Après un petit déjeuner offert par le club taurin Paul Ricard, une conférence, un échange, avant course s’est fait entre Raseteurs, Manadiers et Public.
Un échange intéressant qui a permis de découvrir à travers les questions posées une autre facette de ce monde qui appartient à la course camarguaise.
Joachim Cadenas remercie le public d’être venu. Avec Charly Zelphati, Président du club taurin Paul Ricard, organisateur, ils ont eu l’idée de faire cette conférence pour que le public puisse mieux connaitre la route et le chemin de chacun. Un temps de partage.
Jean Cabasse remercie raseteurs et manadiers venus perpétuer l’hommage à son père Fréderic Cabasse créateur du trophée des As à Fourques depuis 2015.
Présentation des personnes présentes : condensé de ce temps de paroles

Les manadiers
Manadiers, présentation de leur taureau de la course du jour et questions
Benjamin Bini, Manade Didelot Langlade
La manade Didelot a accolée le nom de Langlade qui est le nom de jeune fille de la Maman de Benjamin Bini, une passionnée des taureaux.
Lou Stoge ; Très régulier dans ses courses, gros barricadier ce qui fait sa force.
Pierre Vitou, Manade Saint-Léonard
Anciennement Manade Vitou, la manade a changé de nom et devient la Manade Saint- Léonard pour se différencier de ses frères qui ont crée d’autres manades et avoir une identité propre. C’est la première fois que la manade présente un taureau à Fourques.
Vargas rentre dans la cour des grand. Jeune taureau fantasque qu’il faut aider mais en devenir .
Guillaume Gillet
Cardinal, taureau d’expérience, avec placements, anticipations.
Manade Fournier, représentée par Mr Guéraud
Dantès, vieux taureau de 14 ans habitué aux arènes de Fourques, vaillant, il aura la charge de lancer la course.
Manade De Méjanes, anciennement manade Ricard
Reste à Paseo, le soin de faire son travail, à lui de montrer sa bravoure.

Réponses aux questions :
Les assurances :
Point noir du monde de la tauromachie, Monsieur Pierre Vitou en réponse assure que le préjudice n’est pas pour la course mais bien pour les manifestations, spectacles de rue qui génèrent des difficultés dans la gestion. Pour l’instant tout tient sur un fil, et la prudence est de mise.
Sauvegarde des Manades :
Il a été abordé aussi, la nécessité de sauvegarder les manades car elles sont un plus pour l’entretien du territoire. Ne jamais oublier que faire paitre les taureaux garde en état les parcelles sinon, le milieu naturel se dégrade et se referme sur lui-même. Les manadiers sont à ce titre les premiers écologistes. Tout est abordé sans produit chimique, simplement un défrichement de la terre par les bêtes.
Economie locale :
Le monde de la course Camarguaise génère une grosse économie locale qui fait travailler beaucoup de monde, manadiers, raseteurs, bars restaurants, marchands de chichis…comme le souligne Emeric Assenat. Sans les courses, les spectacles de rue, etc … que deviendraient les manades alentours ? Seraient-elles portées à disparaitre ? …
Traditions :
Les capelado gardent les traditions d’une région. À chaque course, Arlésiennes, Arlésiens, Peña, contribuent à ancrer en son territoire un passé dans le présent. Elles apportent un plus non négligeable à la course, faisant découvrir les traditions, costumes de ce territoire.
Public :
Chacun est attentif à un public qui contribue aussi à la sauvegarde de la course camarguaise, par sa présence, sa contribution à la vie locale. Il faut continuer à apporter à ce public ce qu’il est venu chercher pour que les arènes ne désemplissent pas.
Les raseteurs
Raseteurs : Présentation, questions
Pourquoi être raseteur ? Revanche de la vie face à la mort. Préparation physique…
Joachim Cadenas
Tombé tout petit dans le chaudron de la course camarguaise avec une dévotion particulière pour le taureau, Joachim Cadenas se sent imprégné du taureau et pour lui c’est une évidence que d’être raseteur. La peur, la mort, la vie font partie intégrante de cet Art ! Car c’est un art moins un sport. Non encadré par un coach sportif, les entrainements se font au gré de chacun. Il faut une grande force morale pour appréhender le face à face, car comme il est dit ; l’homme reste humain, avec ses envies, ses peurs, ses forces, ses échecs.
Son taureau de cœur est Jupiter, les émotions qu’il lui a procurées restent gravées en lui.
Joachim Cadenas a grandi à Mas Thibert mais son village de cœur est Fourques.
Créée par Fréderic Cabasse, cela fait 10 ans que le village maintient sa course aux As. Joachim Cadenas a grand plaisir à continuer avec ses amis raseteurs à vivre des moments forts.
Vincent Félix
Tout naturellement, s’engage dans le parcours de raseteur puisque son grand-père, son père ont été raseteurs. Ses parents créent une manade, et tout s’enchaine, passion du taureau, passion d’être manadier, passion tout simplement.
Pour Vincent Félix, l’entrainement physique se fait au gré de sa volonté. Y inclure le moral qui est la base essentiel à la volonté de raseter.
Bohémien reste son taureau fétiche malgré son coup de corne qui l’a mis à mal.
Antoine Charrade
Après quatre ans d’absence, il revient en piste. Arrivé tard dans la course camarguaise, il met l’accent sur sa peur du taureau, peur comme il dit qui le terrorisait. L’affronter lui a permis de se libérer et de s’ouvrir au respect. Antoine Charrade se sent libre face au taureau, une sensation qu’il ne retrouve nulle part ailleurs et une grande émotion se fait au fond de lui dans l’affrontement. Il met aussi l’accent que le raseteur n’est qu’un être humain avec ses fragilités et ses forces.
Emeric Assenat
Originaire de la Grand Combe, il n’était pas porté à aller vers les taureaux et vers la course camarguaise. À 20 ans, il s’engage, et s’implique dans un art qui lui convient avec passion.
Amaury Cadenas
Suit indirectement les traces de son frère Joachim, blessé, il se teste à la corrida mais revient à ses amours premières la course camarguaise. Nouveau à l’avenir, il affronte pour la première fois en piste une catégorie de taureaux supérieurs dans une course aux As.
Charly Zelphati
Plutôt porté vers les chevaux, il ne découvre vraiment la course que vers ses 18 ans où il s’implique avec envie et passion.
Benjamin Bini
Raseteur puis manadier, il reste en lui une pointe de nostalgie quand il reparle de sa passion d’avoir été raseteur. Liberté, émotion que rien d’autre ne peut faire revivre. Sensation unique, sensation que seuls les initiés peuvent comprendre. « Profitez ! le temps de la course est si court ».
La course est un défi, face à la vie, face à la mort, mais rien n’entrave leur résolution à se mettre en piste. L’approche de chacun est différente, mais se résume pourtant, à se faire connaître, à appréhender l’autre, à se défier et à défier. Pas de vraie préparation physique, mais un besoin de se surpasser, toujours aller plus loin. Ce n’est pas un sport, mais un art. Tout est relatif quant à appréhender cet art, malgré le risque encouru. Rien n’est évident, rien n’est acquis.
Parfois il est demandé aux raseteurs plus qu’ils ne peuvent donner. La condition physique, le moral peuvent fragiliser le raseteur. Le public est parfois exigeant, les voulant parfaits mais les blessures non visibles du corps (coups, douleurs…) et les blessures de l’âme ne sont pas révélés au public qui les pense surhommes mais qui ne sont en fait que des hommes.
Un beau tour de table, un beau partage, un agréable moment à découvrir des hommes que le public côtoie si peu.
Photos : Emile Martinez « Miloulila F’An D’y Biou »





