Robert Faure était proche de la famille et avait connu la manadière vers l’âge de 6 ans. « Elle venait à Lunel chez mes grands-parents qui avaient des vaches laitières. Je les suivais à l’étable. Grand-père m’avait dit, « tu sais, cette demoiselle, elle a des taureaux. » Cela me paraissait sublime. Moi j’allais déjà voir des courses et je me régalais. » Plus tard, Robert allait régulièrement rendre visite au mas Praviel. Petit à petit, il est devenu le confident de Fanfonne. Elle lui parlait, il écoutait. « Pourtant elle était assez réservée et n’aimait pas les photos, mais avec moi elle était très libre. » L’amitié a duré jusqu’à sa mort en 1989.
Le biographe et ami intime de la manadière vient de léguer au Musée Arlaten les effets personnels lui ayant appartenu et dont il avait hérité de sa nièce Mireille, et publie un quatrième ouvrage « Fanfonne Guillierme raconte sa Camargue » après trois précédents ouvrages épuisés. . « Ce sera le dernier » explique-t’il, « j’ai tout dit sur Fanfonne ! » Pourtant des histoires, des anecdotes, des souvenirs, des photos, l’écrivain en a énormément. Il repense souvent aux veillées au mas Praviel. « C’était merveilleux. Chacun racontait des histoires, des souvenirs, on chantait, récitait des poèmes. » Des moments chaleureux et vivants, qu’il a voulu consigner pour les faire perdurer. Fanfonne avait déjà plus de 85 ans. Elle parlait des personnes qu’elle avait rencontrées ou des anecdotes, comme celle avec Jean Hugo lorsqu’ils avaient envisagé de fabriquer une industrie à moustiques pour que les touristes ne viennent pas trop nombreux.
Robert a enregistré pendant des années la manadière, sa famille, ses gardians, les Reynaud, René Jalabert, les Hugo, Alain Albaric. Il se souvient avec émotion du premier ouvrage et une dédicace à Lunel accompagné de Fanfonne. « On entrait dans la librairie sous une haie de tridents. La file d’attente était impressionnante. Cette nouvelle présentation de la vie de Fanfonne est pratiquement une autobiographie retracée par l’auteur. « Fanfonne s’exprimera à la première personne cette fois ! » Un ouvrage chronologique, des photos inédites, des lettres, des poèmes. Le livre sera différent des autres mais ce sera le dernier. Robert a tenu à ce que Fanfonne s’exprime elle-même, comme il l’a ressenti lorsqu’il était à ses côtés à l’écouter. « Cela a été une belle expérience. Il me semblait qu’elle était là à nouveau. »
L’ami intime est serein. Il a respecté la volonté de la famille. La mémoire de la demoiselle est conservée au musée et ses paroles dans les pages de la biographie.