Ce dimanche Olivier Heyte et Conrad Wilkinson nous ont présenté un florilège de mélodies françaises dans une mise en espace épurée avec un piano à queue et agrémentée de quelques diapositives faisant référence aux thèmes des mélodies chantées et destinées à créer une ambiance poétique. Les deux interprètes maîtrisent parfaitement l’exercice, le pianiste habitué des récitals et le chanteur avec une voix puissante et grave répondent parfaitement au genre raffiné de la mélodie, exigeant une excellente prononciation de la part de l’interprète. Le chant est accompagné par le piano, un accompagnement est tout aussi important que l’interprète, car l’art de la composition d’une mélodie réside aussi bien dans la prosodie du chant que dans l’atmosphère créée par le piano.
Une mélodie est dans la musique française une forme musicale particulière chantée sur un texte généralement emprunté à une œuvre poétique. La mélodie française naît vers le milieu du XIXe siècle, en France, elle est particulièrement attentive à la qualité et au sens des vers qu’elle met en musique. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, on note l’importante contribution de Léo Ferré au genre : 55 poésies de Charles Baudelaire, une quinzaine de poèmes de Paul Verlaine, d’Arthur Rimbaud et Guillaume Apollinaire. Le poème est le point de départ de la composition d’une mélodie. Ce genre est marqué par la clarté de l’expression et demande un style vocal particulier : des voix très souples, moins fortes qu’à l’opéra, avec une diction irréprochable, pour mettre en valeur les sentiments exprimés par l’œuvre.
Les mélodies présentées ce 17 février émanent de plusieurs compositeurs : « Les nuits d’été » d’Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier avec : Villanelle, Le spectre de la rue, Sur les lagunes, Absence, Au cimetière et L’île inconnue. Henri Duparc « trois mélodies » avec deux poèmes de Charles Baudelaire, La vie intérieure, l’invitation au voyage et Chanson triste un poème de Jean Lahor. Maurice Ravel « Don quichotte à Dulcinée » trois poèmes de Paul Morant : Chanson romanesque, Chanson épique et Chanson à boire. Conrad Wilkinson a interprété, seul, « Prélude en do mineur » de Léon Delafosse.
Olivier Heyte : 1er prix du conservatoire de Paris est nîmois et a commencé ses études dans la classe de chant du conservatoire de Nîmes avec son professeur, Andréa Guiot, qui l’incite à tenter le conservatoire de Paris. Il démarre le chant à 23 ans car avant de mener sa carrière musicale il décide de terminer ses études de psychologie. Longtemps baryton à l’opéra d’Avignon, il mène aujourd’hui une double carrière de chanteur lyrique et de professeur de chant à l’école de musique de la CCPC.
Conrad Wilkinson : Il s’est formé au London college of music et au conservatoire de Moscou. Il a été lauréat du « Holmes Prize » et du « john Ireland Prize ». Il maîtrise un large répertoire et il est sollicité aussi bien pour des récitals que pour des concerts. Il se produit régulièrement en France et à l’international et depuis 2016, il est en résidence au théâtre Minotaure à Béziers.
C’est une salle comble qui a ovationné Olivier Heyte et Conrad Wilkinson à la fin de ce concert dédié à la grande pianiste Michèle Voisinet. La présence d’un public aussi nombreux, témoigne de l’intérêt des habitants de la petite Camargue pour les concerts de musique du dimanche matin. Ces concerts sont possibles grâce à l’action de l’association des usagers de l’école qui se mobilise afin de faire partager les différents genres de musique et pour faire de ces rencontres, de francs succès.