Le complexe des étangs du Scamandre, du Charnier et du Crey en Camargue Gardoise fluvio-lacustre constitue l’une des plus grandes roselières de France. Ce sont 3 500 hectares de marais et de roselières repartis sur les communes de Vauvert, Le Cailar, Beauvoisin et Saint-Gilles. Ce territoire abrite des écosystèmes remarquables. C’est un site majeur pour la biodiversité et notamment l’avifaune paludicole. De nombreuses activités liées à ces milieux particuliers se côtoient : Chasse, pêche, récolte du roseau, élevage, écotourisme et conservation de la nature.
Depuis les années 80 on constate une forte dégradation de la roselière. Celle ci peut être imputée à plusieurs facteurs : Une mauvaise circulation de l’eau entraînant une turbidité quasi permanente et une augmentation de la salinité, ainsi que la présence de plus en plus visible de plantes envahissantes (Jussie, Baccharis,Amorpha fruticosa ). la pollution liées aux produits phytosanitaires est une autre cause probable.
Les différents acteurs qui utilisent ces milieux partagent ce constat. La dégradation des différents biotopes a un effet néfaste sur les intérêt socio-économiques et patrimoniaux.
L’envasement des roubines et des canaux conjuguées aux effets du changement climatique (diminution du débit du Rhône) ne permettent plus aujourd’hui à nos marais de se régénérer. Les eaux stagnantes entraînent leur eutrophisation. Des taux de renouvellement très faible favorisent également l’accroissement de la salinité. Les conséquences sur l’avifaune sont importantes et les chiffres sont éloquents. En 1992 40 mâles chanteurs de Butor étoilé était recensés en 2022 on en a détecté qu’un seul. Toujours en 1992 la population de Héron pourpré était évaluée entre 300 et 400 couples, aujourd’hui, les bonnes années, on arrive péniblement à 50 couples. L’effondrement des populations est plus difficile à évaluer pour les petites espèces qui vivent au cœur de la roselière comme le Bruant des roseaux, la Panure à Moustaches ou la lusciniole à moustaches. Cependant les opérations de baguages effectuées par le SMCG (R. Tiné) montrent une baisse des captures significative pour ces espèces. Pêcheurs et chasseurs constatent également une érosion des effectifs de poissons et d’anatidés. La qualité des roseaux se dégrade et les sagneurs ont arrêté d’exploiter de nombreuses parcelles. Par voie de conséquence l’entretien des roubines a été négligé. L’anthropisation des marais et les interventions humaines avaient un rôle positif. Elles venaient contrebalancer les effets négatifs induits par le creusement du canal du Rhône à Sète en 1806. Ce dernier empêchant l’alimentation en eau des marais à partir des eaux provenant des Costières.
En 2000 un plan de Gestion avait été établi mais presque sans suite opérationnelle. Aujourd’hui la Communauté de Commune de Petite Camargue, qui exerce la compétence en matière de Gestion des Milieux Aquatiques et de Protection contre les Inondations, projette d’améliorer la gestion du complexe des étangs des étangs du Scamandre, du Crey et du Charnier. Notamment par des travaux de restauration de la circulation et de renouvellement des eaux des étangs et des roselières.