You are currently viewing Festival du Film taurin ou la Mémoire de la vie en Camargue

Depuis 27 ans, François De Luca organise un festival taurin à Saint-Génies-de-Malgoirès dans le Gard, à la limite des Cévennes.

 Ce festival a pour but de promouvoir les traditions camarguaises dans son ensemble, courses, manades, histoires d’hommes, de bêtes… tout ce qui fait la vie d’une région si particulière qu’est la Camargue.

Comment ne pas être en phase avec cette mémoire ! Il a fallu à François De Luca rechercher auprès des afeciouna, des archives, de la mémoire orale, pour faire de ce festival, un moment riche en émotion, en réflexion, et le faire ainsi vivre. Que de recherches, que de jours à monter les films, que de travail pour ce temps !
Que celui-ci ne soit pas éphémère mais perdure et pour cela, il serait judicieux qu’une section « Vie en Camargue » voit le jour aux Archives Départementales.

Puiser dans cette mémoire, faire connaitre dans le futur, le passé présent ! Conjuguer les trois temps, pour n’en faire qu’un ! Immortaliser nos traditions et Notre Camargue, pour le cas où…

Ce festival est une mémoire, il fait en sorte de la perpétuer, de laisser à d’autres, à ceux à venir de découvrir un monde qui appartient seul à la Camargue. Une force vive, qui porte cette région, qui porte cette vie singulière, faite d’hommes et de femmes parfois hors du commun ! C’est toute cette vie de tradition, de singularité que François De Luca veut démontrer, faire connaitre à travers ce festival. Il  est un support  de communication visuelle.

Monsieur le Maire de Saint-Geniès-de-Malgoires, Jean François Durand-Coutelle et Monsieur le Sénateur  Laurent Burgoa lancent le Festival, mettant l’accent sur la défense des traditions et sur la défense des Unions de la Tauromachie dans son ensemble même si la course camarguaise prime dans les terres de Camargue.

Un très gros succès malgré un temps de fortes pluies, samedi et dimanche ont vu la salle pleine.

S’enclenchent alors les films… 22 films en tout.
Un panaché de films qui mêlent tout au long de ses 3 jours, le passé et le présent, les moments forts en émotions, les sourires, l’approche des hommes… Commençons par le passé, comme départ à nos traditions.

Mistral et Baroncelli, complémentaires mais si différents dans leur approche du peuple de Camargue

Frédéric Mistral, le chantre de la Provence ; poète, il défend la langue provençale et la culture régionale, mais à voir le film, seuls les félibres, les instruits, ont accès à cette culture. Il attend que l’on vienne à lui, alors que,

Folco de Baroncelli, va au devant de l’humble et lui donne ses lettres de noblesse ; il se met à son niveau et renonce à son bien-être pour créer la terre de Camargue, la Nacioun Gardiano, la croix camarguaise, la race des bioù, il est le serviteur de sa région, de sa patrie.  Il agit en Chevalier et met en avant un costume que les gardians portent toujours à ce jour, il les valorise ainsi ; il est et ils font partis du peuple de Camargue. Il donne aux Gitans le droit au Pèlerinage, honore Sainte Sara, la Patronne des Gitans, il reçoit en ses terres, les Indiens d’Amérique avec qui il restera en contact. Il se conduit en Chevalier, en Noble, et le Respect se fait au fil des années ; même les taureaux lui feront une haie d’honneur, quand il sera enterré au Saintes-Maries de la Mer. C’est dire l’impact d’un tel homme qui aura vécu parfois des moments difficiles, mais qui toujours aura cette force de caractère qu’ont les grands hommes à rebondir.

Instant Emotions avec 2 films, Monsieur Ronchon et Benjamin « la Passion aux bout des doigts »

Tous deux récemment décédés.
Ces deux films retracent la vie de deux hommes, handicapés qui ont par leur ténacité affronté la maladie à travers leur passion de la tauromachie.

Manu Pero dit Monsieur Ronchon contacte la poliomyélite à son retour du service militaire et reste 2 ans cloué sur un lit avant de remarcher avec difficulté mais de remarcher ; il s’investit et devient photographe et chroniqueur taurin et crée le trophée Pescalune en 1984. Il s’en est allé rejoindre son fils.

Benjamin, de par sa maladie, maladie de Duchenne, lourdement handicapé depuis l’enfance avec une espérance de vie de 25 ans, défie toute loi et s’éteindra  au lendemain de ses 40 ans rejoignant lui son père.
 Alors qu’il ne lui restait que deux doigts mobiles, il s’investit au plus prés de la course camarguaise en faisant des diapos à partir des photos que les photographes lui remettaient.

Deux destins, deux force de caractère, deux passionnés. Comme quoi, la passion fait se déplacer des montagnes de difficultés ; Un courage sans borne, sans limite, une envie de vivre, une envie d’être comme tout un chacun ; une belle leçon de vie !   

Instant Tendresse : Hommage à Marcelle avec « Nénette » la vache

Femme pétillante, boute-en-train, Marcelle se prend d’affection pour une vache de la manade Vinuesa, « Nénette ». Vache difficile, méchante, elle devient douceur à l’approche de Marcelle, mange dans sa main, l’attend au détour du pré et reconnait le bruit de sa voiture, elle est la seule du troupeau à lever la tête et à sa vue, se précipite vers elle en guise de bonjour.  La complicité entre ses deux êtres est belle à voir, pleine de tendresse, d’amitié entre une vache et une femme, c’est peu commun.

Instant d Amour : Ventadour, Manade Lafont

Deux fois Bióu d’Or, Ventadour est un taureau d’exception, mais dans ce film, il est peu retracé son parcours de cocardier, mais il est retracé sa vie dès sa retraite prise. Arthur Girard, retraité lui aussi, grand amateur du taureau, demande à Monsieur Lafont le droit de le nourrir dans les prés. Ventadour, édenté ne pouvait plus manger, Arthur Girard, lui faisait une pâté d’avoine  et d’orge et la lui portait deux fois par jour. La vidéo est belle, les prises de vue, font ressortir un être craintif, sans animosité, sur la réserve, attendant sa pitance. Un film tout en émotion ou deux êtres se cherchent, dans la vieillesse comme un appui sur ce temps finissant. L’émotion est au rendez-vous.
Si Ventadour meurt à 25 ans (c’est déjà vieux pour un cocardier) Monsieur Girard le suivra de près. Un très beau moment entre bête et homme.

Instant Courses camarguaises / Des Hommes

Avec des portait de :

Ziko Katif : Cinq fois champion de France et rétrospective de la finale 2015, sa première victoire où avec Gréco il fait une course phénoménale ; puis 2019, 2022, 2023 et 2024 concrétisent ce pour quoi il se bat, le Trophée des As

Ismael Oukharti :  sur un toucher à la tête d’un taureau, il prend plaisir et s’engage dans le course, il remporte en 2024 le Trophée de l’Avenir ; athlète confirmé, il monte au As cette année avec l’espoir de ravir ce trophée

Jeremy Ciacchini : Depuis ses 14 ans, son but, la cocarde d’Or. Gagnée déjà en 2018, il  ne s’en tient pas là et chaque année voit venir son envie d’aller plus loin.  Sur une course effrénée,  en rivalité avec Joachim Cadenas, il la remporte en 2024.

Joachim Cadenas : un film sur et de Joachim  Cadenas en noir et blanc « la Réflexion ». Comment appréhender et apporter à  la course,  la beauté du geste dans  sa charge, mettre le corps et l’esprit sur un même plan. Faire du raset un trois temps, la naissance, la vie, la mort… de l’éclosion vers la finition, la mort. Très beau film, une philosophie du temps d’un raset.

Sabri Allouani : un phénomène de la course camarguaise
11 fois champion du Trophée des As
Ce film ne retrace que  ses débuts avec en 1999 le trophée de l’avenir et en 2000 le 1er Trophée des As, et ses adieux en piste à Lunel 15 ans plus tard.
François De Luca prévoit de retracer totalement sa carrière dans un prochain film à venir.

Instant  mythique

La Manade Bon
 Il fallait mettre à l’honneur une telle Manade qui lors de la course au Grau du Roi a été éblouissante ; sept taureaux, 8 raseteurs, 3 blessés ; une course à nul autre pareille, faite d’actions, de courage, d’affrontements. Une course qui restera dans les annales de l’histoire de la course camarguaise.

La Manade Saumade et Castella
Sacré bióu d’Or en 2023, en 2024, Castella donne à la Manade son 7ème Trophée. Manade jeune, 50 ans quand même, elle obtient par un travail de sélection, une race de taureaux méchante, intelligente, avec de bon placement ; tout ce qu’il faut pour créer de l’émotion et de la passion. Avec Joachim Cadenas en l’année 2023, Castella aura été à son apogée, 2024, moins raseté, il perd de son aura mais obtient tout de même en rivalité avec Bohémien de Rouquette, le Bióu d’Or 2024.

La Manade Raynaud : 120 ans

Un travail sans faille, une famille qui s’investit et résiste à tous les éléments qui se mettent en travers de leur chemin ; une famille de courage, de valeurs qui porte la terre en eux. De belles et grandes âmes. Un plaisir que ce moment de partage, dans leur mas, avec leurs  ancêtres à écouter leur histoire.
Une ovation à leur entrée dans la salle. Un moment fort, tout en respect.

Un moment sourire avec la famille Granier

Depuis 20 ans, la famille Granier offre le 11 Novembre lors de la Journée de Fanfonne Guillierme la carthagène (faite par eux) dans les arènes de Gallargues-le-Monteux. Un moment de partage, autour d’une boisson de la région qu’est la carthagène.

Un moment festif  qui apporte son taux d’adrénaline

au vues des films de taureaux des rues, les Amazones,  Clip Clap taureaux traditions, Fab Passion, tradition passé « la Vague Humaine », au Plus près de l’Action, Action 24,  … qui emmène le public dans le moment plus populaire et festif où tout un chacun peut participer selon ses désirs, surtout une jeunesse toujours prêtes à en découdre.
De l’action, encore et toujours de l’action…

Monsieur De Luca a animé avec bonne humeur, sourire et verve ce festival qui se clôt avec le Maire de Saint-Geniès de Malgoires, Katy Guyot, Conseillère régionale, venus saluer la prestation de François De Luca.

Ont été présents aussi Bérenger Aubanel, la Nacioun Gardiano, les demoiselles d’honneur de la Reine d’Arles, les dames du Costumes, Anne Lise Chevalier et son équipe de musiciens provençaux. Le Capoulier, Philippe Reig, Gabriel Brun, Philippe Gibert et son équipe.

Si seule, la Manade Lou Simbeu a pu faire l’abrivado/bandido, le vendredi soir du fait d’une météo capricieuse, les courses au plan ont eu lieu au grand plaisir de la jeunesse le samedi et le dimanche.

Un jeune homme, Hugo Garcia a animé le temps chanson du vendredi soir, voix profonde et grave, Tiffany B. est intervenue le samedi midi et a offert un répertoire tout en voix, Ricoune, le dimanche midi a animé le coin apéro.  Les Uns Différents ont pris la relève en salle avant le début des films.

Déjeuner du matin offert, apéro du soir,  traiteur sous tente, tout pour une réussite que le mauvais temps n’a pas gâché.

Que dire sinon, remercier encore Monsieur De Luca pour son investissement, sa passion à montrer et démontrer que la Camargue doit encore et toujours perdurer et c’est à travers la connaissance de nos traditions que cela pourra encore exister. Il en faudrait si peu pour que tout s’arrête ; alors défendons notre culture, honorons la ! Vive la Camargue Libre !

Marie-France Sabatié

Passionnée de bouvine, je partage par l'écriture mon ressenti, ma passion sur ce qui fait la richesse de ce terroir, courses camarguaises, traditions, manades, ...
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