You are currently viewing Quand les taureaux tiraient la charrue en Camargue…

« Anciennement, dans la Camargue et la Petite Camargue, on labourait avec des bœufs noirs. Les terrains ne se détérioraient pas. » Mais il fallait qu’on « fasse gaffe quand il y avait nécessité de dompter ces animaux farouches! » : disait Michel de Truchet, dans les années 1750.

On attachait ,à l’aide du « tire mole », double corde encore le taureau qui était accolé à un « dountaïre » et on commençait alors le dressage. Il arrivait alors que le nouveau venu prenait le dessus sur son vieux compagnon et brisait l’araire en filant vers la proche sansouïre.

Aussi, pour éviter cela, il arrivait souvent, nous dit Véran que la charrue soit attelée avec deux taureaux le « dountaïre » et le « sambejaïre ». Lorsque le jeune taureau a pris sa place entre les deux, on ôte le « sambejaïre » et on laisse seulement avec lui le « dountaïre ». Ce n’était pas chose facile.

Dans un très beau livre « Le taureau, ce dieu qui combat », Marie Mauron nous parle de Rinétos, un vieux gardian qui fut un des derniers à labourer avec les biòus. Bien sûr, le labour n’était pas très rectiligne et on se chargeait de patience ! La libération des taureaux était très dangereuse. Un « tire mole » était passé dans le nœud coulant qui tenait aux cornes. En le défaisant, les bêtes se libéraient et alors, gare !

Il fallait se coucher dans le sillon tandis que les deux bêtes fonçaient avec fureur vers le troupeau tout proche.

Un autre système imaginé par un homme Jean Rat, gardian de Combet, puis du Marquis, au Cailar, consistait en un jeu de clavettes qui maintenait le joug en place et que l’on faisait sauter le travail terminé, au moyen d’un très long crochet. Mais le danger, une fois les taureaux relâchés, était tout aussi grand. Il fallait, en fait, beaucoup de cran. Et le travail était médiocre et de faible rapport.

De plus ces mêmes bêtes qui, libérées, rejoignaient la manade, étaient utilisées, lors des votes et ne perdaient donc jamais leur instinct combatif. En fait, il n’y avait pas de taureaux strictement réservés au labourage, on faisait appel à des bêtes de la manade qui, bien sûr, finissaient par avoir l’accoutumance du joug mais gardaient leur tempérament initial.

C’est, en fait, une page bien curieuse que l’histoire taurine de notre Pays.
Aujourd’hui, les engins mécaniques et l’agronomie actuelles ont remplacé taureaux et chevaux. On ne foule plus le blé sur l’aire avec l’aide de nos « Camargue », on ne voit plus de cocardiers attelés à la charrue. »

Renato

Mon métier, mes passions m'ont amené à beaucoup voyager et aimer ce monde qui m'a enchanté en connaissant des autochtones chaleureux et hospitaliers. L'amour de la Camargue m'a aussi permis d'être manadier. Merci, ma vie, pour toutes ces bonnes choses.
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