Leur effort a été récompensé par un magnifique paysage sur les pas de Jean Hugo. Depuis leur école Sainte-Thérèse à Lunel, soixante élèves ont bravé les 16 kilomètres à vélo sur le chemin de halage pour se rendre aux cabanes lunelloises de Marsillargues. A l’arrivée les attendaient Jean-Baptiste Hugo, fils du peintre et écrivain, à l’initiative de ce projet dans le cadre du projet de l’association M28 Terres de culture, ainsi que Anne-Marie Lefebvre, vice-présidente de l’association Les Amis du Canal, qui a commencé par raconter l’histoire des cabanes.
« Ici, ce n’est pas chez moi. La mairie a mis à disposition cette cabane délabrée à notre association. Nous avions le souhait de faire vivre le lieu qui était délabré et nous l’avons retapé mais la cabane ne nous appartenant pas, nous l’avons nommée « l’invisible ». Car elle n’existe pas ! Personne n’est propriétaire de ces cabanes. Ce sont des locations avec un bail.
Anne-Marie est accueillante et aime faire découvrir ce lieu préservé. Elle raconte l’histoire des cabanes qui remonte au Moyen-âge. « On a retrouvé des traces de droits féodaux mais jamais personne n’y a habité réellement. Il n’y pas d’eau ni d’électricité. Les cabanes étaient réservées aux hommes pour pêcher et chasser. Petit à petit, les gens se sont accaparé les lieux pour y vivre, c’est ce que l’on nomme « la cabanisation »… puis maintenant, les communes essaient d’inverser le processus au fur et à mesure que les résidents permanents disparaissent. »


Loin de leur salle de classe et des écrans numériques, les CM2 sont partis à la découverte des paysages du peintre. Comme lui, ils ont observé, fait des croquis, ramassé des plantes. Pour le fils de Jean Hugo, l’avenir de la culture passe par la transmission aux enfants. Il se régale de les observer avec leur spontanéité, leur curiosité et leur imagination. Il leur a posé le cadre avant que les différents groupes ne partent à la conquête du canal.
« Mon père a peint des tableaux des cabanes et du canal. Il marchait, des carnets dans sa sacoche pour les croquis. Il notait aussi ses observations sur les bateaux, les plantes, les oiseaux. Ce qui est important est sa manière dont il regardait le paysage et les lieux, c’est ce qui s’appelle habiter la terre en poète, s’émerveiller par tout ce que l’on voit, une grande curiosité. Ses carnets sont fascinants avec ses réflexions. Il ramassait des plantes, les collait. Important d’avoir cette attitude, Il y a aussi les sons, les odeurs, utiliser tous ses sens. C’est comme cela que l’on approche le paysage. C’est l’exercice que j’ai proposé à votre maîtresse. Sur les pas de JH peintre, poète et écrivain, être inspiré par celte attitude. »



Leur enseignante, Mochkan Armand, s’est réjoui de cette escapade. Elle tient à les sortir régulièrement. « Ils ne connaissent pas leur environnement naturel et ses richesses. Les balades permettent de retrouver leur spontanéité. » Le travail se poursuivra en classe avec trois ateliers pour réaliser visionner les tableaux de Jean Hugo, des maquettes de cabanes avec le plasticien Sébastien Simon et une belle restitution en perspective avec une exposition à la médiathèque en septembre.