C’est en 2006 à Vauvert, qu’Edouard Sentex a mûri son projet viticole « Un Coin Sur Terre ». À l’occasion d’un échange Wwoofing (World-Wide Opportunities on Organic Farms, en français « vivre et apprendre dans les fermes bio » ) il a rencontré sa femme, Lane, originaire de la Nouvelle-Orléans, pleinement impliquée dans le projet.
Nous nous sommes rencontrés à Vauvert, chez Jean-Paul Cabanis où nous faisions du Wwoofing (un système d’échange de travail contre une expérience agricole) et étions nourris et logés.
Nous avons un peu voyagé puis j’ai travaillé pendant sept ans au domaine viticole du Scamandre. Lane est parti travailler en Chine et j’ai décidé d’aller la rejoindre afin de découvrir autre chose de mon côté, de préparer ce projet viticole qui me tenait à cœur.
Le domaine Un Coin sur Terre
En 2015, nous sommes revenus sur Vauvert, c’est ici que notre projet a vraiment démarré. Avec l’aide d’une pépinière d’entreprise agricole qui s’appelle « Coup de pouce », qui m’a m’a permis de m’essayer en prenant 1 hectare en fermage chez Jean-Paul Cabanis et d’un financement participatif, je me suis installé en nom propre. Nous avons opté pour un nom commercial « Le domaine Un Coin Sur Terre » qui évoque notre histoire et notre enracinement entre Costières et Camargue.
Et donc aujourd’hui, on a 5 ha et demi en fermage, grâce à deux propriétaires différents, Monsieur Martin Festac qui a les vignes que Jean-Paul Cabanis exploitait auparavant et Monsieur Lilian Boisset qui est sagneur à Vauvert. Enfin, depuis deux ans, je vinifie le vin au domaine Barbe Caillette.
Les vendanges 2019 marquées par un été caniculaire exceptionnel
Après une année un peu compliquée par la météo extrême de l’été et l’incendie du 2 août, le jeune vigneron du domaine Un Coin sur Terre pouvait nourrir de légitimes craintes.
À partir de mi-juin, on a commencé à souffrir des premières chaleurs et le 26 juin, on a connu un cap de canicule exceptionnel qui nous a brûlé une partie de la récolte. S’est ajouté à ses difficultés, l’important incendie qui a détruit un certain nombre de ceps.
Nous sommes donc arrivés aux vendanges, un peu fatigués mais aussi en questionnement sur la qualité du raisin.
On n’est pas passé loin d’une calamité annoncée. Mais en ce début du mois d’octobre, alors que tout notre raisin est rentré, on peut dire qu’encore une fois, la vigne nous a bien aidés malgré tout ce qu’elle a subi cet été.
On a eu de beaux raisins, souvent un peu trop mûrs par rapport à ce à quoi l’on s’attendait. On a compensé cette sur-maturité avec les cépages un peu plus tardifs que l’on a ramassés un peu moins mûrs. On s’y serait pris une semaine avant, ça n’aurait pas été plus mal.
Un récolte inférieure de 30 % en quantité par rapport à l’année dernière
Les vendanges se sont déroulées dans de bonnes conditions. Elles ont commencé le 23 août pour se terminer le 15 septembre. Entièrement manuelles, elles ont occupé une dizaine de personnes autour d’Edouard Sentex..
Le matin de 7h à 13h, on récolte à la benne – ce sont des bennes de petite taille, ce qui nous permet de ne pas trop triturer le raisin. Ensuite, on rentre au chais avec les bennes, on mange tous ensemble puis on décharge la précieuse cargaison et on foule les raisins aux pieds.
On peut passer alors à la partie vinification. Celle-ci se fera de la façon la plus naturelle possible, essentiellement par les levures dites « indigènes » (naturellement présentes sur la peau des raisins). Sans sulfites ajoutés, sinon à des doses infimes.
Pour le reste, c’est à nous de nous débrouiller avec ce que nous donne la nature, ce que nous donne la vigne pour essayer de faire le meilleur vin possible.
J’aime bien dire que notre vin, une fois embouteillé, c’est du jus de raisin fermenté et élevé.
Faire un vin qui met en avant la typicité du terroir et le goût du raisin
Depuis 2015, année de son installation et de la création du domaine « Un Coin Sur Terre », Edouard Sentex s’inscrit dans une démarche de conversion à l’agriculture bio.
En agriculture biologique, on travaille avec un cahier des charges bien précis et assez réglementé, qui consiste à utiliser 2 produits uniquement pour toute la saison de culture, à savoir le soufre et le cuivre, à des doses homologuées. Et bien sûr aucun herbicide !
Alors afin de protéger les sols, de les enrichir en azote, on pratique l’enherbement naturel ou semé un rang sur deux qui permet de maintenir un couvert végétal. Cette solution contribue à améliorer la qualité de la future récolte.
Les vendanges passées, Edouard Sentex s’accorde un petit repos, le temps de « digérer le contrecoup des vendanges et le stress d’avant vendanges ». Mais ce n’est qu’un bref répit car outre les contraintes administratives et les nécessités commerciales, il faut garder un œil attentif sur la vinification et penser les prochains travaux de la vigne, griffonnage et ensemencement…
Aujourd’hui, le vœu le plus cher du vigneron d’Un Coin Sur Terre est de faire des émules, d’encourager un ou plusieurs jeunes agriculteurs à s’installer et à le rejoindre dans cette démarche bio, fondée sur le respect des cycles naturels, sur la spécificité des terroirs, dans une logique de développement durable.