En 1983, un jeune Cailaren, Dany Bantze, à la demande d’un conseiller municipal, Albert, pensait que le village avait besoin (et tout donnait à le penser) que l’on pouvait y organiser un évènement qui allait ensuite transformer le village en centre culturel des traditions camarguaises : la « journée à l’ancienne ». Lorsque l’idée était encore en cours de réflexion, les habitants du Cailar ont aussitôt adhéré à mettre en œuvre cet événement devenu un emblème pour les fêtes votives d’autres agglomérations. On part aux prés des Demoiselles, habillés comme jadis, en voiture ancienne, à pied, à vélo, et surtout en calèche. On y prend le déjeuner aux prés, vins et grillades compris. On se retrouve, on rit. La manade Aubanel reçoit sous la laupio près du bouaou, avec sa gentillesse habituelle. Les gardians discutent avec tout le monde. Les beaux habits resplendissent dans les prés, près des taureaux qui attendent d’être triés pour partir vers les arènes, précédés par ceux qui savent courir, mais surtout par les calèches remplies des participants aux merveilleux habits des années 1900.
Ce jeune homme qu’est Dany a entraîné plusieurs générations après lui, toutes avides de la tradition.
Et puis, pour le mardi 8 Août, on annonce encore un évènement jamais réalisé jusqu’à présent de bon matin : un concert d’un superbe artiste qui avait régalé déjà le village par un concert gratuit, avec seize musiciens sublimes, il y a 5 ans, un Suisse amoureux du Cailar, Stephan Eicher. Sur une scène improbable et incroyable au milieu des Près des Demoiselles, les taureaux dans le coin de tri s’échappant, rassemblés ensuite par les gardians, apparaît le premier groupe. Et cette première partie est menée par les Roulettes Polymères, ce magnifique groupe cailaren. Le leader est qui ? Sébastien Bantze, qui n’est autre que le fils de Dany !!! Mais bien sûr avec une équipe dont Numa Paulet, et bien d’autres. Il fait monter la température pour l’arrivée de Stephan. Celle-ci se produit, se présentant dans une barquet tout rose avec, à ses côtés, de bizarres flamants roses…. Ils syntonisent, ils plaisantent, et entament un concert de cette musique aux chants doux, caressant le public de plus de 3 000 personnes, ils enchantent. En fin de concert, instant magique, Stéphan Eicher donne feu vert aux gardians de la manade Aubanel d’ouvrir le portail du bouaou pour que s’élance l’abrivado, pendant qu’il joue le dernier morceau. Une abrivado avec énormément de participants.
Des journées qui resteront dans les annales du Cailar.
Paul-Edouard Despierres et René Barra
Photos : René Barra et Ram