You are currently viewing Jacqueline Amphoux, une poétesse libre.
Jacqueline Amphoux 1940

Jacqueline Amphoux, figure marquante de Beauvoisin

Jacqueline a marqué, dans une certaine mesure son époque et son village, fille unique de Henriette et Charles Amphoux, viticulteur à Beauvoisin. Elle est née en mai 1923 à Junas, village d’origine de sa maman mais ses racines sont à Beauvoisin

Très vite son esprit libre s’impose, moderne avant l’heure, elle ne s’embarrassait pas des conventions établies comme le racontent Lucie Barbant et Colette Bres, ses parentes  » Attachante et indépendante avec un caractère très affirmé. Sportive,  une des premières à jouer au tennis en 1938, elle montait à cheval, faisait du  vélo et pratiquait le ski ». Lucie se souvient  » à l’époque les hivers étaient plus rigoureux, il neigeait. Jacqueline montait au pic des Ânes et faisait des descentes, les villageois s’en souviennent encore ».


Au tennis 1938
Au tennis 1938

avec Fétiche le Cailar 1940
avec Fétiche le Cailar 1940

1946 en Arlésienne

Cheftaine de cadettes et animatrice de théâtre, elle a marqué toute une génération. Une paroissienne très engagée dans la vie de son église réformée, organiste elle accompagnait toutes les célébrations au temple.

Jacqueline a vécu avec ses parents, le mariage  » son père, confie Lucie, aurait bien aimé la marier a un célèbre manadier, ami de la famille, ce ne fut qu’un souhait … ».

Jacqueline était très attaché à sa région, son village et son histoire, elle faisait partie de l’association la Remêmbranco pour l’histoire et la maintenance du patrimoine de Beauvoisin.

La poésie , sa passion.

Une passion de jeunesse, une écriture facile, de nombreux événements et monuments du village ont fait l’objet d’un poème, une œuvre prolifique comme le centenaire de l’école, la vigne, les oreillettes, la course camarguaise, l’horloge, l’auberge des Guirannes, la fête du village ou le pont de Gouzilles. Tout était prétexte à un écrit. « Chaque occasion familiale ou amicale, mariage, naissance, anniversaire, faisait l’objet de sa prose, se souvient Colette, et même de ses éclats de voix ». 

Ses éclats de voix comme ce poème « Honte aux conseillers municipaux «  qui avaient osé enlever la flèche de l’Horloge. Une Horloge chère à son cœur, elle souhaita une halte à son pied le jour de son enterrement, désir qui fut exaucé un jour de janvier 2016.

Nombre de ses œuvres furent couronnées de prix littéraires, preuve de son talent.


L'horloge


L'horloge

FETE VOTIVE

La fête, à Beauvoisin, chahute sur la Place.

En attendant l’assaut des chevaux, des taureaux,

Certain, en bavardant, en riant, se replace

Des lustres en arrière, aux rites ancestraux.

Mais voici qu’un “aouh” prévient les aventures

Puis la foule se fend, ses visages craintifs

Le groupe équestre arrive et ses blanches montures

Encadrenet les bœufs noirs aux desseins fugitifs.

Les manèges jouyeux attendent la jeunesse,

Amusent les enfants, les parents sont heureux

Les baraques de tir mesurent votre adresse,

Partout, plane l’odeur des beignets savoureux.

L’ensemble musical anime la terrasse

Des cafés bien peuplés, le soleil frappe fort!!

En ce joli mois d’août, la semaine se passe

En complète liesse et molle dans l’effor

LE DIEU TAUREAU

Ô! dieu majestueux, taureau de la Camargue,

Le peuple du Midi t’adore et t’appartient;

Et si l’homme du Nord, en souriant, te nargue

C’est qu’il n’a pas connu le pays d’où tu viens.

Tes cornes, en berceau, comme un croissant de lune

Se dressent vers le ciel, en hommage pieux,

Tes naseaux frémissants levés, près de la dune,

Hument le vent marin, pour toi, si précieux.

Quand la foule bruyante arrive dans l’arène,

Par un chaud jour d’été merveilleux, prometteur,

Elle attend le signal que la clarine égrène,

Pour vivre intensément son loisir enchanteur.

Puis , le soir, harassé, tu viens à la manade,

Pour rêver au succès de ton généreux sang,

Mais, oublier un peu la rouge barricade

Qui brise tout l’effet de ton corps bondissant

Quand les roses flamants vont dans leur citadelle

L’étang illuminé du flambeau de la nuit

Couché sur les grands prés, c’est dans la saladelle

Que tu dors, apaisé, quand le soleil s’enfuit.

CAMARGUE

Sous les ailes roses des flamants

Dont le vol palpite sous la brise

Quel merveilleux soleil couchant

Enflamma violemment

Le jour qui fuit

Sur les vastes étendues

De cette terre maigre et nue.

Ça et là , les noirs taureaux

Paissent et beuglent, tranquilles,

En levant le mufle vers les cieux.

Plus loin, les blanches cavales

Dans un envol de crinières opalines

Se poursuivent d’un mouvement capricieux

En galopades sentimentales.

Fier et élancé

Le héron cendré

Cherche dans l’eau sa pitance.

En costume glauque, le colvert

Mire son plumage sur l’onde calme

Au milieu des roseaux.

L’aigrette de neige fleurit les grands pins parasols

Tâches sombres sur l’horizon bleuté.

Les talus verdoyants, piquetés d’or par les iris

Et armés de brunes chandelles

Abritent des insectes, le monde mystérieux.

O! Belle Camargue!

Dans ta nature si sauvage

Souffle un zéphir de liberté.

Dans ton silence,

Egratigné de cris d’oiseaux,

Emerveillés, les citadins lassés,

Viennent se reposer de leur destin odieux,

En regardant passer

Les fringants cavaliers

Sur leurs blancs chevaux fougueux.

Colette, Lucie et Nicole
Merci à Colette Bres, Lucie Barbant et Nicole Eyral pour cet article.
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