Le Centre du Scamandre a accueilli, vendredi 16 juin, Frédéric Saumade et Marion Mazauric venus échanger autour du livre de M. Saumade : « de Walt Disney à la Tauromachie : élégie pour une mythologie animalière ». (référence faite au court métrage d’animation américain réalisé par Walt Disney Productions, sorti le 25 novembre 1938 « Ferdinand le Taureau »).
Né à Montpellier en 1961, fils de l’ancien président du conseil général de l’Hérault, Gérard Saumade – il a de fortes attaches au Cailar puisqu’il est le neveu du manadier Claude Saumade et cousin de Magali – Frédéric Saumade est professeur d’anthropologie sociale à Aix-Marseille Université et membre IDEMEC-CNRS. Il est devenu un des grands spécialiste des cultures taurines-équestres de l’Europe du Sud-Ouest et de l’Amérique du Nord. Il a réalisé de nombreuses investigations dans des spectacles tauromachiques, des rodéos et des élevages afférents, ainsi que sur les fêtes et rites qui mettent en scène le bœuf et le cheval. Il a aussi publié de très nombreux articles dans des revues scientifiques.
C’est Serge Colombaud, responsable de l’accueil et de l’animation au Scamandre, qui a introduit le sujet avec un tour d’horizon, sous forme de diaporama, des références (élogieuses ou critiques, parfois violentes) à la tauromachie à travers les réseaux sociaux, la musique, le cinéma et jusque dans les dessins animés.
Ce sont ensuite des échanges entre Marion Mazauric et Frédéric Saumade qui nous ont conduit aux confins des territoires de notre planète, ayant une culture tauromachique ou équestre.
Dans ce mano à mano, il a été question de la relation entre l’homme et l’animal. Il a aussi été question de la comparaison entre traditions camarguaises, andalouses, mexicaines, texanes, toutes issues d’un travail d’élevage, dont la disparition entrainerait de facto, l’extinction en chaine d’une faune et d’une flore protégées par le pastoralisme.
Il a bien sûr été question de vie et de mort, de culture extensive et de culture intensive, de « pro » et d’« anti », Marion Mazauric constatant que les attaques perpétrées à l’encontre des traditions tauromachiques en France et ailleurs dans le monde, avaient eu pour effet d’augmenter considérablement la vente des ouvrages dédiés à ces pratiques et la fréquentation des arènes. Frédéric Saumade rappelant à son tour que « pro » et « anti » n’étaient que les deux faces d’une même fascination pour l’animal.
Il fut également question d’art, de lobbying, d’arithmétique et de science pas si fiction que ça !
Marion Mazauric nous invite à nous interroger, citant l’auteur Catherine Fradier, dont le livre, « Nous aurons pour nous l’Eternité » aborde l’alimentation de demain… et demain, c’est déjà là !
En effet : « Memphis Meats, pionnière dans la « viande propre », conçue à partir de cellules musculaires animales dans laquelle ont récemment investi, entre autres, le milliardaire et philanthrope Bill Gates (fondateur de Microsoft), Richard Branson (patron de Virgin) et Jack Welch (ancien PDG de General Motors), a pour ambition de fabriquer la bidoche du futur : une viande dite « propre », conçue à partir de cellules musculaires animales, élevées non pas en plein air mais en laboratoire dans une boîte de Petri. Depuis mars 2017, cette start-up de la Silicon Valley a débuté la production de viandes de poulet et de canard, sans élevage, totalement artificielles. » extrait d’un article de Matthieu Delacharlery pour TFI INFO 20/11/2018
Frédéric Saumade souligne, quant à lui, que les idéologies qui revendiquent l’interdiction de la tauromachie, l’arrêt de la consommation de viande et plus largement, l’arrêt de la domestication et la « libération » des animaux, ramenant l’homme à l’ère paléolithique, font le lit de la cause capitaliste, bien plus sûrement que celui de la cause animale.
Pour Frédéric Saumade, la tauromachie EST communion entre l’homme et le taureau.
Pour Marion Mazauric, la tauromachie EST une contreculture nécessaire.
Une conférence intense, argumentée et dépassionnée qui pose questions. Public et intervenants se sont ensuite retrouvés, non pas autour d’un banquet géant où les sangliers rôtissaient sur les broches, mais autour d’un verre de l’amitié où les échanges avec Monsieur Saumade ont pu continuer jusqu’à plus soif, entre deux dédicaces !
Bibliographie :
Frédéric Saumade : « de Walt Disney à la Tauromachie : élégie d’une mythologie animalière » Editions au Diable Vauvert
Catherine Fradier : « Nous aurons pour nous l’éternité » Editions au Diable Vauvert
Jocelyne Porcher : « Cause animale, cause du capital » Editions Le Bord de l’Eau
