2ème partie « du père-noël, à l’art africain »
Pour être une artiste complète, artisane de ses œuvres, il a fallu l’intervention du père-noël.
Nous sommes en décembre 1963 et alors que la ménagère rêve de sa première machine à laver, Huguette s’émerveille à Noël devant son premier appareil à souder à l’arc !
Elle prendra quelques cours et lira des revues techniques (eh oui chers lecteurs, les tutos « Youtube » n’existaient pas encore !!) et même si ses points de soudure « font sourire les spécialistes », Huguette est désormais maître de ses œuvres, libre de ses créations.
Quelques temps plus tard, le couple va acquérir sur les bords du Vidourle, un superbe moulin… et un bel atelier !
Elle va y créer un bestiaire fantasmagorique dont les formes toujours plus abstraites ne convaincront pas toujours l’entourage. Entre les critiques et son attachement presque affectif à ses créatures, Huguette laissera encore quelques années ses créations dans l’ombre de son atelier.
Elle et Jean voyagent beaucoup avec dans leurs valises, l’appareil à souder ! Les structures sont de plus en plus monumentales et certaines seront abandonnées au moment des départs. Il en fut ainsi à N’Djaména et au moulin de Sommières.
« En Tunisie, il m’est assez facile de travailler car on trouve des objets en fer de bonne qualité : clés, peignes de tisserand, fers à cheval ou à âne, fer à béton. En Afrique centrale en revanche, j’ai du mal à trouver du fer lourd et j’utilise le tout-venant : carcasse de selle de vespa, tombées de grilles, pièces d’exercices en atelier d’Ecole technique. »
Fidèle à ses racines, Huguette ne s’en laisse pas moins influencer par l’art Africain, largement perceptible dans quelques-unes de ses structures.
De son séjour au Tchad, naîtront entre autres :
- En 1972, AZTEQUE, réalisé avec des pièces d’exercices du Lycée Technique de N’JAMENA
- TETE DE LION, réalisé avec une selle de Vespa chinée au marché de N’DJAMENA et des tombées de grille
- PETITE CHOUETTE, avec des tombées de grille
- Et la GRUE COURONNEE
Sa matière première, rare en Afrique Centrale, devient une denrée précieuse sur le vieux continent puisqu’à son retour d’Afrique, Huguette fera le constat que les vieux outils ne se trouvent plus chez les ferrailleurs, mais à des prix exorbitants, chez les brocanteurs.
Cette « pénurie » d’outil la conduira tout droit à sa période « tôles froissées ». Leur manque de résistance à l’oxydation conduit Huguette à peindre ses œuvres pour un « résultat discutable » dira-t’elle.
Entre deux créations, Huguette développe sa culture artistique
« A l’époque de la création du Centre Universitaire Expérimental de Vincennes, j’ai l’occasion d’en fréquenter le Département Arts. Je découvre l’évolution de l’art contemporains, dont le cinétisme enseigné par Franck Popper. Je cours les expositions, me familiarise avec les créations de Tinguely, David Smith, Antony Caro, Julio Gonzalez.
Toutes les occasions sont bonnes, surtout les voyages, pour visiter les musées ou les expositions de pleine rue, comme à Chicago, l’immense stabile de Calder devant le Federal Center, la grande tête de femme de Picasso devant le Civic Center, ou encore, au Japon, le parc d’art moderne de plein air à Hakone. »
Pendant longtemps, quand on demandait à Huguette de se définir en tant qu’artiste, elle répondait : « je ne suis pas une artiste, je détourne les choses de leur fonction première, c’est tout »,
Elle mettra 16 ans à faire sortir de son atelier, son bestiaire fantastique…
Documentation : Extrait de « Structures 1963-1989 » par Huguette Cabot et photos des œuvres gentiment prêtés par son fils Thierry et sa petite fille Justine.
