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Pierre Cuillé et Joachim Cadenas, invités du Café-débat

Quels points communs entre le chef de file de la fratrie Cuillé qui dirige aujourd’hui la prestigieuse manade de Générac et le jeune et intrépide raseteur Arlésien ? Ils partagent la même passion pour le taureau, ils représentent une génération qui incarne la relève de la course Camarguaise.
Mercredi 25 novembre, pour le dernier café-débat de l’année, Radio-Système en partenariat avec Vauvert-Plus accueillait au Bar des Halles Pierre Cuillé et Joachim Cadenas. Une émission publique animée par Dominique Peyre, Annelyse Chevalier et l’hôte des lieux, Hadrien Poujol.

La première partie de l’émission est consacrée à la manade Cuillé.

Tout a commencé au milieu des années 50 lorsque Eugène Cuillé, agriculteur à Générac, achète le domaine du Grand Badon, 450 hectares de rizières et d’herbages à Salin-de-Giraud (commune d’Arles). Le domaine jouxte celui des Marquises, propriété du manadier Paul Laurent. Les deux familles vont rapidement se lier d’amitié et partager la même passion de la bouvine et des traditions. Les taureaux de la manade Laurent pâturent sur la propriété du Grand Badon. En échange du loyer, Paul Laurent et Henri Laurent cèdent chaque année quelques vaches.

En 1971, les fils d’Eugène, Jean-Pierre et Philippe Cuillé, gardians amateurs, décident de créer leur propre manade à partir d’un lot d’une cinquantaine de vaches provenant de l’élevage Laurent (origine Baroncelli). Leur premier géniteur, Dauphin, est également un taureau de Laurent, d’origine Baroncelli, descendant de Vovo par Loustic puis Aragon.

L’élevage va bientôt connaître la notoriété avec Paco, Biòu de l’Avenir en 1978. L’année suivante, le même trophée est décerné à Rousset.

1981 et 1982 : Rousset amène à la manade le trophée suprême, le très convoité Biòu d’Or. Nouvelle récompense en 1983 pour Le Fri, Biòu de l’Avenir.
A l’orée des années 2000, l’élevage des Cuillé va encore être propulsé sur les devants de la scène avec Pythagore (Biòu d’Or en 2000), Guépard (Biòu d’Or en 2010), Mignon (Biòu de l’Avenir en 2010).

Cette année, un cinquième Biòu d’Or  avec Mignon, consacre une manade qui depuis 45 ans avec une belle régularité perpétue la race particulière des taureaux Baroncelli.

Pour Pierre Cuillé qui veille maintenant aux destinées de la manade avec ses frères et sœur (Vincent, Benjamin et Amélie), « la manade Cuillé, c’est avant tout l’histoire d’une famille qui s’efforce de maintenir un élevage et ses origines. Il ne faut pas avoir peur de dire qu’aujourd’hui les gens qui élèvent des taureaux défendent avant tout un art de vivre et des traditions ».

Famille Cuillé

Le Biòu d’Or 2015 offre une bonne transition pour la suite de l’émission.

Meilleur taureau de la saison à Mauguio, meilleur taureau de la féria à Nîmes, meilleur taureau de la finale du trophée Camargue Médical à Vauvert et Biòu d’Or 2015, Mignon a effectué 6 sorties cette saison avant la finale à Arles. Il a été élu taureau de l’année, obtenant 7 voix sur 18 exprimés, devant Garlan des Baumelles (5 voix), Greco de St-Antoine (4 voix) et Optimus des Baumelles (2 voix).

Pierre Cuillé : Mignon a eu une carrière assez longue. C’est un taureau qui a été étalon pendant 3 ans et c’est compliqué pour un taureau d’être reproducteur et de courir en même temps.
Il a gagné le Trophée de l’Avenir en 2010. C’est un taureau d’un grande régularité, noble au combat, qui pousse avec la tête, qui ne renonce jamais. Il a eu un accident assez important en 2014, il s’est arraché les ligaments du genou. On l’a laissé au repos pendant presqu’un an. Il est revenu en 2015. C’est un peu la conclusion de sa carrière. Nous accueillons ce Biòu d’Or avec beaucoup de satisfaction  et  une grande joie.

Hadrien Poujol : C’est très rare qu’un taureau qui commence en 2010, soit Bioù d’or en 2015, soit cinq ans après. Le top de la carrière de Mignon, pour moi, c’était avant sa blessure. C’était un taureau qui allait encore plus vite sur le raset que maintenant et qui en plus sautait derrière le raseteur. Il ne faisait pas le coup de barrière, il sautait derrière. Je me souviens en particulier d’un course à Lunel en 2012, où il avait été extraordinaire. L’action la plus marquante que je retiens cette saison, c’est pour la Palme d’Or à Beaucaire ; il a permis à Joachim Cadenas de réaliser un raset époustouflant  qui a soulevé les gradins.

Alors justement, que pense Hadrien Poujol du deuxième invité de l’émission, la révélation de la saison taurine, Joachim Cadenas ?
Joachim est un raseteur qui depuis deux saisons révolutionne à sa façon la course camarguaise. Ses rasets engagés ravivent les souvenirs de Soler et de Chomel dans le coeur des afeciouna. Notre façon de raseter, que ce soit Allouani, Auzolle ou moi, est différente. Nous partons de loin, nous savons raseter de près aussi mais nous le faisons moins à l’instinct. Les rasets de Joachim, c’est quasiment tout à l’instinct. C’est ce qui est rare aujourd’hui en course. Et c’est ce qui fait la différence entre lui et les autres raseteurs. Il n’est pas obligé d’en faire dix. Un seul raset suffit à faire la différence.

Joachim Cadenas - Le Grau du Roi, le 18 septembre Photo © Emile Grande
Joachim Cadenas – Le Grau du Roi, le 18 septembre
Photo © Emile Grande

Annelyse Chevalier complète le propos d’Hadrien.
Joachim Cadenas allie des qualités physiques évidentes (rapidité, puissance, explosivité) à un tempérament instinctif et à un sens inné du taureau. Il arrive à bien cerner le taureau, à bien rentrer en communication pour s’adapter. J’ai revu les images au ralenti de son face à face avec Garlan à Chateaurenard. Ce n’est pas un raset mécanique comme on en voit souvent. Dès le départ du raset, il accélère, puis ralentit, se fond au taureau. Cet ajustement quasi instantané, imperceptible pour le spectateur, me fait dire qu’il comprend le taureau. Il sait ce qu’il veut faire et ce que le taureau veut faire ou peut faire.

Pierre Cuillé n’est pas en reste.
Joachim pour moi, c’est quelqu’un qui aime les taureaux qui aime la tauromachie sous toutes ses coutures. Il a la passion des taureaux. Quand il affronte les taureaux, c’est un affrontement loyal et sincère et quand vous êtes comme ça, sans tricher face à un taureau, c’est là que vous montrez au public que vous êtes un grand raseteur. Et s’il continue comme ça, il part pour être un grand raseteur.

Au micro de Dominique Peyre, c’est un Joachim Cadenas plutôt timide et réservé qui dévoile un peu plus sa personnalité.

Ce jeune athlète de 20 ans (1m80) est né à Arles le 24 mai 1995. Il commence à raséter en manade, lors des ferrades, et dans diverses arènes de village à l’âge de 16 ans. Il se forme à l’école taurine d’Arles et débute en Ligue avant de participer ces deux dernières saisons au trophée de l’Avenir.

Prend-t-il trop de risques face au taureau ?

Non. Quand on rasète, on n’a pas peur. On sait à quoi on s’engage. Quand je suis en forme, si je peux le faire, je le fais. Si je ne suis pas en forme, je ne prends pas le risque de le faire.

Comment se prépare-t-il physiquement ?

Je ne suis pas de préparation physique spécifique mais j’essaie de rester en forme car les taureaux, eux, sont en forme. Je m’efforce d’avoir une hygiène de vie irréprochable (alimentation saine, pas d’alcool,…), je fais des exercices physiques, footing, fractionnés, étirements . Puis pendant la saison, on est pris dans le rythme des courses.

Ses projets pour la saison prochaine…

Si actuellement je me repose à fond, cela ne m’empêche pas de me projeter sur la saison à venir. Début mars, je commencerai à me préparer physiquement et puis j’attaquerai la compétition du Trophée des As.

Quels conseils Hadrien lui donnerait-il ?

Après cette saison où il s’est véritablement révélé, on fonde beaucoup d’espoir sur lui. Il a forcément changé de statut. Pour autant, il ne faut pas qu’il se mette trop la pression. Il ne faut pas qu’il change sa façon de raséter, sa façon d’être. Son seul objectif : progresser. Les organisateurs de courses vont lui demander d’assumer, d’être un peu la vedette. Moi, je vais plutôt lui conseiller de se régaler avant tout. Il ne doit pas nécessairement assumer le rôle de vedette, c’est plutôt à Zico Katif de le faire. S’il assume tant mieux, c’est très bien pour lui, mais il a le temps de faire tout ça. Il a 20 ans et il a 10 ans de carrière de haut niveau devant lui.

Réécoutez l’émission sur Radio-Système 93.7

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Guy Roca

Avec quelques amis intéressés par l'écriture, la photo, la vidéo, les nouvelles technologies de la communication, nous avons créé Vauvert Plus en novembre 2010. Avec la même passion, la même ardeur, la même ambition, je participe aujourd’hui à la belle aventure de VOIR PLUS, le journal numérique de la vie locale et des associations, de l’actualité culturelle et sportive en Petite Camargue.
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