C’est bien connu, « Les paroles s’envolent, les écrits restent ». Les images aussi.
À une époque où nos traditions camarguaises sont de plus en plus menacées et font l’objet d’attaques de la part d’animalistes radicaux et d’écologistes « hors-sol », les rassemblements populaires, festifs s’avèrent indispensables. L’hommage à Fanfonne Guillierme, la Grande Dame de Camargue, participe à cette communion autour du taureau et du monde de la bouvine.
En souvenir de cette belle journée, nous vous proposons quelques extraits des interventions de Jean-Paul Franc, maire d’Aimargues, de Béranger Aubanel, Vice Capitaine Nacioun Gardiano et Gabriel Brun, Assessour dòu Capoulié pèr Lengadò-Roussihoun.
Nous connaissons l’amour des manadiers pour leurs bêtes.
Statufier leurs meilleurs taureaux, comme c’est le cas ici, où Mademoiselle Fanfonne Guillierme chevauchant son cheval Prince, accompagnée de ses deux Biòu d’Or Segren et Galapian, n’est-il pas la preuve de cette reconnaissance et de ce respect pour nos biòu de Camargue ? Ces stèles permettent de ne pas oublier ces moments de gloire et de passion que ces grands cocardiers nous ont fait vivre.
Connait-on chez des éleveurs une profession qui permette aux seigneurs de l’arène d’être soignés et nourris dans le pays qui les a vu naître, et ce jusqu’au dernier souffle de leur vie.
C’est pour cela que nous sommes fiers de notre ruralité, et fiers d’y vivre.
Ne dit-on pas que nos traditions sont le ciment de nos racines perpétuées de générations en génération ?
Alors pour ce 34ème hommage à Mademoiselle Fanfonne Guillierme, il est important de rappeler notre attachement à nos traditions. Mademoiselle Fanfonne Guillierme a été statufiée ici, à Aimargues.
Son ancien buste a été déplacé aux écoles qui portent son nom. La maison de retraite également porte son nom, ainsi que l’un des boulevards principaux du village. Ces dénominations prouvent la reconnaissance portée à la Grande Dame de Camargue ici à Aimargues, mais également dans de nombreuses communes.
Fanfonne Guillierme a exercé sa passion jusqu’au crépuscule de sa vie, elle aura marqué plusieurs générations d’afecionas.
Aujourd’hui, à cette occasion, le peuple de Camargue venu en nombre, est là pour lui rendre hommage et rappeler que nos traditions sont fragiles, et qu’il faudra ensemble relever le défi à chaque fois qu’elles seront menacées et attaquées.
Vive la Pitchote Camargue Vive la Camargue
Vive la Prouvenço
Et vive nos traditions
Jean-Paul Franc
Madame Fanfonne Guillerme, que de souvenirs ressurgissent en ce jour de commémoration, vous êtes née le 31 octobre 1895, l’année de la création de la Manade Santenco, celle du Marquis, cette manade que vous avez accueillie à plusieurs reprises sur vos terres de Praviel, lors des grandes inondations du Vistre et du Vidourle. Je vous en remercie du fond du cœur.
Jeune Parisienne vous viendrez vous installer à l’âge de 9 ans sur Aimargues, terre de petite Camargue, terre qui vous a transmis la passion des Biòu et des Chivau, votre dextérité de cavalière et votre témérité à cheval vous permettront d’intégrer ce monde rude des gardians.
Viendra le temps de la création de votre manade en 1920.
Quelques années plus tard en 1926, vous assisterez à la création de notre célèbre croix de Camargue au côté de deux grands hommes, votre Ami Folco de Baroncelli et le poète Herman Paul. L’inauguration de l’emblème de la Camargue vous comblera et vous donnera l’envie de mettre votre empreinte sur ce Pays.
En 1968, vous ferez reconnaître aux Haras Nationaux la pure race de nos chevaux Camargue, en tant que descendant du marquis, je vous dis Gramaci Madame la Grande Dame, gramaci per vostre Fé !
Et puis, ce sera la reconnaissance en 1975 par notre gouvernement Français au grand rassemblement féministe, accompagnée de votre fidèle gardian Jacques Espelly, vous serez reconnue officiellement comme l’Ambassadrice de notre Camargue. Ce Titre honorifique pour une jeune Parisienne, vous l’avez mérité.
Toute votre vie, vous avez avec votre Fé, servi la Camargue, vous avez apporté à notre peuple la reconnaissance de nos traditions, de notre art de vivre !
Madame Fanfonne Guillerme, vous qui avez été Parisienne et qui êtes devenue la Grande Dame de Camargue, gramaci pour avoir parlé notre lengo nostro, cette lengo datant du 11ème siècle, cette lengo qui était parlée par le Royaume de France et le Comté de Provence, langue de la justice, des actes, des délibérations administratives et des chroniques.
Que vivent nos traditions, que Vive Aimargues et sa Grande Dame, que vive notre Camargue !!! Gramaci en touti !
Béranger Aubanel
Midamo e Messiés, car pople afeciouna de Lengadò e de Prouvènço, es un ounour pèr iéu d’èstre reçaupu au noum dóu Felibrige, en Eimargue, dins moun vilage natau que sara pèr sèmpre dins moun cor.
Vuei es un jour particulié, qu’avèn devé de i’èstre presènt, que coume cade an se recampan sus la plaço dóu castèu, noun pèr ounoura la castelano, mai pèr ounoura de tout noste èime e de touto nosto amo, la Grand Damo de Camargo, Misè Founfono Guillierme.
Elo qu’a tant oubra pèr li tradicioun nostro, se dèu revira dins soun cros, de vèire qu’après l’aubourado di Ficheiroun, la Bouvino ei toujour atacado e amenaçado pèr uno pougnado d’animalisto, qu’au noum dóu bèn-èstre animau, à si dire, nous faudrié enebi d’ùni pratico de Bouvino.
Li gènt de Bouvino soun de pau-parlo, que vivon emé si bèstio e amon pas li garouio, mai aqui s’agis d’apara uno tradicioun que nous vèn de nòstis àvi.
La Bouvino es uno tradicioun countinuouso despièi de siècle, que proudus uno grosso ecounoumìo, se parlo de cènt milioun d’éurò.
Em’uno uno raço equino e bouvino rustico, abalido en liberta, sènso àutri coustrencho que de manja e de se reproudurre.
La Bouvino es uno pratico unico au mounde…
Lou chivau e lou biòu camargue soun tambèn uno raço unico au mounde, alor pèr que noun sai li resoun vertadiero d’ùni pouliti, de vougué abouli aqueste patrimòni, se l’aparan pas sara la raço camarguenco que vai mouri.
Midamo e Messiés li contro, es acò que voulès, voulès escafa cènt milioun d’éurò d’ecounoumìo, estermina uno raço unico au mounde, abouli mai de cinq siècle de tradicioun, es acò que voulès ?
Nautre l’acetan pas e se batren tant que lou faudra.
Sian pas de gèns acoustuma di manifestacioun, mai quand nòsti tradicioun soun amenaçado sabèn se moubilisa pèr lis apara, en metènt tout noste estrambord e nosto afecioun au service de noste patrimòni culturau.
Midamo e Messiés pèr qu’aquesto journado s’acabo dins l’èime camarguen, venès is areno pèr assista à la cousso de la Manado Guillierme, beilejado di man de Mèstre pèr lou jouine Manadié Ubert Espeli.
Gabriel Brun