De ses mains adroites, elle pétrit et façonne l’argile qui se transformera au gré de ses intuitions en vase, coupe, figurine ou autre objet imaginaire. Du contact de la matière, elle tire son inspiration. Ses yeux, son regard, concentrés sur le travail de modelage, de polissage, de décoration, contrôlent la précision du geste. Avec patience et habileté, elle laisse émerger les formes, les expressions, les mouvements.
Éloïse, Mireille, Jacqueline, Paule, Maguy et quelques autres – des femmes essentiellement – se retrouvent tous les vendredis après-midi de 15h00 à 17h00 dans les salles de l’atelier modelage et poterie du centre culturel Robert Gourdon. Depuis plus de vingt ans, Colette Martinet prodigue ses conseils, transmet son savoir faire.
Colette a été initiée au travail de la terre cuite à l’âge de vingt-cinq ans dans un atelier de poterie du métro parisien. Les contraintes de la vie professionnelle et familiale l’obligent à interrompre cette activité quelques temps. Au début des années 90, installée à Sommières, elle intègre le centre culturel et assure très rapidement l’animation de l’atelier modelage. Tout comme Éloïse ou Maguy, elle a été marquée par la personnalité et la créativité foisonnante d’Yvonne Cabanis, la pionnière du centre culturel dans la pratique des arts plastiques.
L’activité de l’atelier ne se limite pas au modelage qui, constitue cependant la première étape – peut-être la plus créative – dans la l’élaboration d’un objet. Le processus de fabrication et long et minutieux. Prenons l’exemple de la « femme africaine » que réalise Paule à partir d’une photo et qui viendra, une fois terminée, compléter une fresque.
Paule a d’abord choisi un grès ton « pierre ». Il existe trois types de terre utilisés pour la poterie : le grès, la faïence et la porcelaine. Une fois modelée, elle a laissé sécher la pièce. Elle est maintenant en train de l’engober. (image ci-contre). Il s’agit d’appliquer sur la statuette un mince revêtement à base d’argile délayée pour en changer la couleur ou pour obtenir des effets décoratifs.
Après un nouveau temps de séchage, elle enfournera la pièce et procèdera à une première cuisson à 980°. Elle obtiendra le « biscuit » : un objet dur et solide.
Viendra ensuite la phase de l’émaillage. A l’aide d’un pinceau, Paule va appliquer des émaux de couleur – l’émail céramique est un verre liquide qui contient des oxydes métalliques -.
La pièce enfin sera cuite une deuxième fois dans le four à 1 250 ° pendant 12 à 14 heures.
Paule pourra alors apprécier son œuvre.
Manipuler la matière, faire naître sous ses doigts des formes nouvelles, libère l’élan créateur, procure plaisir et émerveillement. Éloïse ne nous contredira pas. « Parmi tous les ateliers que j’ai fréquentés au Centre culturel de Vauvert, celui de la terre m’a apporté beaucoup d’émotions et de surprises. Cette troisième dimension qui manque à la peinture et au dessin m’a comblée et enchantée ».