Un temps ensoleillé en ce dimanche qui annonce le début des courses par une journée dédiée à Fanfonne Guillierme. Une course aux As hors trophée, avec la Royale Fanfonne Guillerme réunissant cinq raseteurs, deux droitiers et trois gauchers. Une course jouée à guichets fermés. Une course attendue avec ferveur par les aficionados. Une course de début de saison où chacun, homme et bête doivent prendre leur marque.
Une course agréable qui a vu la domination de Joachim Cadenas dans un jeu où classe et combativité se sont rejointes tout au long de la course.
Vincent Félix, en très bon second droitier, a complété ce côté avec vivacité et élégance mais a manqué de pugnacité en fin de course.
Jérôme Martin, Nordine El Ghiati et Rudy Marquis ont mené le côté gauche s’impliquant au mieux pour la beauté de la course

Trajan et Cadenas, Maîtres du jeu
1 – PENEQUET
Entre et parcourt la piste : son poil d’hiver est encrouté de boue mais ses hautes banes lui gardent toute sa superbe. Il se met au jeu et prend les demandes qui sont couronnées de succès pour les prises d’attributs, coupe pour Félix, cocarde pour El Ghiati, et les glands pour Martin. On passe aux ficelles. Cadenas le sollicite mais Penequet se tourne plutôt vers son tourneur Miralles ; l’attention est à moitié au rendez-vous, mais Cadenas l’oblige à rentrer dans le jeu et sur une longueur, le taureau à ses trousses, le premier Carmen résonne. La ficelle s’effiloche ; Penequet, inconstant parfois dans ses charges peut être puissant et combatif et Félix en fait par deux fois les frais, le voyant se porter à lui avec fougue, le tout en musique couronnant ainsi sa poussée. Cadenas reprend la main, se porte à lui, coupe, Félix suit, coupe et finalement, c’est Marquis qui emporte la ficelle. Rentre sa seconde ficelle en musique après 6 Carmen entendus en piste. Penequet aura mis en jambes les raseteurs.
2 – ESQUIROU
Elancé, cornes hautes, légèrement recourbées, il joue de sa superbe mais se fait vite ramasser les attributs par Félix pour la coupe, Martin, la cocarde, Cadenas et Félix, les glands. Cadenas s’élance, se lance et l’entraîne. Fini pour Esquirou d’être docile, il faut combattre et c’est ce vers quoi Cadenas l’entraîne. Dans le jeu il est, dans le jeu il doit rester. Du coup, Félix et Martin en chassé-croisé le mènent dans une danse bien orchestrée le tout en musique. Cadenas reprend la main dans un raset de choix qui voit sa main caresser avec poigne sa corne pour la coupe des ficelles, le disque résonne, Félix sans se départir s’engage aussi, la droite est à son apogée, les deux hommes sont dans un duel franc, chacun mettant le taureau en valeur, faisant retentir Carmen sur des rasets de qualité. Cadenas finit par s’octroyer la ficelle. À la deuxième, Esquirou répond à une série bien engagée, droite, gauche, dans l’action ; Carmen dans la lancée. La ficelle se démarmaille tout au long du jeu et à la dernière minute sur le fil, Félix se l’approprie. Rentre en musique, par 6 fois Carmen en piste.
3 – JOCRUS
Rentre avec une pointe d’agressivité puis attend l’adversaire. Scrute la piste et pivote sur lui-même à la recherche de celui qui peut-être en fera les frais. Il est attentif au demandes, baisse la tête quand la main passe pour lui prendre ses attributs ; pas facile, on sent une agressivité poindre. Très belle poursuite derrière Cadenas. Jocrus mesure la contre piste, tape et soulève son mourre à la contre piste ; il n’est pas facile, il a l’âme du bagarreur. À Cadenas la coupe, El Ghiati, la cocarde et glands pour Martin et Cadenas. Aux ficelles, Marquis le cherche, il le trouve, poursuite jusqu’ à la finition, la barrière mais sa hargne, son élan le mènent à aller au-delà, sa puissance est telle, qu’il s’encastre dans les planches et le choc est si violent, qu’il retombe en contre piste se blessant à la patte. Obligé de rentrer, il laisse sur une faim, à revoir…
4 – TRAJAN

Un autre registre, une autre façon d’être. Vif et roumégueur, il scrute plus à droite, sent-il le danger ? Sent-il l’adversaire ? Il se cale côté toril. Là, il faut aller le chercher sinon… Cadenas et Félix feront le jeu car il délaisse la gauche…À droite toute…Cadenas essaye, le teste, Trajan aux aguets, observe tous les mouvements. Cadenas le décolle, Félix s’engage, la poursuite est là et il est chassé prestement. Martin essaye bien mais à quoi bon, Trajan n’en a cure de la gauche, il préfère se centrer sur la droite. Départ de Cadenas, mais départ de Trajan qui sur une poussée si forte oblige Cadenas à ne plus réfléchir ; direction les barrières son seul salut, ça vous coupe le souffle, arrivera, arrivera pas… ouf ; le Salut ! Quelle anticipation ! Quel raset ! Quelle puissance dans la course ! La pression est telle que le silence se fait ! Carmen en continue. Sitôt la grosse anticipation faite, Félix à la suite s’engage, qu’à cela ne tienne, Trajan continue sa poussée et Félix se trouve acculé à la barrière entre les cornes de la bête ! Ça refroidit les hommes ! Sauf Cadenas et Félix qui mènent un beau jeu, dangereux, il est vrai ! Il faut le chercher, rentrer en lui, le pousser dans ses retranchements et les deux hommes le font ; eux deux mènent la danse, eux deux mènent l’action et ont ainsi un partenaire digne du nom. Trajan domine mais Cadenas est à sa hauteur au point qu’à un moment, le taureau baisse sa garde envers lui et refuse deux rasets. Ils sont égaux : Félix est encore un rival, il continuera alors à l’honorer dans sa demande. Cadenas seul pourra lui prendre sur un coup de crochet coupe et gland. Trajan rentre les autres attributs sur l’air de Carmen, très applaudi ; par 5 fois Carmen en piste sur les actions méritantes pleines et entières.
5 – ZOCATO
S’adapte facilement au jeu, et tout rentre dans l’ordre, droite et gauche peuvent concourir. El Ghiati pour la coupe, Cadenas pour la cocarde, Martin et El Ghiati pour les glands. C’est le temps des ficelles. Petite série bien engagée, Cadenas dans la chasse aux ficelles, la main coupe, puis droite et gauche dans un travail sérieux, Zocato dans des réponses honorables. Cadenas dans la recherche de la perfection sur un raset s’en va lui cueillir la première ficelle. À la deuxième, Marquis le mène à la barrière en musique, très belle anticipation sur Cadenas qui se refugie aux tubes, Martin le voit fondre sur lui, il défend au mieux sa ficelle dans un travail régulier. Rentre sa ficelle en musique par 4 fois Carmen en piste.
6 – MANESCAU
Très belles cornes quoique émoussées en berceau, il offre alors à toute main ses attributs. Cadenas rallie les troupes et encourage pour le passage et dans un beau raset soulève le gland. El Ghiati suit et deuxième gland, Cadenas pour la coupe et El Ghiati pour la cocarde. Reste les ficelles, Cadenas s’active, il gratte tant et plus, il en veut, ça pendouille mais ça ne part pas et il se remet encore et encore à l’ouvrage avec Manescau qui est tout en réponse. Le disque tourne. Les hommes s’engagent sous la poussée de Cadenas qui projette une série. Malgré ce, la ficelle reste rivée à la corne et c’est fièrement que Manescau la rentre en musique après avoir entendu par 4 fois Carmen.












