You are currently viewing Traditions : une grande famille passionnée et accueillante

De retour de Montpellier, au rassemblement pour protéger les traditions et le terroir le 11 février, les impressions et les émotions vibrent encore dans la tête. Quelques courbatures aussi, mais qu’importe ! Une journée comme cela ne s’oublie pas.

8h30 parking du Zénith. Il se remplit petit à petit et bientôt, avant le coup d’envoi, des centaines de chevaux et leurs cavaliers se préparent. L’ambiance est plutôt calme, peu de bavardages, chacun s’attèle à préparer les chevaux dans le froid encore hivernal. A côté, une famille de Saint-Maurice de Cazevielle. Une femme vient m’apporter du café. Ce simple geste résume beaucoup de choses. Le partage spontanément. La bouvine est une grande famille, peu importe qui l’on est et d’où on vient. Seule compte la passion des traditions.

L’organisation est parfaite. Le départ est lancé, le cortège se met en route. Les premières tensions avec les chevaux qui s’excitent un peu, pour certains la première sortie de la saison, puis la mise au pas, le parcours défile sous les sabots, direction centre-ville. Au loin, les gyrophares  de la police et la gendarmerie clignotent. La circulation est bloquée sur notre passage. Seuls les sabots résonnent. Une vision un peu surréaliste que les conducteurs immortalisent. Les véhicules en sens inverse ralentissent, klaxonnent, crient « bravo ! » La file de cavaliers s’étire à perte de vue, impressionnante et impossible de les compter. Ils semblent impassibles, droits, fiers, déterminés. Les photographes sont sur les ponts, les spectateurs en bord de route. Les Smartphones braqués sur nous. Le centre approche. Pour les cavaliers, même s’ils sont aguerris, c’est une sensation forte. Les chevaux sont braves et dignes comme s’ils comprenaient qu’ils contribuent à cette journée mémorable, à une belle manifestation au sens premier du terme, une démonstration d’amour des gens de bouvine.

10h30 arrivée au Corum après une petite frayeur lorsque le train est passé sur le viaduc et le cortège coupé en deux après la chute d’un cavalier. D’un seul coup, la foule, immense, qu’il faut traverser jusqu’au Corum, banderoles, pancartes, musique, pétards. Les chevaux semblent habitués. Je leur fais confiance, même si je redoute un débordement. Mais pas une pâte de travers. Nous voilà « parqués » sur le côté, face à la foule, en rangs serrés. Et là, l’attente, la tension, le froid, puis l’émotion. Les discours poignants mêlés aux images qui défilent dans les têtes, la vision de la belle Camargue en danger. Le temps ne compte plus. Quinze mille personnes à l’unisson qui savent pourquoi elles sont là et ne font que défendre bravement ce qui veut leur être retiré, ce qui leur appartient, mais qu’elles partagent volontiers.

Je n’ai pas voulu reprendre les discours, les magnifiques paroles, parfois très dures aussi, à l’image de leur vie parfois rude à laquelle ils sont dévoués, résumer, couper ou interpréter. Je souhaite humblement dire merci, avec de simples mots. Merci à la Camargue de m’avoir accueillie, à ses habitants de m’avoir ouvert leur porte pour mes reportages, d’avoir accepté qu’une Parisienne écrive sur leurs belles traditions. Elles me paraissaient être enfermées dans une tour d’ivoire, réservées aux initiés, aux gens d’ici et surtout pas aux « estrangers ». Quand on les découvre de l’intérieur, on ne peut que s’y attacher.

Merci à la manade de Franquevaux de m’avoir permis de mettre un pied à l’étrier et de faire un peu partie de cette grande famille, d’avoir pu découvrir, apprendre et comprendre ce qui lie les gens entre eux, ce qui fait leur quotidien et façonne leur passion. C’est pour ces raisons que je me suis joint à eux samedi à Montpellier. Je leur devais bien cela. J’admire leur amour de la nature, de leurs animaux et de leurs traditions, de leur dévotion. Leurs coutumes attirent l’admiration mais aussi l’attaque. Elles sont uniques et même si elles ne sont pas parfaites, la raison d’être de la Camargue, de son identité, de ses paysages, font vivre des familles, et unissent conditions sociales et générations.

Je fais le vœu que cette journée ne soit pas qu’un beau souvenir, un post éphémère sur les réseaux sociaux, ni le glas qui sonne, mais un éveil, un réveil et enfin une véritable reconnaissance.

Nathalie Vaucheret

Originaire de Paris et après avoir vécu quinze ans dans l‘Uzège, j’ai eu la chance de faire des reportages en Petite Camargue en tant que correspondante locale de presse. J’ai reçu un bon accueil, découvert de belles traditions, un magnifique environnement et de très nombreuses passions et initiatives que je me régale de faire partager dans mes articles.
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