue
C’est qu’il n’a pas connu le pays d’où tu viens.
Tes cornes, en berceau, comme un croissant de lune
Se dressent vers le ciel, en hommage pieux,
Tes naseaux frémissants levés, près de la dune,
Hument le vent marin, pour toi, si précieux.
Quand la foule bruyante arrive dans l’arène,
Par un chaud jour d’été merveilleux, prometteur,
Elle attend le signal que la clarine égrène,
Pour vivre intensément son loisir enchanteur.
Puis , le soir, harassé, tu viens à la manade,
Pour rêver au succès de ton généreux sang,
Mais, oublier un peu la rouge barricade
Qui brise tout l’effet de ton corps bondissant
Quand les roses flamants vont dans leur citadelle
L’étang illuminé du flambeau de la nuit
Couché sur les grands prés, c’est dans la saladelle
Que tu dors, apaisé, quand le soleil s’enfuit.
CAMARGUE
Sous les ailes roses des flamants
Dont le vol palpite sous la brise
Quel merveilleux soleil couchant
Enflamma violemment
Le jour qui fuit
Sur les vastes étendues
De cette terre maigre et nue.
Ça et là , les noirs taureaux
Paissent et beuglent, tranquilles,
En levant le mufle vers les cieux.
Plus loin, les blanches cavales
Dans un envol de crinières opalines
Se poursuivent d’un mouvement capricieux
En galopades sentimentales.
Fier et élancé
Le héron cendré
Cherche dans l’eau sa pitance.
En costume glauque, le colvert
Mire son plumage sur l’onde calme
Au milieu des roseaux.
L’aigrette de neige fleurit les grands pins parasols
Tâches sombres sur l’horizon bleuté.
Les talus verdoyants, piquetés d’or par les iris
Et armés de brunes chandelles
Abritent des insectes, le monde mystérieux.
O! Belle Camargue!
Dans ta nature si sauvage
Souffle un zéphir de liberté.
Dans ton silence,
Egratigné de cris d’oiseaux,
Emerveillés, les citadins lassés,
Viennent se reposer de leur destin odieux,
En regardant passer
Les fringants cavaliers
Sur leurs blancs chevaux fougueux.